Pyrrhos

Danser avec le feu, c'est dangereux

Chapitre 9

Danser avec le feu, c'est dangereux

[ΜΕΛΙΟΝΕ]

- Lâche mon chat déesse, on sort !

Je la regarde interloquée. Sérieusement ? Elle veut vraiment sortir ce soir ? Je n'ai même pas fini mon chocolat chaud et puis, le plaid est très doux et le chat ronronne... je suis bien là.

- Vraiment, tu veux qu'on sorte ce soir ? Il fait froid, le choc thermique va être chiant et violent !

Elle me regarde avec son putain de charmant sourire au coin.

- Qui t'a dit qu'on allait en boite ?

Désolé mais c'est encore moins encourageant, elle compte m'emmener où ? Son plan sent la mauvaise idée à plein nez ! J'essaie de lui hurler tout mon manque d'envie par le biais de mon regard mais elle m'ignore, cette fille est vraiment butée. Je cède finalement puis me lève, j'attrape mon manteau, mes chaussettes puis mes chaussures et on est sorti.

Même dans le couloir il fait froid, un petit courant d'air se faufile dans les escaliers et me fait trembloter, Atë elle, est imperturbable, rien ne semble l'affecter. La noiraude s'engage dans l'escalier et je la suis, naïvement, j'ai cru qu'on allait descendre mais ce n'est pas le cas, elle m'entraine dans les marches qui mènent aux étages supérieurs. Les paliers se ressemblent tous mais ça ne m'étonne pas, c'est gris, blanc et plutôt étroit, quelques paillassons décorent certaines entrées donnant de rare touche de couleur et d'originalité.

La tentatrice me traine encore et encore jusqu'à une porte close, elle me lâche mais ne se retourne pas, elle a plus confiance en moi une simple « inconnue » qu'Orphée en avait pour sa propre femme Eurydice, comique. Atë frôle du bout des doigts la poignée de la porte comme si celle-ci menait aux Enfers dommage, je n'ai pas de pièce pour Charon.

- Tentatrice ? Montre-moi ce qu'il se cache derrière cette porte, est-ce que tu vas me montrer une partie de toi ?

Elle ne se retourne pas complètement, ses yeux sont cachés par sa frange mais elle hoche positivement sa tête et cette réponse non vocale me fait ressentir des choses étranges pour elle. Atë sort une clé de la poche intérieure de son manteau puis elle déverrouille la porte. Je m'attendais à une immensité de béton plat et c'est vrai que c'est le cas mais des petites plantes sont disposées un peu partout avec plusieurs espace recouverts de faux gazon, le vert même artificiel égaye le gris morne et monochrome du toit de l'immeuble.

- Les gens sont toujours pressés donc personne ne prend jamais le temps de venir ici, c'est l'endroit le plus calme de tout le bâtiment.

Ça me fait sourire.

- Pour une fille qui semble vivre de la présence d'autrui, je trouve ça étrange, tu es atypique comme personne ma chère tentatrice.

Elle se retourne pour de vrai, ses yeux océans rencontrent les miens et des mots s'échappent dans son regard, elle est heureuse et un peu nerveuse, elle a une idée. Ça m'intrigue, sa proposition muette m'incite à poser la question qui me chatouille la gorge.

- Qu'est-ce que tu veux au juste, Atë ?

Elle me fait son fameux sourire au coin puis elle me tend la main.

- Accord-moi une danse ma belle déesse...

J'avoue, je suis prise au dépourvu, proposition inattendue, j'ai cru que j'avais mal entendu. Qui danse sur un toit alors qu'il fait froid ? Il n'y a même pas de musique ! Mais elle est sournoise, parfois je me dis que cette fille est capable de lire dans les pensées ou au moins dans les miens. Atë est le plus grand des mystères.