Chapitre 79 : Ne jamais rien lâcher

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Il faisait sombre.

Où que Bélial se tournait, elle n'apercevait que des brumes obscures qui semblaient tournoyer autour d'elle pour la narguer. Elle essayait de hurler, mais aucun son sortait de sa bouche.

La démone avançait à la recherche d'une issue, d'un moyen de revenir à la lumière, mais nulle lueur à l'horizon lui promettait une échappatoire à ce dédale de ténèbres qui la gardait coupée de tout. Mais elle continuait d'avancer car elle n'en pouvait plus. L'obscurité n'était pas un problème en soit, mais la barbare se sentait seule, si terriblement seule. Comme si une part de son âme venait de lui être arrachée.

Dans un recoin de son champ de vision, les brumes semblèrent prendre deux formes singulières. La jeune femme tourna pour les distinguer plus clairement, mais malgré ses efforts, ce qu'elle convoitait s'obstinait à demeurer juste à la frontière de sa vision.

Puis, les deux figures se séparèrent. L'une, avec un chapeau, se tenait tout à sa gauche. L'autre, aux longs cheveux, l'attendait à sa droite. Comme si elles lui disaient de faire choix. Mais comment, quand elles refusaient toutes les deux de l'approcher ?

Épuisée, Bélial tomba à genoux et se mit à pleurer. Elle ne voulait pas choisir. Elle ne voulait pas abandonner. La démone refusait de perdre quoi que ce soit, pas après tout ce qui lui avait été pris. Où était le mal à vouloir garder près de soit ce qui nous est précieux ?

Un craquement sous elle la poussa à fixer le sol et voir qu'il se fissurait. La barbare bondit, mais quand le sol s'effondra, il sembla tout emporter avec lui, aspirant même les brumes qui étaient aspirer à la façon d'un typhon. Essayant de trouver un point d'accroche sans succès, Bélial tomba dans le néant.

En levant les yeux, elle put enfin apercevoir plus nettement les deux figures qui la survolaient, n'étant pas affectées par la gravité. Elles la regardaient chuter alors que leurs corps se craquelaient, dévoilant un éclat doré.

***

Terrorisée, Bélial se redressa en hurlant. Encore dans les vapes, elle sentit à peine que son front avait frappé quelque chose, mais elle était trop confuse pour y prêter attention. Haletante, la barbare happait chaque bouffée d'air comme si elles étaient chacune sa première.

– Ho, Beli ? Ça va ?

La démone tourna la tête et vit assise à un bureau Farca qui la fixait avec inquiétude. L'alchimiste était en train de travailler sur quelque chose mais n'hésita pas à abandonner son œuvre pour sauter de sa chaise et s'approcher de sa patiente.

La jeune femme se calma un peu et regarda autours d'elle. Elle n'était pas au Pégase d'émeraude, la décoration était bien trop luxueuse pour ça. Ses draps étaient de soi et son lit à baldaquin s'étendait sur plus de deux mètres de chaque côté. Le mobilier en bois noble semblait avoir été taillé par les dieux en personnes et se mariaient parfaitement avec les tableaux accrochés au murs blancs.

La naine bondit sur le lit et rampa jusqu'à la démone pour poser le dos de sa main contre son front.

– Hé, je t'ai posé une question ! Tu te sens comment ? Tu n'as pas l'air d'avoir de la fièvre en tout cas...

– Je vais bien... bafouilla Bélial en repoussant la main de la sang-mêlée. J'ai encore la tête qui tourne après ce cauchemar, mais...

Un gémissement attira leur attention. La barbare s'approcha du bord du lit et vit étendue au sol une femme habillée de blanc avec le front rouge inconsciente.

– Oui, la pauvre t'épongeait le front quand tu t'es réveillée... soupira Farca sans dissimuler une pointe d'amusement. La pauvre n'est pas prête de se réveiller après le coup de boule que tu lui as mis...

Déicide - Tome 2 - Un espoir doréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant