Chapitre 6

34 1 0
                                    

Le lendemain à huit heures, je suis toujours dans mon lit, et je dors.

J'entends les voix de Messieurs de Maréville père et numéro 2 qui m'appellent alors je me faufile encore plus sous mes draps et je colle mon oreille sur mon coussin, au moins une qui n'entend pas, c'est déjà ça de gagné !

Soudain leurs voix sont à l'intérieur et je suis abasourdie. Comment sont-ils entrés ? La porte de ma chambre s'ouvre à toute volée et Noé tire un grand coup sur mon drap avant de réaliser que je suis juste en slip. Je retire le drap sur moi et il me lance des éclairs avec les yeux.

- Dépêche-toi !

- Allez donc voir ailleurs si j'y suis !

Paul entre à son tour et je rebaisse le drap, ce qui fait là aussi son petit effet : il se cache les yeux tandis que Noé se précipite sur moi pour me recouvrir. Pendant quelques secondes, ses mains chaudes tiennent le drap contre moi. Cela me déconcentre vraiment, mais pas longtemps, je reprends :

- Allez tous en enfer les Maréville, et arrêtez de croire que vous avez la moindre importance dans ma vie.

- Noé, sors un instant.

Ouh la, je n'ai pas du tout envie de me retrouver seule avec Paul.

- C'est bon, je m'habille !

- Et tu n'as pas intérêt à sortir par la fenêtre !

Une fois habillée, tandis que j'ouvre mon rideau pour sortir très exactement par la fenêtre, Noé est devant.

Je reviens du côté de mon salon en disant :

- Mais pourquoi est-ce que vous ne me lâchez pas ?

- Assied-toi.

Alors que je ne bouge pas, Paul prend une voix vraiment autoritaire, presque flippante :

- Tout-de-suite !

Je m'avachis sur mon canapé et il s'assied sur le fauteuil en face de moi.

Il pianote sur son téléphone. Une voix décroche et j'entends bien que c'est ma mère. Je crie :

- Maman, ils m'ont séquestrée dans le salon !

Paul me tend le téléphone et ma maman me demande comment ça va. Je réponds que les De Maréville sont tous devenus encore plus cinglés et elle me répond :

- Chérie, il y a beaucoup de choses dont j'ai voulu te protéger.

- Comme les quatre vicomtes ?

- Non, pas du tout. Je sais bien que tu ne les portes pas dans ton cœur mais tu vas devoir écouter Paul. Je vais bientôt revenir mais, même à ce moment-là, c'est lui qui va s'occuper de toi. C'était convenu comme cela en fait, à partir de tes 17 ans, c'est Paul qui s'occupe de ton éducation.

- Je n'ai pas encore 17 ans !

- Tu vas bientôt les avoir. Ecoute-le ; Lisa, ça va être très difficile au début de te plier à toutes ces règles, mais tu n'as pas le choix.

Ma mère semble vouloir raccrocher.

- Attends, maman ! Pourquoi tu ne me parles pas ? Tu me manques, maman !

Je me remets à pleurer, ignorant les deux bonhommes qui n'ont jamais dû consoler une femme de leur vie, vu la tête qu'ils font, genre « je me cache sous la table ».

- Tout va bien ma chérie, je m'éclate, je t'assure. On viendra ici ensemble un jour. Tout est tellement magnifique.

- Maman, comment as-tu payé ton billet ?

Ma mère ne répond rien.

- Et en fait, je n'ai pas trop d'argent, là.

- Paul va t'en donner.

- Je ne veux rien lui devoir.

- Ecoute Lisa, je sais que c'est difficile à comprendre mais à partir de maintenant, c'est Paul qui s'occupe de toi !

- A partir de mes 17 ans, il me reste vingt jours !

- Autant commencer maintenant, surtout que je ne suis pas là. Je dois raccrocher, je t'aime ma praline !

- Je t'aime aussi, maman.

Je tends le téléphone à Paul en disant :

- Je ne comprends rien à vos histoires, mais revenez le 21, apparemment.

- Lisa, nous devons commencer le plus tôt possible.

- On se voit le 21 juillet, d'ici là, bye bye !

- Donc le jour de ton anniversaire, tu accepteras de m'écouter et de faire ce que je te dis ?

- Oui.

- Promis ?

- Oui !

Tu parles, dans ses rêves ! Il est encore plus idiot que je ne le pensais !

Il se lève en grognant :

- Bon sang, nous sommes en train de perdre presque un mois ! Viens nous voir au moins deux heures tous les jours, et prends tes repas avec nous, tu vas devoir t'habituer, de toutes façons.

Je fais une sorte de « pff » qui veut dire « à plus tard » ou plutôt « barrez-vous » et je les laisse partir avant de retourner me coucher. Obéir à Paul, n'importe quoi.

Par contre, manger matin, midi et soir des choses délicieuses, que je n'aurais pas été achetées (surtout en vélo), ni cuisinées, ni fait de vaisselle, franchement, ça vaut carrément le coup de supporter leurs discussions de bourgeois !

L'après-midi vers 16h, les bruits dans la piscine reprennent et je décide d'y aller. Tu vas voir, les deux heures par jour, où est-ce que je vais les passer ! Finalement j'ai tous les avantages, sans avoir à travailler pour ces débiles, c'est le top !

Alban et Noé sont à nouveau dans l'eau tandis que Mathias est toujours sur son ordinateur. Je ne demande pas la permission, j'enlève ma serviette et je plonge directement. Avec un maillot de bain, bien sûr.

Quand je ressors la tête, Alban m'envoie un ballon dessus en rigolant et en se cachant sous l'eau. J'attends qu'il remonte et je lui fais exactement le même coup. Les règles du jeu n'ont pas l'air trop bien définie : parfois il faut jeter le ballon sur l'autre et après, lui prendre des mains. Je me retrouve plusieurs fois tout contre Noé qui essaye de me le voler et je ne me laisse surtout pas faire pour être sûre de prolonger la sensation de ses mains sur mes bras ou même, l'espace d'un instant, sur mon ventre pour me retourner dans l'eau. Nous jouons un long moment puis je décide de sortir et pars sans même dire au revoir. 

Action ou vérité - Les héritières 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant