Chapitre 27: Qui de nous deux...

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Cette voix...

J'aurais voulu ne jamais la réentendre. La tête baissée, je refusais de me retourner. Encore quelques secondes de déni...

Gérôme était dans mon dos, entre Nadir et moi.

— Vous le connaissez, Violet ?, me demanda-t-il.

Je hochais la tête avant de confirmer doucement.

— Oui.

J'étais abattue, en pleine désillusion. J'avais envie de crier, de pleurer, de partir en courant.

Et en même temps, une autre partie de moi que je détestai et refoulai autant que je le pouvais, me répétait qu'il l'avait fait, qu'il m'avait retrouvé, qu'il s'en était donné la peine.

Je me retournai en relevant la tête, essayant d'afficher un masque d'impassibilité.

Mais dès que nos regards se croisèrent, qu'il me sourit, je sus que j'étais perdue. À chaque pas qu'il faisait, un morceau de mon âme s'envolait. Les émotions déferlaient en moi avec passion et en même temps, je me sentais vide.

Gérôme passa un bras devant moi alors que Nadir était tout près. Celui-ci perdit son sourire et serra les mâchoires.

— Éloigne-toi de ma femme, abruti, menaça-t-il d'une voix sèche.

Gérôme ne bougeait pas, relevant même le menton.

— Maintenant.

Le courage du Belge était admirable. Il devait bien savoir qu'il ne ferait pas le poids face à Nadir, mais ne tremblait pas.

— Ça va, mec. Elle avait juste froid et je lui ai prêté ma veste. Il n'y a vraiment pas de quoi en faire toute une histoire.

— Si ma femme à froid, alors c'est à moi de la réchauffer. C'est mon rôle de prendre soin d'elle.

Ils n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, se scrutant en chien de faïence. C'était un vrai combat de coqs, plutôt ridicule vu de l'extérieur. Gérôme se battait davantage pour son ego que pour moi, mais on ne pouvait lui retirer son courage – ou bien une fierté mal placée. Néanmoins, je ne pouvais pas rester sans rien faire, à attendre que les choses dégénèrent.

Je dépassai Gérôme, le cœur battant.

— Que veux-tu, Nadir ?

Question idiote, je ne connaissais que trop bien la réponse, mais je préférai ne pas laver mon linge sale en public.

Nadir me détailla de haut en bas en fronçant les sourcils. J'avais perdu du poids et l'éclairage ne devait qu'accentuer ma pâleur.

— Je pense qu'on devrait parler. Tu dois revenir chez nous.

— Ça n'arrivera pas et tu le sais.

La voix inquiète de Marie derrière moi interrompit notre joute visuelle.

— Violet, vous voulez que j'appelle la police ?

Nadir eut un rire sans joie. Forcément. Il ne risquait rien. Peut-être même les avait-il dans la poche ? Il n'avait pas pu me retrouver sans avoir à faire jouer ses contacts.

— Non, répondis-je. Ce ne sera pas nécessaire, il est temps de mettre les choses au clair une bonne fois pour toutes.

Je me tournai vers le couple en affichant un sourire poli.

— Merci beaucoup pour cette soirée. Une de mes meilleures. Je vous souhaite une bonne découverte de l'Amérique.

Elle jaugea Nadir, puis moi, et enfin son mari. Les deux échangèrent dans une autre langue.

FIRES DIE TOOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant