Ouvrir les yeux - version Skyblog (Kilari)

Chapitre 14 : Je pense à toi

            Cela faisait maintenant six semaines qu'Hiroto était parti. A son arrivée en Amérique, la célèbre Tina Garlande était venue en personne le chercher à l'aéroport. Bien qu'ayant tenté d'être discrète, la jeune femme avait rameuté tout un tas de paparazzis. Ceux-ci s'étaient alors fait une immense joie de la prendre elle et son nouvel ami en photos. Les magazines les présentaient comme deux amants qui se retrouvaient après une longue séparation. On parlait même d'une relation secrète vécue à distance depuis quelques temps déjà. Évidemment, Tina avait aussitôt démenti ces propos, mais tout le monde s'était dès lors tourné vers le jeune homme.

Qui était-il ? D'où venait-il ? Que faisait-il ? L'Amérique – et par conséquent, le monde entier – découvrait peu-à-peu un nouveau chanteur talentueux. Il était aussi fait mention de son partenaire Seiji Hiwatari et de leur producteur, Monsieur Muranishi. Face à l'engouement qu'avait suscité le beau brun, de nombreux réalisateurs avaient proposé un contrat aux Ships. Mais tous étaient ajournés tant qu'Hiroto poursuivait son stage.

Un stage qui lui prenait tout son temps. Il n'aurait jamais imaginé que deux disciplines – danse et chant – puissent se décliner en autant de matières ! Il lui était parfois difficile de ne pas toujours pouvoir parler à ses petits frères quand il en avait envie. Le décalage horaire était une vraie plaie...

Hiroto était allongé dans son lit, les mains croisées derrière la tête. Il était perdu dans ses pensées et soupira. Il regarda son portable pour la quinzième fois depuis les cinq dernières minutes. C'était le début de l'après-midi au Japon... Finalement, il aurait peut-être bien eu besoin d'avoir un petit gris-gris avec lui. Quelque chose pour lui assurer que cette petite idiote qu'il avait laissée là-bas ne l'oublierait pas si facilement...

Dire qu'elle avait cru qu'il la zapperait sitôt qu'il aurait posé un pied en Amérique. Ils n'avaient pas pris en compte la possibilité que ce soit elle qui ne pense plus à lui...

Il se redressa et sortit un magazine de sa table de chevet. Il avait eu du mal à le trouver, mais il y était arrivé. Il avait eu besoin d'avoir de leurs nouvelles sans pour autant oser le leur demander. Après tout, Kilari ne lui parlait pas beaucoup, lui donnant parfois l'impression de le bouder. Quant à Seiji, il se contentait de lui donner quelques brèves réponses. Alors quand il était tombé sur un magazine Japonais, il avait d'abord été heureux. Puis son sourire s'était vite estompé lorsqu'il avait vu que Kilari et Seiji était toujours fourrés ensemble, pour le plus grand bonheur des paparazzis. Cela dit, il ne l'aurait peut-être pas aussi mal pris si le titre n'avait pas été si explicite : Quand le chat n'est pas là, les souris dansent... Penser à ses deux meilleurs amis qui flirtaient sans doute dans son dos le révoltait. Il se sentit soudain plus isolé que jamais et essaya de se rassurer en se disant que c'était le manque d'eux qui le rendait...

Quoi ? Jaloux ?

Il balança le magazine dans un coin de la chambre, furieux, et se recoucha. Pourquoi cette petite idiote profitait de son absence pour se déclarer à leur ami ? Pourquoi ne l'attendait-elle pas ? Il aurait certainement pu l'aider ou... l'en dissuader. Il se passa la main sur le visage, surpris par la force de sa propre réaction. Depuis quand l'idée de les voir ensemble l'énervait autant ?

Il fronça les sourcils et ferma les yeux. Oh super, vraiment. Maintenant qu'il était en colère, il pouvait être sûr qu'il ne dormirait pas de sitôt !

De l'autre côté du Pacifique, Kilari était en pleine séance de dédicaces. Elle mettait toujours un point d'honneur à signer ses autographes jusqu'au dernier, c'est pourquoi sa manager s'efforçait de ne jamais lui programmer autre chose le même jour. De nombreux fans s'étaient déplacés pour l'occasion. Beaucoup étaient déjà passés, mais il en restait encore énormément. Peut-être bien qu'un jour elle trouverait cette tâche lassante – quoi qu'elle en doutât sérieusement – mais pour l'heure elle adorait ! C'était tellement excitant de rencontrer ses admirateurs !