Chapitre 7 : Les voitures jumelles

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Barcelone, mai 2022.

Adèle traverse en hâte les portillons du circuit de Barcelone, espérant ne pas être trop en retard. Après une semaine de pause où elle avait retrouvé le calme, l'annulation de son avion l'avait replongée dans le stress. Elle était à peine arrivée à l'aéroport qu'elle avait dû trouver un taxi pour la conduire jusqu'au cœur de l'agitation de la ville. Elle accélère le pas à quelques mètres des paddocks et s'installe en silence dans une salle de réunion déjà remplie des ingénieurs et des mécaniciens de l'écurie. Thomas, debout devant tout ce petit monde, la suit des yeux en serrant les dents.

— Ça y est, tout le monde est présent ? demande-t-il impatiemment, provoquant un silence de mort dans la pièce. J'ai beaucoup de choses à aborder, et j'aimerai votre attention.

Adèle sent son estomac se creuser, étouffée par la culpabilité des mauvais résultats de Maxime la course précédente. Ils sont tous tournés vers lui comme des tapas qui attendent de savoir à quelle sauce ils vont se faire manger.

— Je veux d'abord féliciter Orlando et toute l'équipe qui l'entoure, commence Thomas en se déridant un peu. C'est une deuxième place amplement méritée, et je suis ravie de voir que tu es de retour sur les podiums. Je suis très fier du travail accompli. Il ne vous reste plus qu'à maintenir vos efforts sur la saison.

Les mains d'Orlando claquent, brisant le silence, alors qu'il se lève face à ses techniciens pour les applaudir. Très vite, le geste se répand dans la pièce, provoquant un sourire plus franc au patron de l'écurie.

— Il reste des détails à perfectionner, bien entendu, reprend-il quand le bruit s'amoindrit. Nous en avons déjà discuté et j'ai hâte de voir ce que nous apporteront ces améliorations.

Il marque une pause, retrouvant un air grave alors que tout le monde est suspendu à ses lèvres.

— Quant à Maxime, je crois qu'on peut qualifier le résultat à Miami de décevant. Pour un pilote de son envergure et une écurie d'excellence comme la nôtre, c'est inacceptable. J'ai honte.

Adèle inspire pour retenir un soupir, agacée par la façon dont il exagère les faits. Elle jette un coup d'œil à Maxime qui regarde le sol.

— J'attends beaucoup mieux ce week-end, surtout après une semaine de repos qui, j'estime, n'a pas été durement gagnée. Adèle, ajoute-t-il en venant capter son regard, la responsabilité de cet échec te revient.

Une bruissement contestataire s'éveille mais il le fait taire d'un geste de la main.

— J'en prends la responsabilité, assume Adèle sans le lâcher du regard, ne voulant surtout pas se démonter devant les autres.

Si Thomas veut jouer à ça, elle va devoir être plus solide que lui. Assumer ses erreurs est une façon de montrer qu'elles ne changent pas la valeur qu'elle apporte à l'équipe.

— Parfait, conclut Thomas. Maintenant que les choses sont claires, on peut se remettre au travail.

La salle se vide presque immédiatement, les troupes étant autant sous pression que motivées. Maxime, Adèle et Thomas se retrouvent seuls. Aucun d'entre eux n'ose commencer la conversation. L'arrivée de Mike les y oblige.

— On ne va pas rester là à faire la gueule, leur dit-il. Faut rebondir.

— Adèle, une suggestion ? lance Thomas. Et si tu pouvais écarter les idées qui propulsent Indrelsën au sommet du championnat, ça m'arrangerait.

— Est-ce qu'on sait ce qu'ils ont changé sur les voitures ? demande-t-elle en ignorant son agressivité passive.

— Aucune idée, j'ai l'impression qu'ils ont une meilleure tenue au sol.

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