Les sentiments sincères de la sans âme-sœur

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Chapitre 16

Les sentiments sincères de la sans âme-sœur

[ΑΤΗ]


Elle est partie.

Melione est comme tous les autres, elle m'a quitté. Est-ce que je suis triste, déçue, humiliée ? Oui, oui et oui mais en réalité, je m'y attendais. Personne ne reste avec un sans âme-sœur tout simplement parce que les gens ont déjà une moitié. Elle n'est pas différente, pas différente des autres et pourtant, à mes yeux elle est parfaite. Elle est magnifique, elle est sensible mais je sais qu'elle peut être très forte quand elle veut, ma belle déesse.

Mon corps se dirige vers la cuisine, ma tête est ailleurs, mon esprit est avec elle. Je ne voile pas la face, je suis amoureuse, amoureuse de cette belle divinité qui est entrée dans ma vie du jour au lendemain, un soir que je pensais normal. C'est chiant l'amour, ça rend aveugle, ça te transforme en créature molle et servile. Je suis presque dépendante d'elle mais notre histoire s'est arrêtée avant. J'ouvre le frigo et mes yeux tombent sur une boîte, je sais que c'est elle qui l'a fait. J'hésite mais ça serait du gâchis sinon et puis, elle cuisine bien, un dernier repas fait de sa main, un dernier plaisir avant de revenir à la vie normale.

C'est bon, c'est délicieux, elle va me manquer. Mes yeux me piquent, ils sont humides, j'en peux plus, les larmes quittent mes yeux et s'écrasent dans mon plat. Merde, ça va tout gâcher. Mais ça éclate et ça ne s'arrête pas, je n'y arrive pas. Je déteste pleurer, c'est horrible, ça défigure, ça pique. Je ne suis pas une fille qui pleure, ce rôle ne me va pas, mes proches pleurent mais pas moi. Mon frère, Cherry, Maximilian, Lonan, Dakota, Vishia, Félix et maintenant Melione, des gens qui m'aiment ou qui m'ont aimé, c'est eux qui pleurent.

On m'a souvent reproché mon côté apathique, toutes mes relations n'ont jamais vraiment été un long fleuve tranquille mais ils étaient ce qui se rapprochait le plus de ces histoires d'amour que je lis si souvent dans les livres. Merde, je déteste pleurer. Un miaulement résonne et mes yeux tombent sur mon chat qui attend sagement à mes pieds, j'ai du mal à retenir mon sourire quand je le vois, c'est bien l'une des seules créatures de ce monde qui m'aime autant, je ne résiste pas et le prends dans mes bras.

Il me fait des câlins, des léchouilles et ronronne très fort contre ma poitrine et ça me réchauffe le cœur. Je quitte la cuisine sans finir mon repas mais je ne sais pas où me poser, pas dans ma chambre il y a encore les vestiges de notre dispute, pas la chambre d'ami il y a encore son odeur, je me contenterai du canapé. Je pose mon chat entre les oreillers puis me glisse dans la salle de bain pour me brosser les dents après, je récupère mon pyjama, ma couette et mon oreiller puis retourne dans le salon. Je m'effondre sur le canapé tout en allumant la télé. Les chaînes défilent mais aucune ne retient mon attention, je finis par l'éteindre. Une nouvelle histoire qui se termine, elle n'a même pas pu durer un chapitre, j'ai l'impression de perdre mon temps. Mon ancien moi aurait aimé être comme tout le monde, mais la moi d'aujourd'hui sait que c'est impossible, Atë sort toujours du lot.

J'ai boulot demain et toute cette histoire, Melione, mes sentiments, ça me fatigue, je veux dormir mais même si mes yeux se ferment, mon esprit n'est pas tranquille. J'ai peur pour la déesse, est-ce qu'elle va bien ? Est-ce qu'elle est de retour à l'hôtel miteux près de la gare ? Cette fille m'a vraiment piqué, j'aurai aimé que ça dure un peu plus longtemps.

...

Mon dos me fait mal.

C'est définitif, je déteste les ruptures, c'est chiant, douloureux et trop difficile à gérer. Mon chat dort encore contre mon oreiller, tant pis pour les poils, je me prends un rapide café et grimace quand mes lèvres rencontrent le liquide, c'est trop chaud et affreusement amer, berk. Mais je me force à finir ma tasse, je jette le plat à peine entamé de la veille, fait la vaisselle et me grouille pour prendre une douche. Je profite de l'eau chaude pendant de longues, très longues minutes puis je me brosse les dents et enfin, je sors de la salle de bain. Il faut que je m'habille, logique, ça signifie qu'il faut que j'aille dans ma chambre. J'aimerai buller encore une journée, mais le loyer ne se paye pas en bisous, je suis démotivée mais je me résigne à avancer.

PyrrhosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant