C'est les couleurs de la vie sans elle

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Chapitre 17

C'est les couleurs de la vie sans elle

[ΜΕΛΙΟΝΕ]


J'ai enfin des réponses, ma boîte mail n'a jamais été aussi remplie. J'ai la nette impression que tous les patrons se sont réveillés en même temps. Je les accepte tous et propose dès à présent des créneaux pour organiser mon agenda. Je m'organise comme je peux, au gré de mes échanges, mon premier entretien est dès demain, je n'ai plus de temps à perdre.

Mon corps s'effondre sur le matelas dur, je suis de retour à l'hôtel. C'est vide et triste, sans couleur. Cet endroit ne dégage rien et c'est effrayant, je me suis habituée à la vie, à la couleur et à l'explosif, ce changement est brutal. Je me recroqueville sur moi-même, j'ai besoin de quelque chose, j'ai besoin de me changer les idées. J'ai besoin de l'oublier. Mais pourquoi j'ai si mal quand je pense à ça ? Pourquoi la rayer de ma vie me semble impossible ? Il faut qu'elle parte, il faut qu'elle parte, il faut qu'elle parte ! J'ai mal à la tête, mais qu'est-ce que tu m'as fait ? C'est tellement douloureux, j'ai l'impression de perdre une partie de mon âme. Mais je ne l'aime pas autant, on était juste amies. Juste amies ? Mon cœur serre à cette pensée, on était juste des amies, pas vrai ?

Pleurer m'épuise, elle m'épuise à m'atteindre autant. Tu me fais du mal, tu m'as trahi et pourtant, je n'arrive pas à te détester, je ne sais pas pourquoi.

...

Quand mes yeux s'ouvrent, je sais qu'il est tôt, mon intuition est rapidement confirmée quand j'allume mon téléphone, il est cinq heures du matin, je ne me rendormirai pas. Je pense que je vais commencer par une douche. Mon corps est lourd, comme ma motivation, je n'ai plus aucune énergie. Je me déplace difficilement dans cet espace si étroit, j'attrape la petite pile que j'avais pris soin de mettre sur le bureau avec ma trousse de toilette puis quitte la chambre en la verrouillant. Je me prends plusieurs murs et surtout plusieurs coins avant d'arriver aux salles de bains, les douches sont aussi crades que la dernière fois. Quand l'eau froide entre en contact avec mon corps engourdi, c'est un choc énorme qui a le mérite de me réveiller complètement. Je n'ai pas envie de rester sous le jet d'eau froide même si je sais que l'eau chaude ne devrait pas tarder. La douche est le meilleur endroit pour réfléchir et je n'ai pas besoin de ça pour l'instant, penser ne ferait qu'empirer ma situation.

Je m'occupe spécifiquement de mes cheveux, il faut au moins que je sois présentable pour mes entretiens d'aujourd'hui. Mes cheveux sont très chiants, trop longs, je devrais peut-être les couper. Je fais rapidement le corps, me rince puis éteint l'eau. Il fait froid, je grelotte dans ma petite serviette éponge, je me dépêche de m'habiller, tant pis pour les gouttes qui tâchent ma chemise blanche. Je me coiffe, mouillant encore plus mon haut mais ça va sécher puis je m'attelle au maquillage, en un mois et demi, quasiment deux mois, je me suis grandement améliorée avec les pinceaux. C'est déjà un peu plus naturel, mon trait de liner est presque symétrique oui, c'est beaucoup mieux.

L'avantage de se lever tôt, c'est que tout l'espace est à disposition et que personne n'est là pour déranger. Je suis restée une bonne heure pour me préparer correctement et le résultat n'est pas trop mal. Je retourne dans ma chambre, un peu plus fraiche et disposée pour la lourde journée qui m'attend. Je me force à ranger mes affaires, faire le lit puis m'installe dessus, je n'ai pas faim et il est trop tôt pour sortir, il n'y a pas grand-chose d'ouvert à six heures du matin. J'allume mon ordinateur, active mes données mobiles et branche mes écouteurs, je vais commencer par une petite série.

...

Il fait froid.

Je ne sens plus mes doigts, c'est comme s'ils étaient tombés. Mon nez est gelé et mes lèvres me piquent, ma langue humidifie constamment les gerçures qui se forment. Marcher ne me réchauffe pas, j'ai juste une hâte, rentrer à l'intérieur d'un bâtiment et boire un bon café bien chaud. La météo n'aide pas à la bonne humeur, de gros nuages obstruent le ciel, le rendant gris, lourd et menaçant. J'ai l'impression que de la neige pourrait tomber à n'importe quel moment. Le bâtiment tant espéré apparait enfin dans mon champ de vision, la cadence de mes pas accélère malgré le fait que j'essaie de rester prudente. J'arrive à l'entrée, c'est un petit magasin de quartier, vu l'heure, il vient à peine d'ouvrir, il n'y a personne à la caisse alors, j'attends. Une minute, deux minutes, il faut bien dix bonnes minutes avant que quelqu'un n'arrive enfin.

PyrrhosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant