Chapitre 74 : La tension après le combat

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Réveillé par un mal de crâne colossal lui rappelant la fois où il avait essayé une bière orque, Jan grimaça et se massa le front. Aveuglé par la lumière, il ne pouvait que plisser les yeux, l'empêchant de bien distinguer le visage de la personne qui le forçait à rester allongé.

– Doucement mon beau, tu as pris un sale coup. Ne vas pas trop vite.

Reconnaissant la voix de sa femme Sillia, Jan se détendit. Elle avait toujours un don pour le calmer, même quand il était hors-de lui. En se laissant le temps de prendre ses repaires, il reposa sa tête et comprit que les jambes de sa femme lui avaient servi d'oreiller, le faisant sourire.

– Toujours à jouer les infirmières avec moi, hein ?

– Il faut bien que quelqu'un s'occupe de toi, mon Yanou...

– Tu as vraiment de la chance d'avoir une femme comme elle...

Jan ouvrit les yeux en grand et tourna la tête. Maintenant qu'il y faisait attention, il comprit qu'il était dans son vestiaire et que lui et Sillia n'étaient pas seuls. Assis sur une chaise, Sieg le fixait, le menton posé dans la paume de sa main. Derrière lui, Bélial était penchée et l'enlaçait, roucoulant presque en frottant sa joue contre la sienne.

– Tu peux parler, enfoiré... ricana Jan en se frottant les yeux. Que serions-nous sans nos femmes, hein ?

Sieg se pencha en arrière avec une moue songeuse

– Dans mon cas, mort dans un fossé, je pense... Pour toi, je n'ose pas imaginer...

– Et tu n'as pas besoin de le faire, souffla Sillia en caressant le visage de Jan. Plus de combats pour un moment, d'accord ? Si tu avais affronté Cyril, tu n'aurais pas autant souffert...

– Quoi ? Mais Bélial est juste...

– Yanou...

L'expression de Sillia restait sereine et apaisante, mais quelque chose dans sa voix fit frémir le lutteur qui comprenait qu'il n'allait pas gagner ce combat. Restait à savoir s'il le perdrait avec dignité ou avec sa fierté en bouillie.

– Plus de combats... ronchonna Jan en boudant comme un enfant, ce qui fit rire sa femme.

– J'aime mieux ça... Et sinon vous deux, j'espère que vous ne passez pas vos journées à affronter milles dangers. Il y a plus que ça dans la vie.

– Ouais, t'inquiètes pas, on l'a compris ! répondit Bélial en serrant encore plus fort son partenaire. D'accord, il y a encore de la bonne baston, mais on varie les plaisirs ! Là, on était en train de visiter la ville quand j'ai eu envie de voir le combat !

– Donc, même quand tu ne te bats pas, tu penses à la baston... résuma Sillia en levant les yeux au ciel.

Oh non, ne t'en fais pas... Comme elle l'a dis, elle varie les plaisirs... Le reste du temps, elle pense juste à se taper son homme... Ou à manger, boire, rigoler... Comme quoi, elle a beaucoup de passe-temps...

– Et Cyril au fait ? demanda Jan. Qu'est-ce qu'il...

– Dégage du chemin, je dois voir ce connard !

Tous les regards se reportèrent sur la porte du vestiaire par-delà de laquelle on pouvait entendre une commotion. Sieg soupira et éleva la voix.

– C'est bon Adam, tu peux le laisser entrer, je l'attendais !

La porte s'ouvrit en fracas, révélant le visage rouge de Cyril qui balayait la pièce d'un regard haineux. Il ignora Jan qui profitait encore des cuisses de son épouse et se concentra sur Sieg qui le fixait, frais comme un gardon et dans les bras d'une femme.

Déicide - Tome 2 - Un espoir doréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant