Chapitre 16: Faux-semblants (PARTIE 1)

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Je réfléchirai plus tard.

Oui, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Après son instant confession, Nadir avait simplement ajouté que je n'avais pas à lui répondre, qu'il ne me mettait aucune pression. Je le croyais, tout en ne pouvant m'empêcher de culpabiliser. Il aurait mérité une réponse, n'importe laquelle, tout sauf un silence et un maigre sourire. Au moins une larme... Rien. Je m'étais contenté de le rejoindre, l'embrasser et lui proposer de rentrer. Nous avions pu finir ce que nous avions commencé avant de partir nager.

Je me retournai une énième fois. La nuit avait été courte. Je sentais sa respiration paisible contre mon dos et son bras passé autour de ma taille.

— Pourquoi tu ne dors pas ? Est-ce que tout va bien ?

Parce que tu m'aimes et ça me terrifie.

— Oui, ce n'est rien. Ne t'en fait pas, répondais-je en me retournant.

Les yeux mi-clos, il déposa un baiser sur mon front. Ses ronflements légers emplirent la pièce moins d'une minute après. Il ne se souviendrait probablement pas de ce moment au réveil.

Frustrée de ne pas réussir à me rendormir, je décidai de me lever. Le soleil allait bientôt apparaître et la vue depuis cet étage devait être magnifique. Cela me donnerait une excuse s'il se rendait compte de mon absence.

J'ignorai combien de temps j'étais restée assise sur ce canapé immonde. Au bout d'un moment, j'avais fini par allumer la télévision. J'avais besoin d'un bruit de fond pour faire taire mes pensées.

Les images des manifestations faisaient le tour des chaînes d'information. La plupart avaient gagné en nombre et en violence. Ces heurts n'étaient pas nouveaux, mais savoir que certains cortèges étaient passés à seulement quelques rues de mon studio me rappelait à quel point j'étais coupée du monde dans cet appartement de verre. Mon portefeuille ou ma notoriété n'avaient pas augmenté, pourtant, j'étais inévitablement passé de l'autre côté.

Les élections présidentielles approchaient à grand pas et ne faisaient qu'empirer la situation du pays, dont le cœur du problème se trouvait à Washington D.C.. De récentes révélations sur la corruption au sein du gouvernement actuel n'avaient fait qu'accroître la méfiance de la population et la pousser vers le côté opposé. La situation financière et sociale n'aidant pas, les manifestations sauvages avaient prit en ampleur et en nombre. Chaque nuits, c'étaient de véritables affrontements qui se déroulaient, comme le pays en avait rarement connu en période de paix.

Je sirotai mon café, profitant de mes dernières minutes seule. Il était bientôt huit heures et je savais qu'il se réveillait toujours à cette heure-là. Son équipe de l'ambassade lui envoyait chaque jour, à cette heure précise, un compte-rendu détaillé de ce qu'il s'était passé dans le monde lorsqu'il dormait, ainsi que son programme de la journée.

Mon téléphone vibra. Un message de Taylor. Elle me demandait de l'appeler rapidement. Inquiète, je coupai la télévision et composai son numéro.

Elle décrocha dès la première sonnerie.

— Violet ? Tu es bien matinale.

— Je pourrais en dire de même.

Elle soupira.

— Ce bébé semble prendre un malin plaisir à me broyer les côtes toute la nuit.

Elle m'informa ensuite qu'ils se portaient tous les deux très bien. Hier avait eu lieu son échographie et ils avaient décidé de ne pas connaître le sexe, faisant enrager ma mère. Les préparatifs du mariage s'intensifiaient et son fiancé avait pris les choses en main. La pauvre était épuisée par cette grossesse et avait dû anticiper son congé maternité.

FIRES DIE TOOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant