10. CONVOITISE

2.6K 101 90
                                    

EDEN

Toujours assise sur ma chaise, je tends quelques œillades dissimulées sur Giovanni et Gabriele. Leurs regards atterrés me soufflent profondément à l'oreille que nous avons été repérés.

Le diamant brodé sur leurs vestes me donne des coups de poignard dans le ventre et la peur s'amuse avec mes pensées. Les triplés me regardent par la suite. Leur moue amusée de la situation me pousse à me pencher vers Pietro, debout à côté de moi.

Je ne le sens pas respirer, ses muscles sont détendus. Aucune surprise ne traverse sa rétine plutôt blasée par la situation. J'ai l'impression qu'on vient simplement de le déranger et le contexte en devient presque ironique.

— On te laisse une chance, gueule d'ange. Tu sais très bien que tu ne feras pas le poids, souffle l'un d'eux au fort accent italien.

Le mafieux ne cille pas d'une traite. Bien au contraire, il tente d'attraper quelques frites encore chaudes dans ma barquette avant de les mâcher avec une nonchalance effrontée.

Aussi, son rire non conventionnel bourdonne d'une mauvaise manière dans mes oreilles. Il se paie leurs têtes comme si leurs mots ne valaient rien à ses yeux.

— Je ne fais pas le poids ? demande-t-il avec ironie. C'est ce que vous vous dites la nuit pour roupiller tranquillement ?

Leurs cheveux blonds, tombant maladroitement sur leurs visages, cachent leurs traits emplis par la surprise.

— Pauvre connard ! s'écrit l'un d'entre eux, faisant taire toute la salle. Tu paieras pour toutes tes mauvaises décisions. La dolce coulera toujours dans tes veines. Personne n'est au-dessus des lois chez nous et celle que tu as rompue te coûtera cher.

Le blond du milieu me regarde sérieusement.

— Arrête de vouloir défier Andréa. Ça devient ridicule, Pietro.

Le triplé numéro un, avance en me lorgnant tel un objet de sa convoitise. J'ai un spasme qui me relève par instinct.

Personne ne touche à son assiette. Sans me retourner, je peux sentir que le serveur est parti se réfugier quelque part. Les quelques clients présents et leurs discussions environnantes ne sont aucunement perceptibles dorénavant.

Leurs pas, claquant à la hâte vers la sortie, m'arrachent une respiration lourde que je n'arrive pas à dissimuler. La curiosité des humains a toujours été remplie par un vice sombre. Une tierce personne pourrait regarder une autre se faire agresser sans pour autant lui venir en aide tant que sa propre sécurité n'est pas remise en cause.

Les hommes qui se frotte à moi quand l'aubaine du "métro bondé" tombe comme un miracle pour eux.

Voir tous ses individus partir comme si leurs vies en dépendent simplement pour un ton virulent est irrémédiable.

La curiosité s'estompe quand la question d'une vie est mise en jeu.

L'un des frères a sorti son arme à feu, souriant plus considérablement à chaque fois qu'une personne franchit le seuil de la sortie sans manquer de tomber.

— Andréa ne veut pas qu'on la tue tout de suite, nous siffle celui du milieu. Si tu rends les choses plus faciles, je peux lui ôter la vie maintenant. Ça vaut mieux pour elle, tu le sais très bien.

Les jumeaux sont partis et Niccolo est introuvable.

Mon dos entre en contact avec le comptoir sans émettre aucun mouvement brusque. C'est la deuxième fois en moins de quelques minutes que je me retrouve devant une arme à quelques centimètres de mon visage.

PAPILLON [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant