Action ou vérité - Les héritières 2

Chapitre 11

Nous nous faisons bronzer un petit peu et soudain, le téléphone portable de Paul, que j'ai pris pour lire sur Wattpad, émet un son. Ça alors !

Noé, à moins de deux mètres de moi, m'a envoyé en message sur ItsGon :

- Action ou vérité ?

- Action.

- Enlève le haut de ton maillot de bain.

Je lui lance un regard noir. Devant ses frères, la honte ! Mais il n'a plus l'air de bouder comme quelques minutes auparavant alors je dois absolument jouer le jeu parce que je ne veux pas que cette sensation recommence. Celle de Noé qui me déteste, je veux dire. Je me tourne sur le ventre et j'obéis. Personne ne peut rien voir. Il n'y a rien de plus satisfaisant sur cette planète que de clouer le bec à Noé de Maréville. A part à son père, peut-être.

Alban demande qui veut y retourner et Aline réponds que nous devons allez cueillir des cerises pour une grand-mère du village. Devant le regard interrogateur de Mathias, tandis que Noé n'a pas levé les yeux depuis quelques minutes, Aline leur explique que nous aidons souvent les personnes âgées et Mathias demande s'ils peuvent venir avec nous. Aline ne cache pas sa surprise :

- Vous trois, cueillir des cerises ?

Il est un peu vexé et elle en rajoute une couche :

- Vous ne risquez pas d'abimer vos petites mains ?

Il s'approche d'elle d'un air sévère :

- Attends que je te mette une fessée, tu vas voir si j'ai des mains petites !

Aline se tourne vers moi et je lui annonce d'un air solennel :

- Education à l'ancienne, les deux grands là, sont assez portés sur la chose !

Et Mathias reprend ;

- Exactement, ce ne sont absolument pas des paroles en l'air ! Et toi, n'insiste pas trop, je cherche toujours à comprendre comment Noé a réussi à te dresser !

- Ses fesses sont intactes, pour le moment !

- Tiens-donc, l'autre frère pervers se réveille ! On n'a pas besoin de vous pour les cerises.

- Nous venons quand même !

Nous quittons les lieux rapidement avec un avantage certain : nous avons nos habits sur place tandis qu'ils doivent rentrer pour chercher les leurs. Voilà le désavantage d'avoir un château de 1200 mètres carré...

Sur le trajet, je dis à Aline :

- Mathias à l'air d'avoir craquer pour toi, il ne parle jamais, d'habitude.

- Tant mieux, j'ai clairement l'intention de coucher avec lui. Déjà parce qu'il est canon mais surtout, pour lui tirer les vers du nez sur cette histoire avec son frère. Nous allons bientôt savoir ce que Monsieur De Maréville deuxième héritier au trône te reproche !

- Tu es une vraie copine !

- Bien sûr que je le suis !

Les garçons nous retrouvent dix minutes plus tard alors que nous sommes déjà dans l'arbre dans le verger de la voisine. Il n'y a que deux échelles et Aline me regarde d'un air entendu : nous allons faire comme s'ils n'étaient pas là ! Sauf que ces gros malins ont amené Alban, et lorsque celui-ci nous demande s'il peut nous aider, je finis par descendre de mon échelle et l'aide à grimper, pendant que les deux autres me regardent d'un sale air. Je lâche :

- Sympa les activités des milliardaires, passer l'été à cueillir des cerises !

Noé me dit d'un air cassant :

- Tu n'avais pas ce genre de réflexion, avant!

Il est tout à fait exact que j'ai souvent cueilli des cerises avec lui. Ou plutôt « volé ». Je détourne la conversation comme je peux :

- Et toi Mathias, quand est-ce que tu es monté dans un arbre la dernière fois ?

Il ne répond rien et tient l'échelle de mon amie, ce qui est un geste beaucoup plus chevaleresque qu'on ne pourrait le croire. Jusqu'au moment où il ajoute :

- Très beau string, Aline !

J'éclate de rire. Mince ! Dans nos codes d'amitié, je viens de la trahir !! Mais c'était vraiment drôle. Elle se dandine en montant encore d'un cran et Mathias devient beaucoup plus sérieux :

- Arrête, tu es trop haut !

- Pas du tout, j'ai l'habitude !

- Aline, descend de là !

- Voilà pourquoi on ne voulait pas de vous, les dandys !

Elle monte encore d'un niveau, sauf que la branche sur laquelle elle s'appuie devient trop molle et cela l'a fait tomber de quelques centimètres. Elle a le temps de se rattraper sur les côtés mais je sens qu'elle vient de se faire peur, et peut-être un peu mal. Mathias grogne :

- Qu'est-ce que je disais, bon sang ! Tout ça pour faire ta maligne !

Elle descend avec un air furieux :

- C'est toi qui appuies sur la branche, tu as failli me faire tomber ! Voir même me tuer !

Elle s'arrête une seconde et reprend d'un air tout aussi brutal :

- Alors, tu as l'intention de te faire pardonner comment ?

Oh. Parfois je soupçonne qu'Aline soit le diable en personne. Tout le monde a toujours pensé que c'était un homme, mais si ce n'était pas le cas ?

Mathias tombe dans le piège immédiatement.

- J'aurais bien tout un tas d'idées.

- Ça m'étonnerait beaucoup que ça vaille le coup !

Il s'approche d'elle tout en réalisant qu'il n'a aucune raison de la toucher, puis fini par en trouver une :

- Tu ne t'es pas fait mal ?

Il la prend par les deux bras tout doucement et je découvre un autre Mathias. Vraiment chevalier !

Une énorme voiture avec les vitres teintées arrive à ce moment-là et Mathias lâche immédiatement sa grande blessée de guerre tandis que Paul descend du véhicule et vient nous saluer.

Je dis tout haut à Aline :

- Quand je te dis qu'ils sont envahissants, des vrais pots de colle !

- Est-ce que vous vous joignez à nous pour le dîner les filles ? Apportez les cerises !

Il repart sans nous laisser le temps de répondre.

Nous continuons notre tâche en silence et finissons par remplir deux beaux paniers. Nous déposons le premier chez la grand-mère en passant puis rentrons au château.

Alors que nous arrivons sur la terrasse, Paul nous propose d'un air naturel alors que c'est clairement un ordre plutôt qu'une suggestion, d'aller nous changer.

Je prête une robe à Aline, qui décide que nous n'allons rien mettre en dessous, du tout, puis nous arrivons au château par derrière pour que je lui montre où se trouve la chambre de Mathias, vu qu'elle a l'intention d'attaquer le soir même.