Mon morceau de fil pour recoudre mes plaies

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Chapitre 2

Mon morceau de fil pour recoudre mes plaies

[ΜΕΛΙΟΝΕ]


La boite de nuit la plus proche n'a pas été difficile à trouver, les échos de la musique s'entendent depuis deux ou trois rues, j'ai un peu de peine pour les voisins. Je m'installe dans la file, passe le contrôle puis entre enfin dans le temple qui va me libérer de mon âme-sœur. Une lourde odeur d'alcool et de fumée me prend au nez et les lumières rougeâtres m'agressent les yeux, la piste de danse est bondée, les corps se frottent les uns aux autres. Je me faufile entre les nombreux danseurs, remerciant pour la première fois de ma vie ma petite taille puis, m'accoude enfin à l'objet de la majorité de mes désirs, le bar. Par quoi je commence ? Cocktail ? Shooter ? J'ai envie de profiter un minimum de ma dernière soirée tranquille avant un moment, je vais donc débuter en douceur.

L'alcool enrobé de jus coule joyeusement dans ma gorge, c'est doux, sucré, les cocktails sont vicieux. Je sirote mon verre en regardant les gens qui se déhanchent sur la piste, à mon plus grand dégoût, il y a beaucoup de couples. Trop d'amour, trop de désir, ils auraient pu rester chez eux, ça aurait été la même chose. Sérieusement, c'est une boîte de nuit ou un thé dansant ? Je vide mon cocktail cul-sec puis commande un whisky, la vue de tous ces couples me donne la nausée tant pis si je suis saoule trop tôt, la vision est insupportable, trop douloureuse pour mon petit cœur de verre.

Le whisky est lourd mais ce n'est pas suffisant pour embrumer mon esprit, j'en commande un deuxième.

...

Je me sens terriblement bien, toute légère, j'ai envie de danser. Je laisse mon verre sur le comptoir et cours vers la piste de danse, la musique est entrainante. Mon corps bouge tout seul, je sens le rythme me traverser, il m'entraîne, mes pieds, mes hanches bougent, se balancent. Au milieu des corps, la température est terriblement haute, l'atmosphère est étouffante mais pour une obscure raison, je trouve cela excitant. Je sens des regards me lorgner, des mains qui m'effleurent, qui me touchent de tous les côtés et j'aime ça, savoir que des gens me veulent même si c'est juste pour mon corps. L'adrénaline et l'alcool, un mélange subtile semblable à de la drogue, j'aime, j'adore, tous parait encore plus incroyable, je me sens si sensible. Je ferme les yeux et me déhanche toujours plus, je laisse le reste de mes sens s'enivrer de l'environnement qui m'entoure.

Je suis bien là, au milieu de cette foule qui m'étouffe de sa chaleur et de sa présence. J'ai oublié la raison qui m'a poussé à sortir ce soir, est-ce grave ? J'ai envie de m'amuser, dans ma tête, je le sais, je le sens, je suis venue pour être égoïste, ce soir je ne pense qu'à moi et mon unique plaisir.

Des bras s'enroulent autour de ma taille, ils sont fins et délicats, de longs doigts tapotent mon ventre tandis que les paumes des mains me caressent. Un visage s'enfouit dans mon cou et comme un automatisme, je lui laisse de la place, je sens son nez chatouiller ma nuque ainsi qu'un souffle chaud. L'emprise sur ma taille s'accentue, mon dos est soudainement collé à une poitrine qui ne laisse aucun doute sur le sexe de la personne derrière moi. Je n'y avais jamais pensé ou plutôt, je m'étais questionnée pour les autres mais pas pour moi, qu'est-ce que ça fait de coucher avec une personne du même sexe que soi ?

- Que fait une déesse pareille dans un tel lieu à cette heure-ci ?

Ces mots me font encore plus tourner la tête et cette voix ! Bordel qu'elle est belle, elle coule comme du miel et couvre le bruit de la musique. Sa bouche est collée à mon oreille, j'aime cette soudaine proximité.

PyrrhosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant