Chapitre 23 : Discussion & contestations

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Kilari tenta de calmer le sursaut de panique qui menaçait de la submerger. Elle n'était pas du genre claustrophobe. Pourtant, là, dans cette pièce avec ce garçon si merveilleusement beau, elle avait l'impression d'étouffer.

Hiroto : Tu commences ou je commence ?

Kilari : Je n'ai rien à te dire.

Hiroto – croisant les bras sur son torse : T'en as pas marre de toujours te répéter ? En plus c'est faux. T'es en colère, t'as forcément un truc à me dire. N'importe quoi, vas-y. – Après un moment de silence – Tu semblais beaucoup plus bavarde quand tu me prenais pour Erina.

A ces mots, Kilari se figea. C'est vrai, elle avait parlé en toute confiance – mon Dieu, dire qu'elle associait ce mot et cette fille ! – alors qu'elle pensait qu'Erina l'écoutait. Soudain elle réalisa qu'elle aurait très bien pu lui révéler ses sentiments sans en avoir l'intention, et cette révélation lui fit peur. Lorsqu'elle regarda vaguement Hiroto, celui-ci remarqua aussitôt que son teint était plus pâle et l'espace d'une seconde, il craignit qu'elle ne tombe dans les vapes. S'approchant lentement – il ne voulait pas la brusquer – il essaya de la tranquilliser en adoucissant sa voix.

Hiroto : Parle moi comme tu l'as fait quand tu croyais que c'était elle. S'il te plaît, Kilari. Il faut qu'on s'explique pour...

Kilari – le coupant : Je ne veux pas de tes explications ! Elles sont toujours vaseuses et incomplètes ! – Haussant le ton – Ça t'amuse peut-être de m'embobiner à longueur de temps, mais moi j'en ai marre de toujours tout te pardonner ! Il est hors de question que je te laisse me faire souffrir une seconde fois !

Espérant lui montrer qu'elle en avait fini avec lui, elle s'avança pour quitter la pièce. Mais il était tout bonnement hors de question pour Hiroto d'essuyer un nouvel échec. D'autant plus que Seiji risquait de le dépecer s'ils ne se rabibochaient pas avant de sortir de la loge ! Il lui barra alors le passage de son corps, espérant gagner du temps. Elle leva les yeux vers lui, d'abord légèrement désorientée. Puis elle fronça les sourcils et lui demanda – ordonna – de la laisser passer. Ce qu'il refusa tout net. La jeune chanteuse le fusilla du regard et le bombarda de tout petits coups de poings. Il aurait pu trouver ce petit manège amusant – les coups de Kilari ne représentant rien de plus qu'une piqûre de moustique ; désagréable, certes, mais pas mortel – si cela ne lui permettait pas de mesurer toute l'étendue de sa colère. Une colère qu'il ne s'expliquait pas.

Or, il voulait une explication.

Hiroto – retenant ses poignets : Te faire souffrir ? – Il secoua la tête, renfrogné – Ça n'a jamais été mon intention.

Elle se débattit encore un peu, sans doute pour la forme. Puis elle se calma. Pendant ce temps, Hiroto cherchait désespérément comment il avait bien pu la faire souffrir. Il n'avait fait que lui cacher une petite partie de l'histoire. Pas de quoi en faire un drame ! C'était plutôt lui qui avait souffert, à cause d'elle et de ses caprices. Lui qui avait été tenu à l'écart pendant ces huit longues et interminables putains de semaines ! Comment pouvait-elle se victimiser alors que la seule et unique victime présente dans la pièce, c'était lui !

Hiroto : Oké, bon, puisque tu ne veux pas de mes explications, je veux entendre les tiennes. Je veux savoir pourquoi tu as réagi aussi excessivement ce soir-là. Pourquoi tu as condamné ta porte, chez Tina, et pourquoi tu as prit un taxi le matin en disant à Seiji que vous vous retrouviez directement dans l'avion. Pourquoi tu n'as jamais répondu à aucun fichu messages que je t'ai envoyés. – Articulant en haussant la voix – Aucun putains de fichus messages bordel !

Kilari avait baissé la tête, plaidant mentalement coupable à toutes ces semblant d'accusations. C'est vrai qu'elle s'était emportée et s'était conduite comme une lâche. Mais... le garçon dont elle était folle amoureuse depuis deux ans venait d'en embrasser une autre et – pire – il le lui avait caché. Pourquoi ? La seule explication possible justifiait toutes ses réactions. Ce baiser comptait pour lui. Elle ne voyait pas d'autres explications possibles...

Ouvrir les yeux - version Skyblog (Kilari)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant