Chapitre 2: Sérieusement, Brittany ?

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Dix jours s'étaient écoulés depuis ma dernière sortie.

Les États-Unis étaient frappés par une canicule sans précédent et les médias incitaient les gens à rester chez eux.

Pas besoin de me le dire deux fois. Cela me donnait une excuse parfaite pour ne pas avoir à mettre le nez dehors, et ce, sans culpabiliser.

Le hic était que désormais, mes voisins passaient également leurs journées entre quatre murs. Et ils s'ennuyaient. Beaucoup. J'aurais préféré être la voisine d'une famille nombreuse.

Avachie sur mon canapé, je grignotais quelques cerises devant la rediffusion d'un reportage auquel je ne portais pas un grand intérêt. Depuis la mort brutale de ma calculatrice, je m'ennuyais comme un rat mort. Celle que j'avais commandée sur Internet n'arriverait pas avant plusieurs jours et j'avais mes limites en calcul mental. J'avais bien tenté de réviser certains théorèmes, mais sans matériel, ça ne servait à rien.

Ennuyée, je changeai la chaîne et tombai sur un épisode de Bob l'éponge. Bien que j'avais vu toute la série au moins trois fois, je me redressai immédiatement. Carlo le poulpe était définitivement mon animal totem. J'avais toujours eu un faible pour les antagonistes un brin grincheux.

Je riais de bon cœur devant ses blagues que je connaissais déjà, lorsque le son qui hantait mes cauchemars se mit à retentir. Mon téléphone, à demi caché sous un coussin, vibrait dans tous les sens. Immédiatement, mon cœur s'accéléra et ce fut pire quand j'aperçus le contact de mon père s'afficher.

Quelqu'un était mort. Depuis mon déménagement, le seul appel de sa part avait été pour annoncer le décès de ma tante.

Pour les bonnes nouvelles, c'était ma mère qui appelait.

Les doigts tremblants, je décrochai.

Violet ?

Même timbre, même voix. Le temps ne semblait pas l'atteindre.

— Papa, est-ce que tout va bien ?

Il marmonna quelque chose et j'entendis un bébé pleurer dans le fond.

— C'est ta mère, elle a accouché.

Je restai abasourdie quelques secondes.

— Est-ce que... Est-ce qu'elle et le bébé vont bien ?

— Oui, elle est née hier, dans la soirée. Une petite fille, Brittany.

Son ton était froid, détaché. L'un comme l'autre, nous n'appréciions pas être au téléphone. Malgré moi, ce constat me blessa. Nous n'étions pas particulièrement proches, même au temps où je vivais encore là-bas. Nous ne le serions probablement jamais, mais s'en rappeler faisait mal.

— C'est... Une merveilleuse nouvelle.

— Un beau bébé de presque trois kilos cinq. Ta mère se repose, elle ne peut pas te parler.

Je triturai nerveusement une mèche de cheveux entre mes doigts.

— Je ne vais pas vous déranger plus longtemps alors.

Silence. Long silence. Je les dérangeais donc.

— Bonne journée, Violet.

— À vous aussi, mais... Est-ce que tu pourrais me répéter son prénom s'il-te-plaît, je crois l'avoir mal compris ?

— Brittany, avec deux t et un n.

J'avais donc bien entendu la première fois. Malheureusement.

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