Chapitre 81 : Une confrontation pour un salut

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Les gardes à l'entrée du palais valdinguèrent, retombant violemment au sol alors que leur équipement crissait sur le carrelage. Tous les regards se reportèrent sur une scène improbable où une seule femme n'avait eu besoin que d'une seule charge pour aisément repousser quatre solides gaillards en armure lourde. La violence de l'acte devenait cependant aisé à comprendre quand on réalisait que la demoiselle en question était non seulement grande, mais aussi bien plus robuste qu'eux. Sa démarche alors qu'elle entrait dans le palais trahissait son entraînement qui lui avait doté d'une grande maîtrise du combat, mais ce qui sidérait le plus ceux qui lui accordaient leur attention, c'était son visage.

Déformé par la rage, l'expression de Bélial terrifiait les personnes qui avaient le malheur de l'observer, ses traits crispés par sa fureur et ses yeux bouillonnants de colère. Le sol se craquelé à chacun de ses pas, tant elle peinait à contenir le tourbillon de sentiments en elle.

Attiré par le vacarme, Anoro arriva dans le hall d'entrée du palais et hésita en voyant la démone l'apercevoir et se diriger vers lui comme si elle allait le démembrer devant tout le monde. La barbare l'attrapa par les épaules et s'approcha tant de lui que son visage remplissait entièrement le champ de vision du soldat.

– Elle est où ? J'ai deux-trois questions à lui poser.

Anoro aurait menti en clamant qu'il ignorait de quoi elle parlait. À vrai dire, il était surpris qu'aucun membre de son groupe n'avait abordé le sujet. Le militaire ne doutait pas que Sieg avait envisagé cette possibilité mais aurait tenu sa langue en publique par respect pour sa Majesté. Face à Bélial qui irradiait de fureur en se sentant trahie, il n'arrivait pas à mentir, comme si sa rage brûlait tous les mensonges avant même qu'ils n'étaient proférés, ne laissant place qu'à la vérité sans artifice.

– Bélial, attends !

Anoro regarda par dessus l'épaule de la barbare qui ne se retournait pas et vit arriver Lorelya. Si l'elfe arrivait si peu de retard sur la démone qui avait couru de l'Abri au palais sans ralentir, ce n'était que parce que son athlétisme racial et son contrôle de la nature lui avaient permis de rapidement rejoindre les toits et franchir la ville en ligne droite. La verdoyante avait bien tenté de restreindre les mouvements de la démone, mais la nature semblait reculer face à la présence de Bélial, comme si elle sentait que ses pouvoirs obscure pouvait la consumer dans son état.

L'archère rejoignit la jeune femme en ignorant les gardes qui se redressaient à peine en grommelant et s'interposa entre elle et le soldat.

– Tu n'as pas de preuve que Maurice disait la vérité ! Réfléchis avant de faire...

D'une poigne qui fit grimacer Lorelya, la barbare lui saisit l'épaule pour la décaler et désigna les gardes derrière elle de son pouce libre.

– Quand j'ai dis que je voulais la voir, ces boulets se sont tout de suite mis en garde et m'ont demandé de partir. Je veux bien qu'ils doivent la protéger, mais quelque chose clochait. Et là, Anoro a l'air d'avoir envie de me causer d'un truc. Alors vas-y, je t'écoute ! Tu as un truc à me dire ?

Le militaire garda sa mâchoire solidement fermée. Bien qu'il craignait les conséquences de son silence, il se devait de ne rien divulguer. Il en allait de son devoir, il ne pouvait pas se permettre de trahir le serment qu'il avait fait envers la couronne.

Même pour Bélial.

Même s'il savait que sa colère était justifiée.

– Je peux vous mener à elle si vous le désirez.

Choqué, Anoro se tourna vers le haut des escaliers et dévisagea le roi qui se tenait à son sommet. Il semblait avoir pris une dizaine d'années, son visage se parsemant de plus de rides qu'au début de la journée. Le souverain avait été durement affecté par ce qui s'était déjà passé, et la perspective de ce qui l'attendait sapait ses dernières forces.

Déicide - Tome 2 - Un espoir doréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant