Chapitre 25: La 119e lettre

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« Ma belle,

J'ai oublié comment respirer depuis que tu es partie.

Deux semaines.

Quatorze jours.

Trois-cent trente-six heures.

Ma douleur est presque palpable. Je la touche, elle est là, sur ma peau. Je souffre au-delà de tout ce que j'ai pu connaître. Absolument tout.

Tu m'as échappé avec une facilité déconcertante. Je ne l'avais pas vu venir, du moins pas comme ça, pas avec cette froideur... Mais c'est bien connu, l'amour rend aveugle. Et je suis le plus épris des hommes, mon amour est sans bornes.

Aimer autant est le plus beau des fléaux. Parce que l'on peut passer de la joie suprême et indestructible au désespoir absolu. La frontière entre les deux est très fine et la pente est raide.

Je passe mes journées plongé dans mes souvenirs, nos souvenirs. Les plus beaux comme les plus douloureux. Nos débuts, la première fois que tu m'as embrassé, quand j'ai compris qui tu étais vraiment, quand tu as dit être amoureuse de moi... Mon cœur n'avait jamais battu si fort.

Entendre ton message a été douloureux. J'ai cru mourir quand tu as dit que tu ne m'aimais pas. Parce que je te connais, je ne te crois pas. Tu m'aimais et tu m'aimes encore. Notre relation est bien trop spéciale, unique, pour ne pas être réciproque. J'ai vu comment tu me regardais et ce n'était pas le regard d'une femme qui faisait semblant. Non, tu ne peux pas être comme tous ces autres, ceux qui ne voient en moi que le second héritier, celui qui passe toujours après... Pas toi. Tu m'as choisi, tu as voulu vivre avec moi, tu es resté quand j'étais au plus mal, tu m'as tant donné.

Tu es la personne la plus importante de ma vie.

Je suis terrifié à l'idée d'oublier la chaleur de ta peau ou la couleur exacte de tes yeux. Ils sont si beaux... Ta voix, tes habitudes, te voir observer le monde avec tant d'intelligence.

Cette même intelligence qui t'a permis de me fuir. Je ne suis pas dupe : je me doutais qu'après avoir tout découvert, tu essayerais de partir. Je pensai que la première fois t'aurai servi de leçon.

J'ai eu tellement peur ce soir-là... Pour ne pas avoir à le revivre, j'ai redoublé de vigilance.

Et pourtant, tu m'as berné en beauté. J'étais tellement heureux que tu sembles vouloir passer à autre chose que j'ai baissé ma garde.

Si tu savais comme je suis fier de toi. Tu es si forte, je l'ai toujours su.

Mais tu es partie avec mon cœur, Violet et j'ignore combien de temps je pourrai encore vivre sans. La vie sans toi ne vaut pas d'être vécue. Ignorer où tu te trouves, ce que tu fais et avec qui est une torture sans nom. Je ne dors plus, ne mange plus. J'aimerai au moins avoir le courage de me noyer dans le travail. Je ne l'ai pas. Au lieu de ça, je passe des heures à frapper dans des sacs de frappe, puis je cours à en avoir les poumons qui brûlent tellement que je ne respire plus. La douleur physique n'est rien par rapport à la douleur psychologique.

Ma belle Violet, mon amour, mon ange, reviens-moi...

J'avais déjà cru te perdre une première fois, lorsque notre histoire avait à peine débutée, que le revivre est encore pire. À ce moment-là, je l'aurais accepté. Si je ne te plaisais pas, c'était ton droit.

Plus maintenant.

Tout allait si bien, nous étions si heureux et pour la première fois, tu parlais d'avenir avec une certaine confiance.

Prendre ces moments pour acquis a été l'erreur de ma vie. Chaque seconde passée loin de toi ne vaut pas la peine d'être vécue. J'aimerais me réveiller de ce cauchemar, que nous soyons de nouveau réunis. Que l'univers entier m'en soit témoin, je jure de ne jamais refaire cette erreur. Je jure de ne plus jamais me lever en premier le matin. Te sentir dans mes bras est certainement la sensation qui me manque le plus.

Oui, là est mon unique regret.

Tu t'attendais sûrement à ce que j'en aie d'autres.

Il n'en est rien.

Je te l'ai dit et répété, ces deux années étaient nécessaires.

Ne crois pas que je passe mon temps à me morfondre, mon ange. En réalité, j'ai commencé à te chasser – pour reprendre tes propres mots – dès le premier jour. J'ai su immédiatement que ce serait une entreprise longue et compliquée. Je n'en attendais pas moins de toi, tu es si intelligente. Alors j'ai patienté, sans pour autant relâcher mes efforts, que tu fasses ta première erreur. Car tu en as fait une, aussi brillante puisses-tu être. Tout le monde à ses faiblesses. Tu es la mienne. Heureusement pour moi, je connais la tienne.

Tu n'aurais pas quitté le pays avant le mariage de ta sœur. C'est pourquoi j'ai concentré mes recherches dans l'Est. Il me paraissait insensé que tu sois resté en Virginie, alors j'ai cherché du côté du Kentucky et du Tennessee.

Des dizaines de détectives privés, des contacts au Renseignement et mes propres forces zahariennes. Rien. Deux semaines sans la moindre trace.

J'ai imaginé le pire.

Deux ans à te voir, à t'entendre tous les jours. Puis plus rien. Le vide est immense.

Mais si tu t'imagines que je vais passer à autre chose, alors c'est que tu n'as pas compris quand j'ai dit être prêt à passer ma vie à te chercher. Je ne renoncerai jamais et ne me parle pas des autres, elles n'existent plus. Tu es l'étoile qui guide chacune de mes actions, chacun de mes pas. Car même aveugle je continuerai de te voir, car même sourd je t'entendrai encore.

Alors déteste-moi, Violet Wallshire, aussi fort que tu le peux. Haïs-moi. Fais ce que tu veux. Tout ce qui m'importe, c'est ton bonheur. Fuis-moi encore, et encore, et encore...

Et lorsque nous serons à nouveau réunis, s'il-te-plaît, ne m'ignore pas. Savoir que je pourrai te laisser indifférente, que tu ne te donnerais même pas le peine de me détester en bonne et due forme, me tuerait instantanément.

Ma belle Violet, mon ange, mon amour, reviens-moi...

Sans toi je ne respire pas.

Reviens-moi...

À toi pour toujours,

Nadir el Zahar. »

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