Chapitre 20 : Pruniers pleureurs

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Suzuka, octobre 2022.

Adèle est allongée dans sur son lit et ne sait pas quoi faire. Elle est arrivée à Suzuka une heure auparavant, et a fait la bêtise de dormir pendant tout son trajet en avion. À cause du décalage horaire, elle se retrouve parfaitement éveillée en plein milieu de la nuit. Elle finit par se lever pour aller sur le balcon pour prendre l'air. Elle inspire profondément et sent une odeur de tabac froid qui lui décroche un petit sourire. Thomas n'est pas sur le balcon, mais il est arrivé aussi au Japon. Elle s'appuie sur la balustrade. S'il ne dort pas, elle est prête à parier qu'il finira par sortir le museau de sa chambre pour fumer une autre cigarette. Elle se penche un peu et voit de la lumière filtrer de son côté du balcon par la fenêtre. Elle se concentre sur les lumières du centre-ville, sachant qu'il ne lui reste plus qu'à attendre.

Thomas sort d'une douche qui, il espère, devrait l'aider à trouver le sommeil. Il se sèche grossièrement, enfile un caleçon et attrape son paquet de cigarettes, laissé négligemment sur la table basse. Il cherche son briquet quelques secondes avant de le trouver et sort sur le balcon. Il s'arrête quelques secondes en voyant l'ombre d'Adèle, penchée en avant sur la rambarde, le regard certainement perdu sur les lumières de la ville qui forment une sublime constellation de vie nocturne. Il s'approche et se penche pour qu'elle puisse le voir depuis l'autre côté.

— Pas sommeil? demande-t-il avant de mettre une cigarette entre ses lèvres.

Adèle tourne le visage vers lui avec un sourire et l'observe un moment, surprise de le trouver avec les cheveux mouillés et le visage rosi par la chaleur d'une douche vaporeuse.

— J'ai dormi dans l'avion, avoue-t-elle.

Il lui fait passer son paquet de cigarettes et elle se sert dedans.

— Je ne fume qu'avec toi, tu as une mauvaise influence sur moi, fait-elle remarquer.

— Et avec Maxime, réplique Thomas en lui tendant son briquet allumé.

Elle se rapproche de lui pour allumer sa cigarette et reste à cet endroit pour tirer sa première latte.

— Ce n'est arrivé qu'une fois avec lui.

— Alors j'admet être le pire des deux, blague Thomas. Ça te surprend ?

— Pas le moins du monde, avoue Adèle en se mordant l'intérieur de la lèvre.

Il allume sa cigarette et reste penché vers elle. Il sent qu'elle baisse la garde, mais ne veut pas abuser du moment et prendre le risque de tout gâcher. Elle n'arrive pas à le lâcher des yeux. Les gouttes d'eau qui perlent de ses cheveux pour couler le long de son cou lui rappellent des souvenirs trop vifs.

— Je pensais aller faire un tour après, tu veux te joindre à moi ? demande-t-il en se redressant pour voir si elle le suit des yeux.

Elle hoche la tête, son regard attiré par les yeux bruns de Thomas comme à un aimant.

— Je vais me préparer.

Il lui adresse un clin d'œil et rentre dans sa chambre, s'arrangeant pour rester dans son angle de vue. Elle se penche un peu plus pour le voir, n'ayant même pas peur qu'il la surprenne. Il enfile un jean qu'il fixe avec une ceinture noire et une chemise blanche. Il passe sa tête dans une serviette pour mieux essorer ses cheveux avant de s'équiper d'une montre. Adèle se détache de lui pour rentrer dans sa chambre et fermer la porte du balcon. Elle ne sait même pas où ils vont, mais peu importe. Elle sait qu'avec lui, il ne lui arrivera rien. Il la rejoint dans le couloir et lui tend son bras. Elle le prend et le suit dans l'ascenseur. Thomas a l'intention de jouer ce soir, et il espère gagner, mais rien n'est moins certain. Il appuie sur le bouton de l'ascenseur et observe Adèle avec un léger sourire.

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