2.21. TOC TOC TOC.

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EDEN

Pietro est parti tellement vite que je l'ai perdue à la minute où il est sorti de cette maison. J'ai les poumons qui s'atrophient à chaque respiration. Courir sous cette chaleur devrait être interdit.

Je divague entre toutes ces maisons qui se ressemble en faisant abstraction aux personnes qui me regarde dans leurs jardins. Toutes ses femmes me font penser à ma mère qui lorgnait chaque individu qui passait dans notre rue. Elle, avait la décence de toujours avoir un sourire et un bonjour formel sous le coude.

Au loin, j'entends des gamins chahutés et j'aperçois une sorte de parc vert avec des jeux en pleine aire. En me rapprochant, je le vois, assis sur une balançoire en contemplant une bande d'enfants en train de jouer.

— Tu sais, un adulte sans enfant apparent dans un parc c'est un peu louche, lui fais-je remarquer, aussitôt arrivé vers lui.

Il ne lève pas la tête pour me laisser entendre que ma blague peut le dispenser de sa peine un bref instant. La tristesse dans mon ventre s'intensifie.

— Va dire ça à Tito et son camion qui contient d'autres choses réfrigérées que de la glace.

Je m'assois sur la balançoire voisine. Le regarder bouger de quelques centimètres à l'aide de ses pieds rend l'atmosphère morose. On en oublierait presque l'été et cette île ensoleillée.

— Ça va aller, tu sais.

Son maigre sourire en regardant le sol m'intime du contraire.

— T'es vraiment sûr de ça ?

Je reste dubitatif. Les chaînettes en acier me font mal aux mains à cause du soleil corrosif. J'essaie de le regarder sous ses rayons lumineux, mais c'est pénible.

— Je me souviens que c'était la même chaleur lorsque je t'ai vue pour la première fois, oblique-t-il sans me regarder.

J'ai un rictus qui s'étire.

— Sur une balançoire, complété-je.

— Ouais...

Il prend une grande inspiration par la suite. Les gamins jasent en riant devant nous. J'ai l'impression qu'ils font un remake de Police/ Voleur.

J'adorais jouer à ce jeu avec Ethan et quelques enfants qui faisaient partie du voisinage. J'étais toujours policière, essayant d'attraper les autres pour les mettre en prison.

— Je me demande si ça aurait totalement marché entre nous, si notre rencontre aurait été moins...

— Criminel ? complète-t-il, échangeant nos rôles.

J'opine, les yeux droits devant le toboggan, initialement changé en cellule carcérale par des gosses en pleine descente.

— Ça marche entre nous. Tu ne trouves pas ?

L'air s'épaissit lorsque j'entends de l'attente dans sa voix.

— Oui, mais... Ce n'est pas voué à être bon. C'est paradoxal.

— Paradoxal ?

Je me retourne vers lui alors qu'il me contemple déjà avec ce même sourire qui me donne envie de crier au monde à quel point je suis devenue éperdument amoureuse.

Je la sens cette chaleur. En aucun cas, des rayons du soleil qui nous soumettent. Mieux, celle qui réchauffe mon cœur.

— L'atmosphère dans laquelle on s'est connu est contraire à pouvoir évoluer sainement. Mais, on aimerait tous les deux défier cette logique.

PAPILLON [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant