Chapitre 70 / Lupita Jones n'est pas seule

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C'est alors qu'un boulet de canon atterrit sur le dos de Darius et se mit à lui hurler dessus. Malgré l'attaque surprise, le jeune homme n'eut aucun mal à se relever, à attraper le petit garçon par les bras et le tenir devant lui, pendant que le gosse s'égosillait à l'injurier en plusieurs langues. Il reconnut le gamin aux beignets de crevettes, et se demanda brièvement si tout l'immeuble de Lupita Jones avait décidé de venir lui pourrir son dimanche à la mer.

Il n'eut pas, cependant, le temps d'en penser plus. Jasmina arriva et lui ordonna de lâcher son frère – ce qu'il fit prestement -, puis ce fut au tour de deux poupons hurlants, d'une autre grande sœur, et finalement de la mère de venir réclamer des comptes. Et toute cette joyeuse famille encerclait Darius, le repoussant vers la mer, pour protéger Lupita. Roméo toujours rouge de colère, se propulsa vers lui, le percutant violemment. Darius perdit l'équilibre et se retrouva le cul dans l'eau au milieu de l'écume et des algues. La famille Mendès ne se préoccupant déjà plus de lui, entourait Lupita de milles attentions.

Aïko qui avait enfin réussi à rejoindre le rivage, s'arrêta près de Darius et se pencha pour reprendre son souffle. Elle tendit alors sa main vers Darius pour l'aider à se relever.

— Je devrais peut-être vous laisser là où vous êtes. Vous l'avez bien cherché

Darius se sentait con. Il avait voulu passer sa colère sur Lupita. Il s'en rendait compte. D'un autre côté, jamais il n'aurait pensé que quelqu'un de cet âge ne sache pas nager. Pas conduire, ok. Mais nager ?!

Il jeta un œil à la jeune femme qui se relevait fébrilement, entourée de la famille Mendès. Santina lui parlait doucement et l'incitait à marcher, à s'éloigner de l'eau. Darius devait s'excuser au plus vite, et pas seulement pour sauver son contrat avec la jeune femme. Il devait se faire pardonner.

Il écarta alors fermement Aïko et se dirigea vers sa fausse petite-amie avec détermination, se frayant un passage parmi les Mendès qui le fixaient, surpris qu'il revienne à la charge. D'un geste sûr, il reprit Lupita dans ses bras, la serra fort contre son torse nu et se dirigea vers leurs affaires.

— Vous n'êtes pas obligé de me porter, chevrota la jeune femme un peu gênée, maintenant que la peur s'atténuait.

— Si. Vous n'arrivez pas encore à marcher sans trébucher. Je suis désolé, Mlle Jones. J'ignorais que vous aviez peur de l'eau.

— C'est moi qui suis désolée. J'aurais dû vous le dire ce matin. J'aurais dû en rire. J'aurais dû...

— Mais vous ne l'avez pas fait. Et il n'y avait rien dans votre bio à ce sujet.

— Je n'imaginais pas que... commença la jeune femme hésitante sur la marche à suivre dans ce cas de figure.

C'est à dire, elle dans les bras de son faux petit-ami, torse nu et extrêmement séduisant, qui lui demandait pardon. Et ce même s'il le faisait de manière assez froide, finalement.

— Il va falloir apprendre à finir vos phrases, dit-il d'un air soudain contrarié.

Ce qui fit taire définitivement Lupita.

— Je suis désolé. Je... se reprit-il en adoucissant son expression. Je ne sais pas pourquoi je m'énerve contre vous, alors que c'est contre moi que je suis en colère. J'ai été égoïste. J'avais besoin de nager, de retrouver la mer. Je pensais que je serais seul...

— C'est important pour vous de nager ?

— Oui. Très. C'est même vital. Mais plus encore de sentir l'océan autour de moi, sa force. M'y confronter.

— Tout ce que je ne pourrai jamais faire.

— Bien sûr que si. La peur de l'eau se surmonte. Il suffit de travailler dessus.

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