Plus rien n'atteignait Bélial. Des cris retentissaient autour d'elle, des gens couraient dans tous les sens, mais elle ne les percevaient pas. La forteresse se serait écroulée sur elle, elle ne s'en serait pas rendu compte. Tout ce qui comptait pour elle, c'était le corps devant elle.
La barbare s'était souvent fait la remarque que, comparé au sien, le corps de Sieg était plus petit et menu. La démone avait parfois l'impression que si elle ne le maniait pas délicatement, elle risquerait de briser cette chose si précieuse pour laquelle elle donnerait sa vie sans hésiter. Et maintenant, ce trésor gisait inerte, perdant son éclat qui avait conquis son cœur.
Lassée de la vie, la jeune femme ne réagit pas quand Adam la hissa sur son épaule avant de se ruer jusqu'à Farca et Ahmés, suivi de près par Lorelya.
– On se dépêche ! hurlait la verdoyante. Valence et ses prostituées seront là dans moins de dix secondes, et mes fleurs me disent qu'ils veulent du sang !
– Non, vraiment ? Je ne m'en serais pas douté... grommela Farca en fouillant dans son sac.
– Qu'avez-vous... osé faire ?
Mu d'une rage féroce, Artra usa de ses pouvoirs obscures pour se libérer de ses liens et se jeter sur le groupe. Le gardien l'intercepta, l'écrasant au sol avec son bouclier avant de le plaquer par terre en usant tout son poids.
– Vous avez tué votre ami ! enragea le démon en posant un regard haineux sur la naine et le défunt. Le porteur de la déesse Raya ! Pire, l'amour de ma fille ! Regardez la ! Regardez ce que vous lui avez fait ! Elle tenait à lui plus que tout ! Si son corps avait servi à ramener une déesse d'or, il aurait été ramené à la vie ! Mais maintenant, c'est fichu ! Ma Bélial vient de perdre l'homme qu'elle aime par votre faute !
– Il ne s'arrête jamais de râler, celui-là ? soupira Ahmés en allongeant le corps de l'écarlate au sol. Bon, on peut enfin commencer à bouger ?
Artra était sidéré. Ils venaient de tuer leur chef, leur amie était dévastée, mais ils continuaient d'agir comme si tout était normal. Le démon avait déjà rencontré des personnes sans cœur, mais ces quatre là étaient absolument sans cœur.
La porte de la salle de communication fut arrachée de ses gonds et dévoila Valence, le visage déformé par la colère. Il venait de voir une bande d'insolents ruiner ses rêves de grandeur et ils avaient le culot de dire à l'Ordre de recommencer leurs recherches. Le guerrier arracha son masque de gentilhomme et laissa sa fureur dominer ses traits. Il était hors de question pour lui de laisser ces larves s'échapper sans subir son courroux.
– Je crois qu'on va y aller... lâcha l'elfe d'une voix faible, intimidée par la haine qu'elle lisait dans les yeux de l'homme devant elle.
L'archère se concentra, cherchant une connexion avec la terre loin sous la forteresse. Elle y infusa son pourvoir dryadique et fit pousser une immense tige qui grimpa, pulvérisant la pierre et le bois sur son chemin. Quand elle atteint le groupe, elle les engloba et prit la forme d'un bourgeon. Pris de court, Valence ne put que voir ses proies disparaître dans leur cocon végétal qui s'éleva dans le ciel en dévastant le toit de la forteresse. Refusant de les laisser lui échapper, il empoigna son épée et trancha la plante. La tige vacilla avant d'amorcer une lente chute vers le nord, pulvérisant la toiture sur laquelle elle s'effondrait.
Le guerrier regarda la dévastation en rengainant son arme et se retourna.
– Ils ont dû tomber dans les champs de glace au nord ! Rattrapons les, ils ne pourront pas courir très vite !
– Attendez, Seigneur Valence !
Intrigué par le cri de Rani, le guerrier lui adressa un regard alors qu'elle s'approchait de la tige sectionnée et l'inspectait minutieusement.
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Déicide - Tome 2 - Un espoir doré
FantasíaComplots et intrigues politiques... Guerres et discrimination... Bélial se moque complètement de ce genre de chose, et pourtant, elle et son groupe n'ont de cesse d'être entraînés dans des conflits aux enjeux démesurés. Tout ce que cette démone dési...