Chapitre 7: Comme Batman et Robin (PARTIE 1)

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— Et vous Nadir, quel est votre endroit préféré à Washington D.C. ?

Nous marchions depuis plusieurs minutes, toujours sur les rives du Potomac. La discussion était redevenue plus légère et je faisais de mon mieux pour ignorer les regards en notre direction.

— Je ne sais pas vraiment, enfin ce n'est pas un endroit en particulier, c'est davantage une sensation.

— Un endroit où vous vous sentez à l'aise, vous voulez dire ?

— C'est ça, oui. Alors je dirais dans ma voiture, lorsque je rentre du travail et qu'à cette heure-ci, la circulation est fluide. Souvent tard la nuit ou tôt le matin.

Il s'arrêta face au fleuve et je l'imitai.

— Vous avez déjà vu un lever de soleil ici ?

Je secouai la tête.

— C'est absolument magnifique. Parfois, je m'y arrête et c'est le seul moment où le soleil est suffisamment bas et orangé pour me rappeler le Zahar. L'île n'est pas très grande et ma chambre donnait sur la mer. C'est seulement lorsque je suis parti que je me suis rendu compte de la chance que j'avais de voir ce spectacle chaque jour.

— Le Zahar vous manque ?

J'avais relevé les yeux vers lui. Il était de profil et je ne pus m'empêcher de m'attarder sur son nez, ses mâchoires, ses lèvres fines et son menton droit. Sa barbe noire contrastait avec le cuivré de sa peau et je me rendis compte à quel point je le trouvais beau.

Ses pupilles s'ancrèrent dans les miennes et il y eut un temps de latence.

Une seconde,

Deux secondes.

Il allait parler, sa lèvre supérieure s'était relevée et il inspirait profondément.

— Disons que je n'ai pas vraiment eu le choix de le quitter. Puis ma vie est ici désormais, et j'ai d'excellentes raisons de rester.

Trois secondes,

Quatre secondes.

Je souriais. Lui aussi. Au même moment, je refusais que cette journée puisse se terminer. Pourtant, je n'attendais rien. J'aurais aimé rentrer dans sa tête, savoir ce qu'il pensait de tout cela, ce qu'il en attendait. Si je n'étais pas capable de savoir ce que moi, je voulais, peut-être qu'apprendre où il en était pourrait m'aider ? J'étais perdue entre ma raison, qui me hurlait de rentrer en courant, et une étincelle de courage. L'occasion de me libérer des chaînes dont je m'étais entravée ne se reproduirait peut-être jamais. Je ne devais pas la laisser passer. Pour une fois, mon cerveau semblait capituler.

Je n'étais pas douée avec les mots, je ne pouvais pas le lui dire, encore moins le lui montrer. Pas oralement, pas physiquement.

Une goutte,

Deux gouttes.

À quel moment le ciel était-il devenu si menaçant ?

C'était une pluie fine, presque brumeuse. La journée avait été chaude et il n'avait pas plu depuis plusieurs semaines. Forcément, il devait pleuvoir pile lorsque je décidais – enfin – de sortir.

Par chance, nous trouvâmes rapidement refuge sous l'auvent d'un magasin.

— Ce n'est sûrement qu'une averse passagère.

Au même instant, un éclair fendit le ciel, suivi d'un second. La pluie doubla d'intensité.

J'aurais mieux fait de me taire.

FIRES DIE TOOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant