Venin Amoureux

36. Madrid

Luciana

1h47
  Respire, respire, respire, respire...fuis.

  Ma vision floutée par mes larmes. Il va le tuer.

  Ma mère crie, elle a peur. Tout comme moi.

  Elle le supplie d'arrêter, elle est paniquée.

  Je pleure, j'ai peur.

  Il dit qu'il a rater quelque chose avec son gosse.

  Il dit que c'est la honte de la famille.

  Il le frappe.

  J'ai peur. Je suis terrifiée.

  Il dit qu'il ne sera jamais normal.

  Il dit qu'il ne mérite que ça.

  Il va le tuer putain.

  Il va le tuer.

  Je me réveille en sursaut, transpirante, essoufflée. Cette partie de ma vie que j'ai tant cherchée à oubliée, que j'ai enfermée dans des cartons, menace de revenir me hanter. J'ai vécu mes dix premières années à Madrid. J'ai vécu mes plus gros traumatismes à Madrid.

  Je me suis toujours promise de ne jamais y retourner, de ne jamais parler de cette période, de ne jamais y repenser. Mais quand Heather nous a parlés de ce fournisseur, j'ai replongée dans mon passé.

  Adamo m'a dit hier que nous allons partir le plus tôt possible...donc aujourd'hui...

  Madrid. L'air chaud, les gens, l'Espagne. Adamo descend nos valises de la voiture tandis que j'admire le magnifique jardin. Adamo a acheté une villa pour notre séjour. Heather et Lyann ont eux aussi chacun leur logement, tout près du notre.

- Luciana, tu viens ? M'interpelle Adamo, nos valises dans les mains.

  Je hoche la tête et le suis sur l'allée menant jusqu'à l'immense baraque. J'observe tout sur mon passage.

  Le soleil chauffe mon visage ainsi que mes bras et mes épaules nus. Ce voyage me rappelle celui de Los Angeles. Mais cette fois je ne suis pas dans le manoir Blake. Cette fois je suis dans mon pays natal. Adamo ouvre la grande porte et me fais rentrer. Je découvre alors l'intérieur moderne de cette villa. Des baies vitrées un peu partout, une piscine intérieure dans une véranda, un étage accessible par un très bel escalier et une cuisine plus que spacieuse. Le salon aussi est immense, un canapé en cuir blanc décore parfaitement la pièce.    

  J'entends Adamo monter à l'étage, je finis mon observation et le suis. Nos deux chambres sont l'une en face de l'autre. Adamo pose ma valise dans la deuxième chambre tandis qu'il prend la première.

  Ma chambre est spacieuse, illuminée par une immense baie vitrée donnant sur un balcon, la vue est splendide !

- Alors ? Comment tu la trouves ? Questionne une voix masculine dans    mon dos.

- Cette villa est incroyable, dis-je en me retournant, je dois avouer que tes goûts sont plutôt pas mal Adamo.

  Un sourire se dessine sur son visage. Il est contre l'embrasure de la porte, les bras croisés sur son torse. Ses yeux bleus fixe mon visage doucement, il essaie de me décrypter, de savoir pourquoi je semble si stressée.

- Est-ce que tout va bien ? Finit-il par dire.

- Madrid n'est pas...je n'ai pas passé mes meilleures années dans cette    ville.