Ouvrir les yeux - version Skyblog (Kilari)

Chapitre 29 : Le procès.

Erina - répétant : Me dire quoi, Seiji ?

Sans se retourner, Seiji ferma les yeux et se pinça l'arête du nez. Bien évidemment, il fallait qu'elle arrive à ce moment-là. Quel karma de meeeeerde ! Il inspira et inclina la tête sur le côté, se préparant à lui répondre. Ce fut pourtant madame Kumoï qui prit la parole la première.

Kumoï : Bonjour Erina. Je te présente Selma Fitzger et son agent. Tu dois probablement reconnaître Selma ?

Erina, qui n'avait pas quitté Seiji des yeux depuis son arrivée inopinée, accorda finalement son attention à son manager avant d'examiner le manequin américain. Elle savait parfaitement qui elle était. Elle faisait la plupart des photos de couvertures des magazines de mode ces deux dernières années et jusqu'à présent, Erina admirait son travail... Mais plus vraiment depuis qu'elle avait lu le journal de Kilari. Selma était censée être la gentille. Tout du moins dans l'imaginaire de Kilari, puisqu'elle ne courrait pas après Hiroto. Il en était tout autrement pour Seiji. Et si Erina avait encore conservé quelques doutes là dessus, la seule façon dont cette intruse la toisait suffisait à l'en persuader derechef. Il n'y avait nulle trace de bienveillance en Selma. Pas en ce moment même en tout cas.

Comme Erina ne pipait mots, Kumoï décida de poursuivre son explication.

Kumoï : Bien, hum... Selma étant au Japon quelques temps, il nous a paru intéressant de l'intégrer au paysage culturel par l'intermédiaire d'un membre de l'agence.

Erina - pivotant vers Seiji : Seiji...?

Ce fut plus une prière qu'une réelle question. Et Seiji le comprit aussitôt. Elle cherchait son regard, n'obtint pas satifaction. Il fixait le bureau devant lui et sentait la détresse de sa camarade. Et cela lui retourna littéralement l'estomac. Il ne pouvait pas lui expliquer ce qu'il ne s'expliquait pas lui même. Comment en étaient-ils arrivés là ? Il ne le savait pas. Lui qui avait tout fait pour retarder l'échéance s'en trouvait désormais privé au moment même où il réalisait qu'il en avait réellement envie.

Kumoï : Oui, Seiji.

Erina hocha la tête. Même si Kumoï n'avait pas compris qu'elle ne posait pas véritablement une question, elle savait qu'il fallait couper court à la situation et au malaise qui ne cessait de croître. Au moment où elle allait les inciter à prendre congé, Selma se penchant en avant, attirant l'attention de tout le monde.

Selma : Excusez-moi... Que se passe t-il ?

Une furieuse envie de la gifler se fit ressentir chez Erina. Surtout lorsqu'elle s'aperçut que cette pét... patate parvenait à capter le regard du beau blond. Evidemment, quand il s'agissait de Selma le beau blond réagissait beaucoup plus vite... Elle ragea intérieurement. Comment pouvait-il l'évincer aussi facilement pour aller parader avec cette petite dinde ? Et sans parler du plan personnel qu'il avait lamentablement et scandaleusement piétiné, comment osait-il s'en prendre ainsi à sa carrière ? Il savait que cette séance photo était importante pour elle !
Elle ferma les yeux en réalisant qu'au fond, sa carrière n'était qu'une excuse. Elle avait été la seule à s'enthousiasmer pour ce projet et, désormais en pleine désillusion, elle se rendait compte que jamais à aucun moment il en avait été de même pour lui... Touchée en plein coeur, elle s'apretait à décamper lorsque Seiji intervint. Enfin.

Seiji : Je pourrai... avoir cinq minutes pour lui parler ? S'il vous plait ?

Plus furieuse encore qu'avant, Erina répliqua au moment même ou leur manager aquiesçait.

Erina : Je ne pense pas que ce soit la peine. Je ne suis pas stupide, merci.

Et sans attendre elle tourna les talons. Vite. Il n'avait qu'à rester avec l'autre andouille aux faux airs innocents. Ce qu'elle avait besoin maintenant, c'était de trouver quelqu'un avec qui elle pourrait laisser éclater sa rage. Et son chagrin. Loin de l'étonner, cette constatation la fit fulminer plus encore. Depuis quand se mettait-elle dans des états pour quelqu'un, hein ?