Chapitre 53 : La fierté d'une condamnée

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L'esprit encore embrumé par le sommeil, Lorelya entrouvrit les yeux et bailla. Elle voulut s'étirer, mais les chaînes qui entravaient ses mouvements lui rappelèrent dans quelle situation elle se trouvait.

D'un œil las, la verdoyante observa de nouveau la cellule qu'elle occupait depuis maintenant trois jours. Elle était sous terre, le seul accès la connectant avec la surface étant bloqué par des barreaux de bois solide. Même ses gardiens savaient qu'elle n'aurait aucun mal à s'échapper si l'archère le voulait,mais elle avait perdu sa volonté de lutter après la mort de sa mère.

Le reste de sa cellule se résumait à une bassine à côté d'elle et les chaînes qui maintenaient ses bras levés. Lorelya soupira et baissa le regard sur son uniquement vêtement, une robe sale et usée qui était normalement destinée aux prisonniers.

L'archère attendait que l'on décide de son sort, ne se faisant pas d'illusions sur ses chances de survie. Même si sa mère était coupable de trahison, ceux qui lui vouaient une haine viscérale ne manqueraient pas cette occasion de l'éliminer en lui faisant porter le poids de sa culpabilité à la place.

Même la reine serait incapable de la gracier dans cette situation. Si la monarque était d'ordinaire assez crainte et respectée pour forcer sa volonté sur sa cour et son peuple, les conséquences de la guerre avaient fragilisé son influence. Si elle refusait d'écouter la volonté de son peuple par ces temps troubles, Larya perdrait jusqu'au soutien de l'armée, se retrouvant seule face au clan qui ne voudrait plus d'elle à sa tête. Sachant que ses enfants ne feraient que se chamailler pour savoir qui prendrait le trône à sa suite, aggravant le déclin des sylvériens, la reine ne pouvait pas se permettre de se faire destituer. Lorelya savait qu'elle était condamnée.

La verdoyante entendit quelqu'un descendre les escaliers qui menaient à sa cellule. Elle plissa les yeux pour voir de qui il s'agissait. Cela faisait des jours qu'elle ne s'était plus connectée à la nature, ayant perdu tout intérêt pour le monde et ce qui pourrait avenir de son village. L'archère n'avait pas non plus envie d'entendre les villageois la critiquer comme toujours, épuisée de cet éternel traitement.

Lorelya reconnut Vixya, une des petites-filles de la reine, qui regarda avec dédain la princesse avant de grimacer.

– Tu ferais presque pitié à voir... Après t'avoir vu te promener fièrement dans le village pendant des siècles, te voir à ta juste place me laisse une impression bizarre. Les choses sont comme elles devraient l'être, et pourtant...

– Si tu n'es pas là pour m'annoncer ma sentence, je te prierais de ne pas me casser les pieds, Vixya... cracha l'archère en fixant le sol. La paix et tranquillité sont les derniers luxes qu'il me reste, j'aimerais en profiter jusqu'à ma fin...

Vixya attrapa les barreaux en sifflant entre ses dents,insultée par le manque de respect de la prisonnière. Elle inspira en fermant les yeux et retrouva son calme.

– Et moi qui pensait que tu serais intéressée de savoir ce qui est arrivé aux humains...

Vixya esquissa un sourire hautain en voyant Lorelya redresser la tête malgré elle.

– Et dire que tu clamais détester les humains plus que quiconque... Enfin voir tes vraies couleur est pathétique... Tu seras sûrement ravie d'apprendre que la reine a fait preuve d'une clémence excessive envers eux. Après leur avoir laissé une journée pour récupérer, elle les a bannis. Beaucoup d'entre nous auraient voulu les réduire en esclavage ou leur faire partager ton sort, mais la délégation de Wadia a plaidé leur cause. Ils se sont montrés convaincants, nous rappelant qu'ils étaient envoyés par de puissantes nations. Après cette débâcle, nous ne serions pas en mesure de les repousser. Nous avons tout de même obtenu que Rostala...

Déicide - Tome 2 - Un espoir doréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant