Il reste encore de l'encre pour la suite de l'histoire

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Chapitre 19

Il reste encore de l'encre pour la suite de l'histoire

[ΜΕΛΙΟΝΕ]


C'est toujours aussi chaud et étouffant.

Une dernière danse hein ? Elle a intérêt à la mériter cette dernière soirée. La foule est lourde, une épaisse fumée orne le plafond noyé. C'est sombre et rouge lumineux. Mon corps se balance mais mon âme ne se sent pas à sa place dans cet océan de corps déchainés. Je suis surconsciente de mon environnement, contrairement à la dernière fois, rien ne me parait agréable. J'hésite à prendre un verre, un seul verre ne peut pas me faire de mal, un seul verre. Au moment de payer, ce n'est pas mon bras qui se tend et qui pose une carte sur le comptoir.

- Je paye déesse

Le barman ne discute pas et prend la carte tenue par cette main aux ongles parfaitement manucurés, des ongles que je sais rouge comme le feu. Mon verre arrive, je l'attrape puis me mets dos contre le bar, sans la regarder. Je sirote mon cocktail pendant qu'elle commande sa propre boisson puis elle se replace à mes côtés et commence aussi à boire. Le silence règne entre nous, il est rempli de bruit.

La curiosité est forte et je finis par céder, j'ose lui jeter un coup d'œil. Elle regarde la foule, droit devant. Elle porte une robe courte et moulante, dos nu et sans manches, difficile d'ignorer les nombreux tatouages qui décorent son corps. Elle est à l'aise, ça se voit partout, dans sa posture, ses gestes, elle est confiante et sexy, on dirait une véritable lionne. Sa gorge houle d'une manière si séduisante quand elle avale sa boisson, elle la termine en une gorgée. Elle pose brutalement son verre sur le comptoir et finalement, elle se place devant moi, elle tend sa main et plonge ses yeux dans les miens. J'ai l'impression que les néons l'embellissent encore plus, qu'ils ne devraient être capable de le faire.

- Alors déesse, on danse ?

Je sais que je peux dire « non », refuser et m'en aller mais je suis là, j'ai répondu à son appel, j'ai accepté de la voir une dernière fois. Je peux au moins lui accorder ça. Ma main tremble quand ses doigts s'emmêlent dans les miens, sa poigne douce de referme et elle m'entraine sur la piste de danse.

Je suis coincée dans ses bras, collée à elle comme un lego, nos corps s'emboîtent parfaitement. Sa main ne quitte pas la mienne pendant que l'autre se glisse vicieusement autour de ma taille. C'est étrange d'être dans la même position que lors de notre rencontre, sa poitrine dans mon dos, son visage qui se glisse dans mon cou, ses lèvres qui frôle ma marque et les frissons qui se répandent dans tout mon corps. Son souffle chaud s'écrase sur ma peau et ses cheveux me chatouille le nez, ils sentent la grenade.

Elle me guide dans un rythme entrainant mais bien à nous. C'est agréable et pourtant, ça ne le devrait pas, parce qu'elle n'est pas mon âme-sœur, c'est juste la dernière danse. Mon corps et mon cœur ne semblent pas en accord avec ma tête, tout en moi est attiré par elle mais je suis sûre que ma vie à uniquement besoin de lui.

C'est comme si le monde devenait silencieux, la musique est sourde dans mes oreilles, je suis coincée dans une bulle où seule règne la chaleur de son corps contre le mien et son souffle doux contre mon cou. Mes yeux se ferment et mon esprit s'envole, elle m'a trahie et pourtant, mon être tout entier à confiance pour qu'elle veille sur ma prison de chair.

Le temps n'a jamais autant perdu son importance que maintenant. Il aurait pu se passer une minute ou un millénaire, je n'en n'aurais eu rien à faire. Je suis envoûtée, ensorcelée par cette tentatrice, cette démone qui m'obsède depuis le premier soir, elle a une place particulière. Elle a de l'emprise, du pouvoir sur moi, elle est libre alors que je ne le suis pas, enfaite, je l'envie et pourtant, je trouve ça triste. Je ne sais pas ce que je dois faire maintenant, ce que je dois ressentir à son égard, quel geste, quelle parole ou est-ce que je la laisse mener ? Elle a fait le premier pas, le plus compliqué, je devrais la suivre sur la ligne qu'elle a tracée.

PyrrhosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant