Et le fil s'est rompu

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Chapitre 1

Et le fil s'est rompu

[ΜΕΛΙΟΝΕ]


Je n'ai plus de mot pour le décrire.

Trop, j'ai trop enduré maintenant je me casse. Je jette mes affaires dans mes sacs et mes valises, il râle encore à moitié bourré, il vient tout juste de rentrer. Des âmes-sœurs ? Pppff un beau ramassis de conneries oui ! Qu'est-ce que j'ai été conne de croire que tout irait bien, il y a deux ans encore, il était un minimum responsable, un peu mauvais garçon et cliché sur les bords mais il avait bon cœur, je l'aimais mais maintenant c'est fini. Il a tout gâché, notre argent, notre appart et ma vie aussi. J'aurais dû m'en rendre compte plutôt, il rentrait de plus en plus tard, son parfum était différent au lieu de son habituel mélange déo-cigarette flottait autour de lui des effluves d'alcools, de fumée et de parfum beaucoup trop sucrée et sensuel pour être masculin.

- PUTAIN MELI !!! Arrête, j'ai mal à la tête à cause de tes conneries !

Je ne prends plus la peine de l'écouter. On est des âmes-sœurs, c'est littéralement gravé sur notre peau, notre lien se manifeste par une fleur, une grande ciguë pour être exact. Maintenant que j'y pense, la ciguë est une plante hautement toxique, elle a même servit pour mettre à mort le grand Socrate, putain de blague. Le poison, la trahison et la perfidie, forcément que la marque est mauvais signe. Je soupire un coup et boucle mes affaires, il n'y a plus rien qui me retient ici. Sans jeter un seul coup d'œil à celui qui a partagé ma vie pendant presque cinq ans, je passe la porte d'entrée et tire définitivement un trait sur lui et tous ces souvenirs, mon âme-sœur, ma moitié, l'autre partie de mon être n'est plus rien désormais.

Maintenant, je suis Melione, celle qui ne veut plus d'âme sœur.

...

Plus rien ici ne vaut la peine que je reste, j'ai trop de souvenirs autant partir. Mes pas me mènent à la gare, je ne réfléchis pas et achète un billet au hasard, j'irai jusqu'au terminus. Encombrée par mes nombreux bagages, je me fraye néanmoins un chemin dans cette marée humaine. J'entre dans le véhicule et prends le temps de m'installer, je n'ai aucune raison d'être pressée, ma vie est sur pause, par contre les autres si. Je suis bousculée de toutes parts, quelle bande de malpolis.

Je m'installe dans un coin puis le train démarre. Le paysage défile à la fenêtre, les arrêts s'enchaînent, des gens montent et d'autres descendent dans un incessant tourbillon de bruits, les adultes râlent et les enfants pleurent ou crient. J'ai mal à la tête. Je me sens lourde, mes paupières se ferment, j'ai sommeil, m'a-t-il autant gâché la vie au point que je manque cruellement de repos ? Je ne sais pas, je ne sais rien, je m'endors.

Quand j'ouvre enfin les yeux, c'est pour tomber nez à nez avec un membre du personnel qui m'annonce que c'est le terminus. Je baille, me frotte les yeux pour me réveiller complètement puis me lève enfin. Avec l'aide du contrôleur, je descends mes affaires sur le quai, un dernier « merci » puis je quitte la gare de ma nouvelle ville. Je ne suis clairement pas en campagne, c'est bien trop grand, trop riche pour l'être. Je n'ai aucun mal à trouver un hôtel où loger, en vue du prix affiché, je devrai pouvoir y rester trois jours sans trop soucis après il faudra que je me débrouille. J'entre et constate le vide, une seule autre personne se tient dans la pièce et il s'agit du vieil homme de l'accueil. Timidement, je m'approche et demande une chambre que j'obtiens dix minutes plus tard. Armée de ma clé et de mes nombreuses affaires, j'atteins l'ascenseur mais comble de mon malheur, celui-ci ne fonctionne plus, je dois donc me démerder à tous monter jusqu'à ma chambre provisoire.

PyrrhosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant