Cinquante-cinq / ELLIPSE

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AURORE

La vie s'était ralentie depuis que j'avais appris son décès.

Pour tout le monde, elle était ralentie.

Nous étions tous au Wakanda, même Thor, même Clint, et nous vivions notre deuil comme nous le pouvions.

À la télévision, nous voyions New York sombrer dans le chaos. Les gens pleuraient la mort d'Iron Man et les terroristes en profitaient pour faire leur loi sur la ville.

Au stade où nous en étions, plus personne ne s'en préoccupait.

Pas même Steve.

Il n'avait plus la force d'harceler Sam avec sa mauvaise habitude à manger des tonnes de bonbons avant d'aller au lit.

Hier soir, il s'était même assit sur le canapé de la suite des héros avec le pigeon et avait pigé dans l'immense réserve de sucre.

Bucky, Nat et moi avons pris l'habitude de se retrouver dans la salle d'entraînement du palais à 15h30 pour évacuer la douleur durant deux longues heures.

J'avais mal.

Mes muscles brûlaient.

Mon cœur brûlait.

J'avais mal partout.

Et nulle part à la fois.

Je m'étais amélioré à la course. Je pouvais tenir huit minutes avant de m'écrouler. Bucky disait que c'était une belle progression, qu'il était fier de moi, et ça me suffisait pour me sentir mieux.

J'avais renoué avec Harley, dans les derniers jours. Notre amitié n'était pas vraiment comme à l'époque, mais quelques similitudes persistaient.

Je n'avais pas vraiment l'impression que lui et James s'aimaient...

Ils se toléraient.

Comme je tolérais les émotions de tout le monde en ce moment.

J'étais, une fois de plus, au centre de la douleur des autres. J'assimilais tout, comme un trou noir, et ruminait leur souffrance en boucle.

Comme si je n'en avais déjà pas assez de la mienne...

Passer du temps avec Sam n'était même plus une activité amusante : son esprit était rempli de blessures. La mort de Tony lui avait rappelé celle de Riley, son meilleur ami à l'époque où il travaillait pour le gouvernement. Tout ce qui se déroulait dans sa tête n'était pas plus joyeux que dans celle de quiconque dans ce palais.

Je me concentrais donc le plus possible sur ce que ressentait Bucky. Certes, il pensait souvent à son incapacité à s'excuser auprès de Tony, mais également à sa liberté, à cette nouvelle sensation qui le caressait comme une brise.

Pour les Avengers, c'étaient comme de grosses vacances suite au décès d'un être cher. Pour moi, c'était la continuité d'un enfer qui ne cessait de me rattraper.

Fidèle à lui-même, James continuait à me réconforter.

«Tu te souviens ce que je t'ai dit, après les funérailles de Sofia? Après la pluie, le beau temps.»

Ses petits encouragements m'aidaient à garder la tête haute, même si j'avais terriblement envie de la baisser et ne plus jamais la relever.

OUR STORM OF PAIN || Bucky Fanfiction || 18+Où les histoires vivent. Découvrez maintenant