Chapitre 5 : Plan B

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Imola, avril 2022.

Lorsqu'elle arrive dans le hall de l'hôtel, Adèle n'a pas décoléré. Elle a essayé, vraiment, pendant sa pause, elle a pris tout le recul qu'elle pouvait, mais elle est encore énervée contre son patron. En temps normal, elle aurait profité des sublimes forêts d'Imola pour se vider l'esprit, mais elle est trop tendue pour sortir. Elle monte à l'étage de sa chambre et entre dedans. Elle range ses affaires dans les placards et s'allonge sur le lit moelleux. Elle commence à somnoler quand une voix familière lui donne l'impression d'halluciner.

— Et qu'est-ce que j'y peux ? s'agace la voix étouffée par le mur de Thomas Howling. D'accord, dis lui que je le verrais demain matin, et qu'il se calme. Je ne vais pas supporter ses coups de sang.

Elle soupire en comprenant que son patron est dans la chambre juste à côté de la sienne. Elle se lève et attrape son téléphone pour voir si Maxime lui a envoyé un message. Il est resté muet pendant les deux semaines qui ont suivi l'accident. Elle décide de lui écrire.

— Salut Max ! Je sais que tu as vécu quelque chose de difficile mais il faut qu'on se voit... Tu ne peux pas rester sur un échec.

Elle n'attend pas de réponse immédiate et décide de consulter la carte du room service pour combler sa faim avant d'aller se coucher. Elle passe commande et ouvre la porte vitrée du balcon pour faire entrer un peu d'air. Se retrouvant en face du soleil couchant sur la forêt, elle ne peut s'empêcher de s'asseoir un peu dehors pour le regarder. Elle entend un soupir depuis l'autre côté du balcon et une odeur de cigarette vient lui chatouiller les narines. Elle tourne la tête et, à travers l'espace entre le mur et la cloison qui sépare les chambres, elle aperçoit les courbes d'un flanc nu. Une main vient se baisser le long, une cigarette coincée entre les doigts et elle reconnaît Thomas à sa montre. Sa curiosité l'incite à le regarder silencieusement. Une part d'elle a envie de comprendre cet homme détestable. Qu'est-ce qui peut bien le pousser à se comporter de cette façon ? Elle s'approche de la cloison et le voit appuyé contre le mur, les cheveux en bataille et le torse nu. Il fume lentement, le regard perdu dans le vide et ne la remarque même pas. Il se penche en avant pour attraper un verre de whisky qu'il avale d'une traite, ne laissant qu'un glaçon solitaire au fond. Elle se surprend à le trouver séduisant, même si elle meurt d'envie de lui hurler des insanités au visage. Si seulement il pouvait être toujours aussi silencieux. Elle l'observe jusqu'à ce qu'on toque à sa porte. En se levant, elle fait grincer sa chaise, faisant tourner la tête de Thomas qui ne la voit que de dos par la même ouverture. Il la reconnaît aussi et l'attend. Il sait qu'il a dû provoquer en elle une colère immense et cette idée lui plaît. Sans savoir exactement pourquoi, il aime qu'elle ressente des choses intenses par sa faute. Elle revient et pose son plat de pâtes sur la table du balcon. Il laisse ses yeux dévaler ses ondulations rousses, l'odeur du shampoing d'Adèle venant presque jusqu'à lui. Elle tourne la tête, et il constate qu'elle s'attendait à le voir. Il comprend qu'elle avait remarqué sa présence avant lui et se tourne face à elle, dévoilant son torse musclé jusqu'en bas du ventre, son pantalon de costume descendant plus bas sans ceinture. Il voit son visage pâle virer au rouge et ne peut s'empêcher un sourire.

— Bon appétit, lui lance-t-il avec détachement.

— Tu es la dernière personne avec qui j'ai envie de partager un repas, réplique-t-elle froidement.

Une pointe d'excitation le traverse en sentant la colère de son employée.

— Tu m'en veux, c'est ça ?

— Je... commence Adèle avant de soupirer. Je veux manger tranquille.

Thomas se sert un verre de whisky et hoche la tête mais il reste debout près de l'espace qui lui permet de la voir. Il sent qu'elle devient de plus en plus rouge à mesure qu'il la fixe et se mord la langue, espérant qu'elle explose.

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