Red Flag

Chapitre 14 : Juste une fois de plus

Budapest, juillet 2022.

Kevin laisse passer Adèle devant lui pour entrer dans le jet privé qui doit les conduire à Budapest. Elle monte les marches, redoutant de s'enfermer avec lui pendant plusieurs heures alors qu'il a été glacial sur le trajet. Elle essaie de se convaincre depuis lundi matin que ce qu'elle a vécu avec Thomas après la soirée sur le yacht n'a pas existé. C'est impossible. Ils ne sont pas allés dans sa chambre. Il n'ont pas passé la nuit à s'embrasser, l'un dans l'autre sans être capables de se lâcher. Pourtant, les cernes violettes sous les yeux de la jeune ingénieure semblent se donner la mission de ne pas la laisser oublier qu'elle n'a pas dormi avec Thomas. Elle est partie si vite quand il s'est endormi qu'elle n'a même pas récupéré toutes ses affaires.

— Tu veux boire quelque chose ? demande Kevin en s'installant à côté d'elle dans le fauteuil.

— Un grand verre d'eau au citron, s'il te plaît.

Elle force un sourire pour le rassurer mais sa mâchoire reste complètement verrouillée. Il demande à l'hôtesse de leur apporter et passe un bras autour de sa petite-amie pour l'attirer contre lui.

— Tu ne m'as pas répondu hier soir, commence-t-il. Tu étais où ?

— Avec l'écurie, on a fait la fête. Écoute, je suis désolée Kevin mais je n'avais plus de batterie...

— Mon premier appel a sonné, affirme-t-il.

— Je sais, s'empresse-t-elle de répondre, et mon portable s'est éteint quand j'essayais de décrocher.

Il observe le visage d'Adèle un moment, ses grands yeux gris suppliants lui intimant silencieusement d'arrêter de lui faire des reproches.

— T'étais avec Maxime ? continue-t-il pourtant, ne voulant pas se laisser attendrir.

— Il était là, on fêtait sa victoire, se justifie Adèle en venant mettre son visage plus près de celui de Kevin. Il était de son côté et moi du mien. Tu sais très bien qu'on fait semblant de bien s'entendre pour les caméras, on se parle à peine en dehors.

Le finlandais laisse échapper un soupir. Il sent qu'Adèle lui glisse entre les doigts depuis qu'ils se sont remis ensemble. Elle souffle le chaud et le froid sans cesse.

— Tes parents l'adorent, ajoute Kevin.

— Ils ne savent pas tout. Je ne leur ai pas parlé des disputes avec lui, de ce que je ressens pour toi et à quel point tu as changé... explique-t-elle. Je n'ai pas encore eu le temps, c'est compliqué pour eux. Et puis, nos retrouvailles sont encore fraîches... Je ne veux pas me précipiter.

— Tu as peur que je te trompe encore ?

Elle se redresse, se détachant de son emprise, et dirige son regard vers l'extérieur pour qu'il ne puisse pas y lire ses mensonges.

— Tu l'as fait une fois... dit-elle après un court silence. Il me faut du temps pour te faire entièrement confiance.

— Mais quand on en a parlé, tu...

— Parce que je t'aime, j'ai envie d'y croire.

Elle se tourne pour l'embrasser, espérant mettre fin à cette discussion éreintante.

— Maxime n'est pas un problème, le rassure-t-elle encore.

Contrairement à Thomas, mais elle n'arriverait pas à le dire à haute voix, même seule dans une pièce. Une part d'elle est très satisfaite d'avoir trompé Kevin à son tour, mais le moment de lui dire n'est pas encore venu. Elle veut attendre de le détruire sur les circuits avant de briser son cœur. Le visage du jeune homme change en comprenant qu'elle a besoin qu'il lâche prise.