Chapitre 27 / Le petit-fils de la voisine du dessous est trop canon

670 106 25
                                    

Lupita avait la certitude que tout cela allait mal finir. Elle avait beau tourner le scénario dans tous les sens, elle sentait qu'elle n'en sortirait pas indemne. Elle n'allait pas devoir mentir à la famille Ryker seulement, mais aussi à ses collègues et à ses amies. Par omission, certes, mais c'était mal quand même. Surtout s'agissant de ses amies.

Pop-corn, qui venait de renifler pour la centième fois le même tronc d'arbre de l'avenue, émit soudain un petit jappement joyeux qui fit relever la tête à sa jeune maîtresse. Emmanuelle arrivait au pas de course, l'air ennuyée.

— Que se passe-t-il Emma ?

— Tu ne devineras jamais ce qui m'est arrivé pas plus tard que cet après-midi !

« Et moi donc », pensa Lupita avant de poser la question attendue.

— Quoi ?

— Un type est venu frapper chez moi ! Genre beau coréen de drama. Il avait tout, la coiffure impeccable, le costard impeccable et le regard énigmatique. D'ailleurs, je suis à peu près sûre de l'avoir vu dans une série !

Et c'était reparti pour un tour ! Lupita ignorait qui était ce type, mais elle était prête à parier que son amie crushait déjà dessus. Laurent avait été vite oublié finalement.

— Qu'est-ce qu'il te voulait ? Des œufs ? De la farine ?

— C'est là que ça devient bizarre. Quand il m'a vue, il a semblé étonné. Ensuite, il m'a demandé si quelqu'un d'autre habitait à l'étage. Je me suis méfiée, tu penses bien. Alors j'ai menti. J'ai dit que mon voisin était un videur de boite de nuit, 2 m au garrot au moins. Et là, il a rigolé.

— Il a rigolé ?

— Oui ! Trop mignon! Tu l'aurais vu! Alors, voyant que je ne comprenais rien, il s'est présenté en bonne et due forme. C'est le petit-fils de ma voisine du dessous, figure-toi ! Il cherchait la personne qui lui a volé l'ascenseur hier. Il savait que ça n'était pas moi, parce que je ne collais pas avec ce qu'il se souvenait avoir vu.Par contre, il était sûr d'une chose : la personne venait de mon étage. J'ai fait l'étonnée, mais je n'en pensais pas moins. Tu crois que Aïko aurait pu piquer l'ascenseur à ce type en partant hier ?

— Non. Pas Aïko. Moi.

— Toi ? Mais...

— Ne t'en fais pas. Il va vite oublier.

— Tu parles ! Il m'a donné sa carte de visite. Il veut que je l'appelle si quelque chose me revient.

— Sérieux ?! C'est qui ce psychopathe ?

— Je ne sais pas si c'est un psychopathe, mais il est drôlement mignon.

— Aïko te dirait que c'est louche, laissa tomber Lupita en lisant le petit carton que lui avait tendu Emma. « M. Park Jung, Com & See. »

Lupita se renfrogna. Pourquoi ce nom lui disait-il quelque chose ? La veille au soir, toute occupée à échapper à Darius Ryker, elle n'avait qu'effleuré du regard le second personnage qui l'accompagnait. Elle n'aurait pas vraiment pu le décrire, mais maintenant qu'elle y réfléchissait, elle voyait sa longue silhouette et le noir de ses cheveux.

Ryker avait parlé de la voisine d'Emmanuelle comme étant sa propre grand-mère. Aurait-il menti ? Ou ce Park Jung ? Se pourrait-il qu'ils ne mentent ni l'un, ni l'autre ? Ils seraient frères ? Impossible ! Park était visiblement typé asiatique... Un demi-frère... « Oh ! Putain de bordel de merde ! »lui hurla brusquement son esprit. La jeune femme faillit en laisser tomber la laisse de son chien.

— J'y crois pas, se contenta-t-elle d'émettre à voix haute, alors qu'elle bouillait d'anxiété et de colère.

— Tu ne crois pas à quoi ?

Lupita farfouilla dans son sac qui ne la quittait jamais, même pour promener le chien, et en extirpa une autre petite carte, en bien moins bon état que celle de son amie.

— Tiens, lis !

— Oh ! Ils portent le même nom... My God ! C'est le même ! Oh !My ! God ! Aïko va trop penser que c'est un psychopathe qui nous a dans le viseur !

— C'est plus que probable.

— Que ce soit un psychopathe ou que Aïko va en faire toute une histoire ?

— Les deux.

— Non !!! Il était vraiment trop beau.

— Tu te trompes. C'était trop beau, tout simplement. Le fait qu'il te plaise n'entre plus en ligne de compte. Interdiction de téléphoner à ce type, de lui parler ou de fricoter avec ! Compris, Emma ! C'est trop bizarre.

— Tu as raison. Je comprends mieux pourquoi son visage ne m'était pas étranger, maintenant...

— Comment ça ?

— J'avais l'impression de l'avoir vu quelque part. Je croyais que c'était dans un drama...

— Tu as vu sa photo sur le net il y a un mois, quand tu as cherché la société Com & See !

— Mais quel dommage ?! Une telle opportunité de sortir avec...

— Un psychopathe ?

— Un beau mec sympa.

— Y'en a d'autres.

— Sauf qu'ils ne viennent pas frapper à la porte de ma misérable chambre mal isolée.

— Emmanuelle ! On va te trouver un gars bien...

— On ? Aïko va s'en mêler ? Je crains le pire !

— Ça ne pourra pas être pire que quand tu choisis seule, non ?

— Là, tu n'as pas tort. Le problème avec moi, c'est que, inconsciemment, j'idéalise trop.

— Le problème, c'est que tu regardes trop de drama où l'amour naît d'un regard.

— Et toi, tu n'en regardes pas assez. Saches que le drama est souvent une critique de la société, enrobée dans une romance souvent dramatique, parfois comique ou carrément un peu des deux. C'est passionnant. Et l'amour n'y vient pas souvent au premier regard. Au contraire.

— Ouais... si tu le dis. N'empêche que tu crois trop à cet amour inconditionnel... Regarde mes parents. Visiblement, ça a été un coup de foudre entre eux. Résultat, ils sont divorcés... rien ne peut être parfait. Il faut accepter que l'autre ne soit pas tel qu'on l'imaginait.

— Dis la fille qui n'a personne dans sa vie depuis que son ex, et unique petit-ami sérieux, l'ait jeté comme une vieille chaussette. Je pense que nous avons le même problème, Lupita. À des degrés différents, c'est tout. C'est toi qui, inconsciemment en tout cas, cherche l'amour au premier regard, parce que c'est arrivé à tes parents. Et moi... Et bien, moi, je ne sais pas trouver ce qui me ferait du bien. Je tombe donc immanquablement sur de pauvres types qui ne veulent rien d'autre que mon cul.

Lupita ne répondit rien, même si elle avait une incroyable envie de lui révéler ce qu'elle lui cachait. À savoir que ce Jung Park était le demi-frère de son patron, Darius Ryker, et que le second, comme le premier avant lui, voulait faire d'elle sa fausse petite amie. Quel imbroglio !

Tout sur LupitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant