Chapitre 9 : Drapeau rouge

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Bakou, juin 2022.

Maxime arrive tôt sur le circuit, voulant être là avant que la température ne devienne insupportable. Le vent est déjà plus chaud que la température de l'air et il sait qu'avec le bitume omniprésent, ça ne s'arrangera pas. Il est le premier arrivé et, naturellement, les journalistes le rejoignent sans attendre. Il accepte de s'asseoir avec un français qu'il voit souvent.

— Alors, comment te sens-tu pour cette course ? lui demande l'homme en lui tendant le micro.

— Je suis plutôt confiant, commence le pilote en souriant. On a fait une super performance à Monaco et je sens qu'on est sur la bonne piste.

— Justement, est-ce que tu peux expliquer pourquoi tes résultats sont en dent-de-scie ?

— C'est ma première saison chez Haug, expose Maxime. J'ai tellement à apprendre et il a fallu qu'on travaille sur la stratégie et la voiture pour atteindre ce niveau. Des fois, j'étais en confiance, et d'autres moins, mais c'est surtout le temps de trouver mes marques.

— Je vois... Et ça n'a rien à voir avec ton ingénieure de course ? tente le journaliste. La rumeur d'une relation avec toi puis Kevin Indrelsën a l'air de mettre la pagaille dans...

— Je ne parlerais pas de choses personnelles, le coupe Maxime en se tendant. Ce genre de choses n'a pas sa place pendant un weekend de course.

— Ça a une influence pourtant, non ? insiste le journaliste.

— On va s'arrêter là, impose le pilote en se levant.

Il voit Kevin au loin et le montre au journaliste.

— Allez lui demander, si vous voulez des informations, le cingle Maxime. Je sais qu'il aime exposer sa vie privée.

Il se débarrasse de lui avec cette dernière phrase et s'éclipse pour rejoindre le bureau de Thomas. Il trouve son patron concentré sur son ordinateur. Il entend à peine le pilote lorsqu'il s'installe face à lui.

— Bonjour Thomas, le salue Maxime en retirant sa casquette.

— Ah, bonjour Maxime, répond le patron en détachant ses yeux de l'écran. Tu as fait bon voyage ?

— Je suis encore un peu crevé, avoue-t-il avec un léger sourire.

— Tu pouvais venir plus tard...

— Je n'arrivais pas à dormir, se justifie le pilote. Tu comprends mon problème ?

Thomas hésite à révéler à Maxime pourquoi il est là si tôt lui aussi. C'est sûrement le même couple qui les prive de sommeil.

— J'ai le même soucis, confie Thomas dans un sourire. Il fait une de ces chaleurs...

— Oui, même avec la climatisation. J'en suis presque à rêver d'un bain d'eau glacée.

— Ne t'en fais pas, tu y auras le droit !

Il provoque un rire complice chez son patron qui ferme son ordinateur avant d'observer le pilote. Il ne connaît que trop bien le poids qu'il a sur les épaules. Cette pression qui a fait céder tant de pilotes avant lui pour les mettre à la retraite prématurément. Il s'inquiète devant cette paire d'yeux fatigués, se demandant s'il est assez solide pour cette vie.

— Comment vis-tu la pression en ce moment ?

— Bien, très bien, s'empresse de répondre Maxime en se redressant. Je gère.

Thomas pince les lèvres, pas vraiment satisfait par cette réponse hâtive.

— J'ai fait de la compétition, je sais à quel point c'est difficile, avoue le patron. Tu es à un niveau qui ne pardonne pas l'erreur...

Red FlagOù les histoires vivent. Découvrez maintenant