Chapitre 29: V pour Vendetta

237 16 0
                                    



J'étais incapable de dire comment j'étais arrivée ici, assise en boule sur le carrelage froid d'une salle de bain qui n'était pas la mienne, avec un gout de vomi dans la bouche. Les dernières minutes semblaient ne pas avoir existé tandis que la soirée repassait en boucle dans mon esprit embué.

J'avais la tête qui tourne.

La voix de Nadir me paraissait lointaine alors qu'il était juste à côté de moi. Je ne tenais plus sur mes jambes. Sans doute m'avait-il porté jusqu'ici.

— Violet, il faut te laver mon ange. Tu vas réussir à enlever ta robe ?

Ma bouche était pâteuse et je n'arrivai pas à articuler la moindre syllabe. Je parvins seulement à bouger légèrement ma tête de gauche à droite. C'était si subtil que je n'étais pas certaine qu'il ait pu le percevoir.

— Cligne des yeux si c'est un oui, et ne fait rien si c'est un non. Compris ?

Je clignai des yeux.

— Je vais retirer ta robe et te mettre dans la baignoire, d'accord ?

Je ne bougeais pas et le fixai droit dans les yeux. En tout cas, j'essayai.

— Tu as vomi Violet, tu as oublié ? Tu ne peux pas rester comme ça. Je comptai seulement retirer ta robe, pas tes sous-vêtements, me dit-il d'une voix calme.

Je me sentais si vulnérable que cette dernière barrière artificielle me semblait être mon dernier rempart. Je n'avais pas peur de Nadir. Il avait mille défauts, mais jamais il ne profiterait de la situation d'une quelconque manière. Ce qui me terrifiait, me glaçait le sang, c'était de savoir que j'aurais pu finir la soirée dans bien d'autres circonstances.

Et personne n'aurait rien fait.

La preuve : Nadir m'avait pris avec lui à la vue de tous, sans que personne n'y trouve à redire. Nous n'étions pas assis ensemble, ne nous étions pas parlés avant l'incident et personne n'aurait pu deviner que nous nous connaissions.

Le plus délicatement possible, Nadir avait enlevé ma robe et porté dans la baignoire. Je sentais à peine mon corps baigner dans l'eau. Mes bouffées de chaleur étaient retombées.

— Je fais vite, mon ange. Tu as besoin de dormir.

Il était inquiet, je le sentais. Je nous revoyais quelques semaines en arrière, pendant ma grippe. Mais il y avait autre chose. Je crois bien qu'il était énervé. Pas contre moi. Il ne l'avait jamais été contre moi. Il devait s'en vouloir de n'avoir rien vu venir, de ne pas avoir réagi dès le début.

Je ressentais la même chose, en plus de la honte, surtout lorsqu'il me brossa lui-même les dents.

— Est-ce que tu as des palpitations ? Du mal à respirer ?

Je ne fis aucun signe.

— Tu as la tête qui tourne ? Tu te sens encore nauséeuse ?

Toujours rien.

— Bien, j'ai presque fini, dit-il doucement en frottant mes cheveux entre ses mains. Les effets auront disparu dans quelques heures.

— De... De l'eau...

Ma voix n'était qu'un coassement rauque. Je la reconnaissais à peine.

Nadir attrapa un verre sur le bord du lavabo et l'apporta à ma bouche. Inutile de protester, je n'étais pas en état de me battre.

J'avalai difficilement, chaque gorgée me demandait un effort considérable tant j'étais apathique.

Nadir passa un bras dans mon dos et un autre sous mes cuisses pour me sortir de la baignoire. Sa chemise devint immédiatement trempée, mais il n'eut aucun réaction. Il ne baissa pas une seule fois le regard sur mon corps, y compris lorsqu'il m'allongea sur son lit et se contenta de m'essuyer rapidement et de m'enfiler un tee-shirt long.

FIRES DIE TOOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant