Chapitre 4

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Il grogne dans mon dos :

- Lisa !

- Passe une bonne journée !

Sauf qu'en marchant, je réalise que la jupe est vraiment très courte. Je tire dessus autant que je peux mais cela ne change rien.

Noé me rattrape et me colle contre le mur. Je soutiens son regard et sa bouche trop près de la mienne pour lui dire :

- Vas-tu passer tout l'été à me courir après ? C'est déjà ce que tu faisais avant, apparemment, non ?

Un éclair de colère passe dans ses yeux et il s'approche encore plus prés. Sa main remonte dangereusement sur ma cuisse, et passe sous ma jupe. Il caresse le haut de ma jambe sur le côté, là ou devrait se trouver une culotte. Il chuchote :

- Sauf que les rôles sont inversés, je vais te rendre dingue de moi et lorsque ce sera le cas, je t'abandonnerai comme tu me l'as fait !

Ça alors, de quoi parle-t-il ?

Ses doigts continuent à me caresser tout doucement la partie juste en dessous de la hanche. Comment peut-il s'agir d'une zone aussi érogène ? C'est en même temps érotique, et d'une tendresse infinie.

Il me lâche subitement pour s'éloigner et je pose la main par-dessus ma jupe, à l'endroit où il se trouvait à l'instant, comme si ça me brûlait.

Je fonce à la grange chercher le tracteur tondeuse. Je fais un premier voyage pour aller chercher une culotte, parce que je ne peux absolument pas rester comme cela. Je suis tellement absorbée par le geste de Noé que je ne pense même pas à remettre des habits à moi !

Vers midi trente Thierry me demande de rejoindre le château pour manger. Pensant le faire avec le personnel, je passe à côté de la table de la terrasse et réalise qu'il y a cinq assiettes, en imaginant que les Maréville reçoivent probablement un prince saoudien, un président de la République ou n'importe qui de leur rang. Un De Vas-te-faire-foutre, peut-être ?

En arrivant à la cuisine, Lucie, chef cuisinière de la famille ayant probablement remplacé Mathusalem, m'indique que je mange avec « Monsieur et ses fils ». Pas même en rêve ! Et pourquoi, d'abord ? Je réalise que si je dis quelque chose, je ne vais pas m'en sortir et je réponds « Ok » comme une bonne fille sage en prenant la direction de la terrasse, puis de chez moi.

Je prends de quoi manger à la maison et je fonce me cacher dans la forêt au cas où ils me cherchent. Je monte dans un arbre sur lequel j'ai installé des planches, pas très loin, ce qui me donne un autre super poste d'observation.

Soudain, Noé arrive en golfette électrique. Ma température monte à 42 degrés en le voyant entrer chez moi. J'aurais dû rester, en fait ! Il ressort aussitôt et vient immédiatement dans ma direction. Mince, cet idiot me connait trop bien. Il cherche un peu en hauteur et me trouve en quelques secondes.

- Comme dit mon père, tu es prévisible à tous les niveaux. Nous étions persuadés que tu ne daignerais pas te joindre à nous pour manger.

Je répète telle une adolescente en imitant un accent bourgeois :

- « Ne daignerais pas te joindre à nous pour manger ! »

Il ignore ma remarque et continue :

- Et je savais aussi que tu ne pourrais pas t'empêcher de vérifier si on venait te chercher, et que tu serais en hauteur pour te cacher. Descend de là immédiatement.

Je ne réponds pas, je fais juste « Hum hum ».

- Tu ne perds rien pour attendre !

Oh bon sang, Noé commence à grimper à mon arbre !

- Noé, arrête, la branche n'est pas assez solide pour nous deux !

- Lequel est le plus têtu, entre nous, à ton avis ?

Pour l'ancien Noé, celui que je connais, j'aurais dit moi sans hésiter, mais là, il va nous tuer !

- Si tu continues à monter, ton père va probablement te fouetter !

Il s'arrête un instant.

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- Les marques dans ton dos ?

- N'importe quoi. Mon père m'a corrigé quelques fois, souvent à cause de toi d'ailleurs, mais jamais avec un martinet où je ne sais pas ce que tu as imaginé. Je me suis fait ces marques à cause de toi, Lisa !

- Pardon ?

- En glissant d'un arbre justement, je n'ai rien voulu te dire parce que je ne voulais pas passer pour un faible, mais je m'étais fait vraiment très mal. Les cicatrices n'ont jamais disparu.

Oh. Et cet idiot est en train de grimper et il va se faire mal à nouveau.

- C'est bon, je descends !

Il se laisse tomber au sol et reste contre l'arbre et en arrivant vers lui, je suis coincée par ses bras comme tout à l'heure.

- Tu ne t'es pas changée ?

- Non.

- As-tu remis une culotte ?

Comme je ne réponds pas, il repasse les doigts sous ma jupe.

- Lisa, action ou vérité ?

Oh !

Oh !! Comment me sortir de là ?

- Action.

- Enlève cette culotte.

Non ! Noé est devenu carrément... je ne sais pas, en fait ! Pervers ? Hot, ça, c'est sûr !

Normalement, la règle du jeu est qu'on a l'obligation d'obéir au défi lancer par son adversaire. Mais je suis tétanisée. J'ai fait la maligne tout à l'heure en changeant de t-shirt devant lui mais là, baisser mon slip en étant tout à sa merci, c'est très déstabilisant.

Autant l'admettre, je ne sais pas quel effet cela lui ferait à lui, mais je sais très bien ce que ça va me faire à moi. J'ai très envie de lui, à cet instant précis. Je n'ai jamais ressenti ce besoin d'avoir l'autre contre soi, et de savoir que notre envie va même plus loin, qu'on ne sera rassasié qu'en recevant cette personne en nous. J'imagine que la sensation est un peu différente pour les garçons.

- Mauvaise joueuse !

D'un seul coup, il tire mon tanga vers le bas et l'enlève en soulevant une jambe après l'autre malgré le fait que j'essaye de l'en empêcher. Il me prend les deux bras par derrière et me fait avancer devant lui.

- Noé, arrête, tu me fais mal !

- Je m'en fiche complétement. Toi, à quel moment as-tu arrêté de me faire mal lorsque nous étions enfant ?

- De quoi est-ce que tu parles, enfin ?

Il me retourne brusquement, tenant toujours mes bras dans mon dos mais le visage à nouveau contre le mien.

- J'étais amoureux de toi, Lisa, comme un dingue ! J'étais prêt à tout pour toi, et tu ne voyais jamais rien. Tu parlais de Mathias en permanence !

- Mais enfin, nous étions des gosses ! Nous ne savions même pas ce qu'« aimer » voulait dire.

- Moi, je le savais très bien ! J'ai même...

Il ne termine pas sa phrase.

- Tu as quoi ?

- Rien, avance !

Bon sang, est-ce que cette journée va bientôt finir ?

Noé m'oblige à monter dans la golfette puis m'emmène manger. Je suis trop fatiguée pour résister à nouveau. J'essaye juste de tirer sur ma jupe en permanence pendant que ce pénible rigole. 

Action ou vérité - Les héritières 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant