Chapitre 13 : Le café caramel

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Le Castellet, juillet 2022.

Adèle laisse l'eau glacée lui couler dessus un bon moment, essayant de chasser par tous les moyens ce qu'il s'est passé à Spielberg. Malgré une semaine de vacances dans sa maison d'enfance avec ses parents, elle n'arrive pas à se débarrasser de l'empreinte des mains de Thomas sur sa peau ni de la sensation de honte de s'être enfuie juste après. Elle doit se reprendre aujourd'hui, même si elle compte tout faire pour éviter son patron.

— Adèle, on va être en retard ! s'agace son père derrière la porte de la salle de bain.

— J'arrive !

Elle s'empresse de couper l'eau pour se sécher et enfiler une robe. Elle ne travaille pas vraiment aujourd'hui, mais son père a insisté pour qu'elle leur fasse visiter les paddocks du circuit du Castellet.

— Allez, ça nous rappellera des bons souvenirs ! avait-il insisté. T'étais pas plus haute que trois pommes la première fois que je t'y ai emmené.

Elle se maquille légèrement et sort de la salle de bain en trombe. Ses parents sont déjà prêts, devant la porte d'entrée. Elle attrape son sac à main et se laisse guider par leur empressement jusqu'à l'arrière de la voiture familiale, une Stein sortie dix ans plus tôt et qui commence à sentir les affres du temps malgré le soin particulier que son propriétaire lui porte. Après plusieurs heures de route, Adèle lui donne son badge pour qu'il puisse accéder au parking du circuit. Il entre, fier comme un coq, et se gare à côté de la voiture la plus prestigieuse qu'il trouve. En sortant de sa vieille Stein, il détaille la voiture de luxe voisine.

— C'est de la belle mécanique, commente-t-il avant de suivre sa fille jusqu'au portiques.

Ils les passent après une fouille de routine et elle les guide jusqu'aux paddocks. Kevin les voit passer et leur emboîte le pas.

— Eric ! Olivia ! s'écrie-t-il en trottinant derrière eux. C'est un plaisir de vous revoir !

Ils s'arrêtent et lui adressent un sourire poli et crispé. Eric lui serre la main sans conviction.

— Un plaisir, oui, tique-t-il avant de lui tourner le dos pour progresser en direction de Haug racing.

Kevin, qui ne semble pas prêt à abandonner, se met à leur hauteur et entre avec eux.

— Qu'est-ce que vous devenez depuis le temps ? insiste-t-il.

— Maxime ! s'écrie Eric en avançant jusqu'au jeune pilote et en ignorant le finlandais.

Un large sourire se dessine sur le visage de Maxime quand il voit les parents d'Adèle et il se lève pour venir les enlacer.

— Tu nous as manqué ! dit Olivia en le serrant contre elle.

Kevin vire au blanc et Adèle se rapproche de lui pour lui rappeler qu'il n'a pas le droit d'être là. Il tente de protester mais elle insiste en lui expliquant qu'ils se retrouveront plus tard. Il l'embrasse furtivement avant de s'enfuir, honteux de se faire jeter devant tout le monde. Maxime ne lui prête même pas attention, trop content de retrouver sa seconde famille. Notamment Eric, à qui il se fait un plaisir de présenter la monoplace dans laquelle il va courir pendant la semaine.

— Sublime, commente l'ancien mécanicien. Si j'avais pensé qu'on allait en arriver là à mon époque...

Olivia prend sa fille à part pendant que son mari est distrait, le regard teinté d'inquiétude.

— Tu sais, j'ai l'impression que tu n'es plus toi-même depuis que tu t'es rabiboché avec... Kevin.

Le prénom lui provoque une grimace en passant ses lèvres.

Red FlagOù les histoires vivent. Découvrez maintenant