Chapitre 3 : Deux Mutabbaqs

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Djeddah, mars 2022.

Maxime et Adèle arrivent ensemble à l'aéroport. Dès leur arrivée dans le terminal, une horde de paparazzi les attend. Adèle essaie de ne pas penser aux rumeurs qui doivent déjà courir sur leur compte et avance rapidement en tirant sa valise. Ils s'engouffrent dans un taxi et traversent la ville. Elle est encore à moitié dans le brouillard quand il s'arrête devant l'hôtel de Shangri-La Jeddah.

— Tu passeras me voir ? demande Max alors qu'elle s'apprête à sortir.

— On va se voir toute la semaine, lui rappelle Adèle.

— En dehors des courses, précise-t-il.

— J'ai pas envie d'être vue entrer dans ton hôtel...

— Tu crois que c'est mieux qu'on se retrouve dans un restaurant ? Ça donne pas l'impression qu'on travaille...

— Peut-être, mais au moins ça ne donne pas l'impression qu'on couche ensemble.

— Comme tu veux, cède Maxime. On se voit demain matin ?

— Tu n'as pas de préparation physique ? s'étonne l'ingénieure.

— Si, mais très tôt. Je la fais à jeun.

— D'accord, on peut se retrouver à dix heures.

Elle lui sourit quand il embrasse sa joue et sort du taxi pour entrer rapidement dans l'hôtel. Elle s'arrête en voyant Thomas à la réception. Il se tourne vers elle mais son regard s'attarde sur la grande porte vitrée. Il reconnaît Max à travers la vitre du taxi et son front se plisse.

— Mademoiselle Marne, la salue-t-il avec la mâchoire verrouillée.

Elle ne sait pas comment répondre, agacée qu'il l'appelle encore par son nom de famille alors qu'il est beaucoup plus familier avec les autres ingénieurs.

— Vous pouvez m'appeler Adèle, l'informe-t-elle en avançant jusqu'à lui.

Il se déride face à son aplomb et prend la clé que l'hôtesse d'accueil lui tend. Pendant un instant, Adèle a même l'impression que ce bras de fer lui plaît.

— Toute l'équipe loge ici ? demande-t-elle pour essayer d'avoir un semblant de conversation avec son patron.

— Tous ceux qui le souhaitent, explique-t-il en s'éloignant. Bonne soirée, Adèle.

Elle sent un frisson lui remonter la colonne vertébrale lorsqu'il prononce son prénom et se concentre sur autre chose pour se débarrasser de cette sensation. Elle récupère sa clé et marche en direction de l'ascenseur. Elle sent son cœur se serrer en voyant les deux hommes qui attendent que les portes s'ouvrent. Thomas Howling et Heldrick Stein échangent des banalités en attendant de pouvoir monter jusqu'à leur étage. Se retrouver enfermée dans l'ascenseur avec ces deux-là n'est même pas imaginable. Adèle repère la cage d'escaliers et s'engouffre dedans, montant les marches deux à deux pour pouvoir les éviter. Thomas est déjà assez désagréable, mais Heldrick est pire que lui à bien des égards. Elle se retrouve au cinquième étage, le souffle court, et parcourt le couloir en cherchant son numéro de chambre. Elle s'arrête en voyant Thomas entrer dans la chambre cinq cent vingt deux. Elle baisse les yeux vers son badge. Cinq cent vingt trois. Elle déglutit et il se tourne vers elle en entendant ses pas sur le carrelage noir du couloir. Elle marche jusqu'à la porte de sa chambre et il sourit imperceptiblement en la voyant s'arrêter juste à côté de lui.

— Au moins j'aurais un œil sur vous, lui dit-il en la jaugeant. Stein m'a dit de rester vigilant.

— Il ne sait pas de quoi il parle, s'empourpre Adèle.

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