Ouvrir les yeux - version Skyblog (Kilari)

Chapitre 46 : Trêves (partie 1).

Erina – en stoppant leur progression : Attendez une petite minute. La personne dont vous me parlez, c'est Seiji Hiwatari ?

Madame Roald – extatique et bien loin d'imaginer qu'on puisse ne pas être submergée de joie à cette rencontre : Lui-même ! Il est un de nos membres les plus actifs ! Qui l'eut cru, n'est-ce pas !

Erina – feignant l'excitation : Hé hé, n'est-ce pas...

Une excitation bien fade qui, si elle fit illusion auprès de madame Roald, ne trompa pas notre homme.

Seiji – saluant poliment : Mesdames. On m'a parlé d'une visite guidée... privée.

Erina – mentant : Oh non, ce n'est plus la peine, merci. – Puis regardant son poignet auquel ne figurait aucune montre – mon Dieu que le temps file ! Je dois...

Madame Roald – terminant à sa place : Absolument prendre de temps de visiter notre parc, je vous assure. Allez-y, profitez-en, il est tout à vous !

Et elle partit en direction de la voiturette qui avait dû mener Seiji jusqu'à elles, laissant à Erina le loisir de se demander si en matière de profit elle parlait du parc ou de Seiji...

L'automobile miniature démarra rapidement et dans un nuage de poussière, déserta leur champ de vision. Erina étudia le profil de Seiji avant qu'il ne se consacre entièrement à elle.

Erina – demandant, sceptique : Avoue : tu l'as payée pour qu'elle soit de ton côté, pas vrai ?

Seiji – haussant les épaules : Disons plutôt que c'est une admiratrice et une femme de goût. Et elle croit dur comme fer que nous avons des arrangements à faire pour notre concert.

Erina : Notre concert ?

Seiji : Ton concert.

Elle le considéra un instant, cherchant une réplique acerbe qui ne vint pas.

Erina : Kumoï savait ?

Seiji : Ça n'entre pas dans mon champ professionnel, seulement le tien.

Erina : Ce n'est pas une réponse.

Seiji – reprenant : Kumoï n'est pas stupide. Elle a bien dû se douter de quelque chose en voyant le nom du parc ; elle sait que je le parraine. Mais non, techniquement, elle n'était pas dans la confidence.

Devant la moue dubitative de sa jeune amie, il sut que l'interrogatoire n'était pas terminé et pourtant il s'en réjouissait : une Erina curieuse valait mieux qu'une Erina mutique ! Aussi entreprit-il de faire trois pas en direction de l'aire zoologique, loin des cabanons réservés aux membres du personnel. Sans se rendre compte de sa stratégie, Erina lui emboita le pas, bien décidée à avoir le fin mot dans toute cette histoire.

Erina : C'est toi qui as donné mon nom pour le défilé ?

Seiji – niant en secouant la tête : Vraiment pas. – Affichant un sérieux qui lui allait si bien, il poursuivit – Tu me prêtes plus de pouvoir que je n'en ai réellement. Ne confonds pas l'ordre chronologique ; d'abord ils t'ont choisie pour l'évènement haute couture qui se préparait, puis ensuite seulement ils ont émis l'idée de proposer un concert pour jouer sur tes deux talents.

Erina : Et toi, tu te places où dans tout ça ?

Ils débouchèrent sur une zone du parc accessible au public et Seiji n'eut même pas besoin de consulter les panneaux alentours pour choisir sa direction. Il remonta d'instinct une allée ombragée pour revenir sur la voie principale, la jolie tornade méfiante toujours sur les talons.