Déicide - Tome 2 - Un espoir doré

Chapitre 32 : Le défi

Trois immenses arbres, les plus larges du village, s'entrelaçaient pour former le palais du clan Sylvéria. Positionnés en triangle, ils s'ouvraient les uns sur les autres, leurs branches se mêlant entre elles pour former des passerelles pour passer d'une section à une autre. En son centre, les écorces des trois arbres se rejoignaient pour former la salle du trône, une vaste pièce dominée par un trône de bois qui semblait aussi régal que s'il était forgé d'or et incrusté de diamants. Des feuilles et des fleurs couvraient les murs telles des tapisseries qui donnaient du caractère au siège du pouvoir de l'un des plus influents clans elfiques.

Un murmure incessant remplissait la pièce, les plus importants notables du village s'étant hâtivement rassemblés pour assister à une audience exceptionnelle. Ils jaugeaient sans retenue les intrus qui avaient causé un émois sans nom.

Ou pour être plus exact, ils regardaient l'un d'entre eux. Même ses compagnons fixaient inlassablement Sieg qui fuyait tout les regards, les yeux dans le vide. Farca comprenait que la nouvelle de sa lignée l'avait frappé, réalisant qu'il avait une famille dont il n'aurait jamais pu soupçonner l'existence.

Bélial sembla s'être fermée au reste du monde. Ses yeux rivés vers le sol, elle n'avait plus accordé un seul regard à son partenaire qui n'osait pas se tourner vers elle.

Les bruis de fonds se turent quand la reine entra dans la salle du trône, suivie du reste de sa cour. Parmi eux, l'écarlate reconnue Lorelya, toujours dans sa combinaison verte qui la dissimulait intégralement. Près d'elle se tenait une femme en armure au regard dur qui le transperçait du regard. Ses oreilles un peu plus longues que celles d'un demi-elfe lui firent deviner qu'il s'agissait de la mère de l'archère, et donc la petite-fille du bretteur.

Sieg déglutit, sentant les jugements de toute la salle peser sur lui. Un regard en particulier était lourd. À côté de la reine qui prenait place sur le trône, un elfe aux traits plus fins que la moyenne le fusillait du regard, le fixant avec autant de plaisir que les restes des excréments qui se seraient collés à ses bottes. Si tous les autres elfes avaient une pointe de curiosité qui nuançait l'animosité qu'ils ressentaient pour l'écarlate, cette homme là n'avait que de la haine pour lui, maudissant sa venue de tout son être. Sieg repéra dans le groupe face à lui des individus qui tantôt lui ressemblaient, tantôt avaient les traits de la reine, le menant à comprendre qu'il s'agissait du roi, expliquant son aversion envers lui.

Larya remarqua la façon que son époux dévisageait Sieg et se racla la gorge pour attirer son attention. L'homme échangea un regard avec sa femme qui lui fit comprendre sans un mot de faire preuve de plus de respect au risque de s'attirer sa colère. Le roi grimaça et ignora le bretteur en serrant les dents. La reine délaissa son mari et prit la parole.

– Vous devez êtres les premiers humains à fouler le sol de la salle du trône. Même nos esclaves ne sont pas autorisés à l'approcher. J'espère que vous comprenez l'honneur qui vous a été fait et saurez vous comporter en conséquence.

Farca risqua un regard vers Bélial. Elle vit que la démone n'avait ni la force, ni la motivation de faire des siennes, ce qui était plus inquiétant que rassurant.

– Vous affirmez avoir des informations vitales à la survie de mon clan, poursuivit Larya d'un ton hautain. D'ordinaire, nous ne prendrions même pas le temps d'écouter de telles inepties de la part de votre engeance, mais...

Sieg fit de son mieux pour ne trahir aucune émotion quand la reine concentra toute son attention sur lui, un acte qui faisait fulminer le roi.

– Je connais bien le caractère de l'un d'entre vous. Bien qu'il soit coupables des pires crimes commis envers notre peuple, je sais qu'il s'agit d'un homme d'honneur qui ne se risquerait pas dans le village où il est le plus détesté au monde sans une excellente raison. Pour cette seule raison, je vous autorise à partager vos craintes avec nous. Vous avez intérêt à être convaincants si vous espérez sortir d'ici libre après.