Chapitre 14: Monsieur l'ambassadeur

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Un café ? Un dîner ? Chez lui ou chez moi ? Non, c'était bizarre de m'auto-inviter chez lui. Mais c'est ce qu'il avait plus ou moins fait lors de notre premier rendez-vous. Voulais-je vraiment le voir chez moi ? Et s'il refusait ? Je me sentirais humiliée, c'était certain. Il ne ferait pas ça... N'est-ce pas ? Bon sang, j'étais encore plus perdue qu'avant. Devais-je lui téléphoner ou lui envoyer un SMS ? Un mail ?

Un mail... ?

Je soupirai, fatiguée par ma propre stupidité. À ce rythme-là, autant lui envoyer un fax. Ou une lettre. L'aspect mélodramatique me plaisait assez et se serait bien accordé avec son côté parfois vieux-jeu.

Depuis mon appel de la veille avec Taylor, je ruminais sans cesse. Maintenant que j'avais pris la décision de le revoir, il fallait que je trouve le moyen. Et aussi ce que je lui dirai, accessoirement. J'avais composé son numéro une bonne dizaine de fois avant de laisser tomber. Je me disais qu'il était sûrement au travail, que je le dérangerais, ou bien il était tard et je ne voulais pas le réveiller. Je savais qu'il avait du mal à dormir.

En réalité, il fallait juste que j'arrête de réfléchir. S'il ne me répondait pas ou décidait qu'il valait mieux qu'on en reste là, eh bien c'était le destin. Les choses devaient se dérouler ainsi depuis le début. Cette histoire ne vaudrait plus la peine que je m'y attarde. N'avais-je pas depuis le début affirmer qu'elle serait éphémère ?

Mais j'en avais assez de vivre coincée dans mes peurs. Je voulais me laisser porter, rien qu'un peu. Pour une raison que je peinais encore à comprendre, je sentais qu'avec lui je pourrais y arriver.

Prise d'un élan soudain, je saisis mon téléphone et composai ce numéro que je commençais à connaître par cœur. La sonnerie retentit plusieurs secondes, augmentant considérablement mon rythme cardiaque.

— Allô ?

Sa voix était grave, dénuée de quelconque chaleur.

— C'est Violet, je...

— Violet ?

Il semblait surpris, pas dans le mauvais sens. Je l'imaginais se redresser, peut-être sourire. Je ramenais les genoux contre ma poitrine.

— Est-ce que tout va bien ?

— À merveille, répondis-je immédiatement. Je ne te dérange pas ?

— Non, évidemment que non. Je t'ai dit que tu pouvais me joindre à tout moment. Je suis étonné, voilà tout. Je pensais que tu m'avais oublié.

— Impossible que j'oublie avoir un jour parlé avec quelqu'un qui n'avait jamais vu Batman.

Je l'entendis rire doucement. Mon cœur se serra. Il m'avait manqué. C'était ridicule, cela faisait à peine une semaine.

— J'aurais préféré que tu te souviennes de moi pour autre chose.

L'avantage principal d'être au téléphone était qu'il ne me voyait pas rougir.

— Tu as une bien haute estime de toi-même, répliquais-je immédiatement.

Il y eut un silence. Je savais que les explications allaient débuter.

— Pourquoi m'as-tu appelé, Violet ?

— Je... Je regrettais la façon dont on s'était quittés. Je n'ai pas été honnête.

C'était frustrant de ne pas voir sa réaction.

— Est-ce que tu es occupée ?

— Non.

FIRES DIE TOOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant