Chapitre 4 : Souffle mentholé

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Melbourne, avril 2022.

Adèle est arrivée avec Maxime en Australie et ne s'en est pas cachée. Sa semaine de pause lui avait permis de faire le deuil de son image. Elle était rentrée dans sa famille dans le sud-ouest de la France, accueillie à bras ouverts par un papa fier comme un coq de voir sa fille décrocher deux podiums d'affilés avec un pilote. Il avait insisté pour que Maxime vienne dîner. Eric était soufflé par les performances du jeune breton et tenait absolument à le rencontrer. Alors, avant leur départ pour l'Australie, il était venu la rejoindre. Adèle et Maxime avaient préparé un barbecue dans le jardin des Marne. Olivia, en bonne maîtresse de maison, avait d'abord refusé que l'invité s'occupe de quoi que ce soit, mais c'était sans compter sur l'insistance du jeune homme qui ne voulait pas rester à rien faire. Depuis ce repas, Maxime et Adèle avaient un lien presque fraternel et elle ne voulait pas laisser Thomas le gâcher. Adèle retient un sourire en entrant dans la chambre d'hôtel de Maxime. Après le sale coup de Thomas au dernier Grand Prix, hors de question qu'elle lui obéisse. Les autres veulent parler de leur prétendue relation ? Qu'ils se fassent plaisir. De toute façon, sa réputation était faite au moment où elle a jeté son casque la saison dernière. Kevin n'a pas pu s'empêcher de raconter des salades à tout le monde, et la parole de l'enfant prodige a été bue goulûment par tout son entourage.

— Bienvenue dans mon humble demeure, lui dit-il en s'écartant pour lui laisser voir l'intérieur de sa suite.

— C'est sympa, commente-t-elle. Ça te ressemble bien.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? plaisante-t-il en avançant pour s'asseoir dans le canapé.

Elle se tourne vers lui et lui sourit. Ne plus se mettre de limite la libère d'un poids indescriptible.

— J'ai l'impression d'être dans la chambre d'un petit frère que je n'ai jamais eu, avoue-t-elle avant de s'asseoir à côté de lui.

— Tes parents ont déjà l'air de m'avoir adopté, en tout cas, ajoute-t-il avec un sourire satisfait.

— Mon père est dingue de toi.

— Je sais, et il est vraiment doué. Pourquoi tu ne m'as pas dit qu'il était mécanicien ?

— Je n'aime pas avoir l'air pistonnée.

— Pas de ça avec moi, répond-il en secouant la tête.

Il étend ses jambes et laisse échapper un bâillement bruyant. Adèle penche la tête en arrière et l'imite par instinct, fatiguée du voyage. Ils somnolent un moment avant que le réveil d'Adèle se déclenche. Elle se lève et secoue Maxime pour le réveiller. Il ouvre les yeux avec un air suppliant.

— Déjà ? demande-t-il.

— Allez, sinon on va se faire gronder par Howling.

— Tu ne l'appelle pas Thomas ? s'étonne Max en retirant son t-shirt pour enfiler le polo de son écurie.

— Seulement quand je m'énerve contre lui, faut croire, répond Adèle en haussant les épaules.

Elle ajuste le col de son polo et ils sortent de l'hôtel ensemble. Une conversation s'arrête et plusieurs ingénieurs de Stein motors à quelques mètres de là se tournent vers eux. Après quelques secondes suspendues, ils s'écartent, révélant Kevin, comme pour le laisser voir Adèle et Maxime. Il plisse les yeux avant de tourner les talons pour s'éloigner rapidement, suivi par son nouvel ingénieur de course. Un bruissement scandalisé parcourt le groupe qui ne semble pas capable de les quitter des yeux. Adèle leur fait un signe de tête en souriant pour saluer ses anciens collègues, ne voulant pas leur montrer que la situation lui pèse.

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