Le rouge de ton âme ne m'aveuglera plus

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Chapitre 14

Le rouge de ton âme ne m'aveuglera plus

[ΜΕΛΙΟΝΕ]


L'appartement est tel que je l'ai laissé, Atë n'est pas rentrée. Je ne sais pas comment prendre cette information, est-ce que je dois être rassurée ou pas ? Maintenant que je sais qui elle est, je ne sais plus ce que je dois ressentir pour elle, bien sûr que je me sens trahie mais il y a autre chose cependant, pas moyen de savoir ce que c'est. Je n'arrive à rien, il faut que je m'occupe en attendant son retour.

Je commence à faire le ménage, tout à un peu été laissé en plan ce matin. J'ouvre les fenêtres, range la vaisselle propre, nettoie le sol puis me met aux fourneaux. Il y a comme un sentiment de gêne, ça me met mal à l'aise, je commençais à me sentir comme à la maison ici. Je ne dois pas y penser, je me focalise sur ma recette, j'ai délibérément choisi une compliquée pour me concentrer uniquement dessus. La recette prend du temps, beaucoup de temps, chaque nouvelle étape est un défi de plus pour maintenir mon attention. L'horloge tourne et le chat d'Atë vient de temps en temps s'enrouler autour de mes jambes à la recherche de bisous et de câlins mais je n'ai malheureusement pas de temps à lui accorder. Alors, il miaule encore et encore, ses yeux ronds comme des billes me suivent quand je me déplace dans la cuisine, sa queue en plumeau bouge de gauche à droite dans un mouvement qui trahit son agacement.

Quand j'ai enfin fini, l'après-midi s'approche de son terme mais toujours aucune trace d'Atë, que fait-elle ? Mais mon inquiétude laisse place à la lassitude, elle doit sans doute partager le lit de quelqu'un. Est-ce qu'il y avait vraiment quelque chose entre nous ? Je devais être juste de passage dans sa vie, je ne devrais plus être étonnée, Atë est Atë.

Mais qu'est-ce qui va se passer maintenant, on va s'ignorer ? Vivre sous le même toit en tant que parfaites inconnues alors qu'il y a des choses derrière ? Hier, quand elle m'enlaçait, qu'elle m'embrassait et moi bien au chaud, dans ses bras, dans ses draps. Tout ça ne veut plus rien dire, ça me dépasse. Je veux savoir pourquoi elle m'a menti, pourquoi elle m'a caché autant de choses et combien en dissimule-t-elle encore. Des questions pour aucunes réponses, parce qu'elle est la seule qui puisse me donner ce que je cherche.

Mon corps s'effondre sur le canapé, les yeux sur le plafond blanc. Je suis encore perdue et cette fois, je suis véritablement seule dans ma misère. Cet appartement n'est pas le mien, ni ce chat qui s'endort sur moi, ni quoi que ce soit ici sauf une valise, quelques sacs et quelques vêtements. Cette ville n'est pas la mienne et surtout, Atë aussi elle-même soit-elle, n'est pas mon âme-sœur. Ce n'est qu'une menteuse et mes yeux me piquent à nouveau, l'amour n'est pas fait de doute, parce que les âme-sœurs existent, l'amour n'est pas fait de doute. J'aime mon âme-sœur, c'est ma moitié, l'autre partie de mon âme et je l'ai quittée.

Je dois retourner auprès de lui, il est le seul qui m'aime vraiment, j'aurais jamais dû le quitter, c'est pire maintenant. Quelle connerie, ça me fatigue, je suis fatiguée de pleurer et d'attendre, je suis lasse de mes erreurs. Je veux juste retrouver la stabilité qui décrivait si bien ma vie avant, avant tout, avant Atë et ses yeux bleus, avant Atë et son tempérament de feu, de flamme et d'étincelle. Je veux effacer le rouge si vif de son âme, je veux le retour du calme.

Oui, je veux du calme, du calme et rien d'autre.

...

Il fait nuit, je me suis endormie sur le canapé. Le chat est parti en revanche, un plaid tout doux est posé sur moi. Mon dos me fait mal quand je me redresse, tout est sombre mais le volet n'est pas fermé laissant la lumière de la lune rentrer, je distingue le contour de mon téléphone sur la table basse. Mes doigts se referment autour du rectangle caractéristique, la forte lumière m'éblouit et je ne tarde pas à baisser la luminosité, j'ai besoin de plusieurs clignements des yeux pour distinguer l'heure affichée sur mon écran d'accueil. Vingt-trois heures cinq. Déjà ? J'ai pourtant l'impression d'avoir dormi une trentaine de minutes là, j'ai quasiment fait la moitié de ma nuit. Je devrai peut-être rejoindre Atë ?

PyrrhosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant