2. SENSATION NOCTURNE

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Le soir même. 03:30
Brooklyn, NY.

EDEN

L'air qui jaillit de ma fenêtre entrouverte s'écoule sur mon corps trempé par des bouffées de chaleur intense. Allongés dans mon lit, mes yeux restent clos. L'air frais contraste avec ma peau brûlante de parcimonie. Mon cerveau me joue des tours comme dans un rêve lucide. Pourtant, j'entends le tintement des klaxons et les voix railleuses des passants en bas de mon immeuble.

Mon corps pivote et je geins, enfonçant mon visage trempé sur mon oreiller.

Je sens une bonne odeur, elle paraît lointaine. Cette senteur boisée et masculine retrousse mon nez. Les yeux toujours clos, j'humecte mes lèvres et pivote encore. Maintenant allongée sur le dos, ma respiration devient saccadée. La fatigue m'empêche d'ouvrir les yeux, pourtant un mauvais pressentiment s'empare de mon corps : une sensation singulière qui laisse mon cœur s'emporter dans un battement déchainé.

Ma joue est prise par un courant électrique sous cette impression d'un long touché. Cette odeur persiste et j'entrouvre les lèvres, toujours plongées dans mes pensées les plus lointaines. Le visage du mystérieux inconnu traverse mon esprit, mais c'est comme s'il était embrumé.

Je l'imagine sans réellement le voir.

Mes mains agrippent mes draps de lavande. Mon fantasme, juste devant mes yeux, touche la peau de mes hanches moites par la chaleur qui consume mon corps. Son visage est toujours imperceptible, mais je peux presque entendre sa respiration.

— Je peux ? entends-je

Cette voix ne m'est pas familière.

Mon corps répond pour moi, hochant la tête spontanément, en ressentant un besoin obstrué par mon désir.

— Oui.

Les mains s'arrêtent juste en bas de ma poitrine, un soupir me parvient et je coince mes lèvres entre mes dents. Cette respiration qui n'est pas la mienne est toujours audible et maintenant elle devient une perception tactile, s'écoulant sur la peau de mon ventre qui monte et descend à la convenance de ma respiration précipitée.

Deux lèvres pleines viennent déposer un baiser à la commissure de mon nombril, je halète et bascule la tête en arrière à la sensation d'une langue chaude qui joue avec ma peau et persécute mon ventre par des milliers de frissons.

Ça paraît tellement réel.

Un léger soupir de plaisir s'évapore d'entre mes lèvres. Le visage du tueur n'a pas quitté mon esprit. Mes mains qui empoignent mes draps lâchent leurs prises.

Doucement, je les amène à mon abdomen. C'est comme si je pouvais le toucher. Mes doigts arpentent ses biceps, la sensation de ses muscles bandés sous mes doigts est dangereusement excitante. Ses lèvres me procurent encore des milliers de frissons, sans toucher mes seins, il les contourne, laissant place à une frustration immense qui cogne dans mon bas ventre.

Le parcours de mes doigts passe de ses bras à sa nuque. Avant que je n'aie le temps d'entremêler mes doigts à ses cheveux, sa tête se redresse tandis que mes bras reviennent se placer le long de mon corps.

Une de ses larges mains coincées sur ma hanche passe d'une délicatesse exquise au milieu de ma poitrine. Je lâche un gémissement intense et plaintif, sentant des doigts serrer la fine peau de mon cou.

Le brouhaha de Brooklyn en pleine nuit semble lointain dès lors qu'un râle rauque s'immisce à mes oreilles avant de sentir l'air qu'émet sa fuite.

D'un bon, je me lève promptement. Un sentiment de honte m'oppresse. Je réajuste mon débardeur monté jusqu'à ma clavicule et passe mes mains sur mon visage en analysant les environs vides. Ma chambre est éclairée par la fenêtre maintenant grande ouverte.

PAPILLON [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant