La Malédiction Des Jumeaux : Un Nouveau Chapitre De Dr Djenguè

Chapitre 6: une étrange histoire de combat de bébés.

Après avoir donné le bain du soir au petit Vahé, Lucette le fit coucher dans son berceau. Il dormait comme un petit ange.

À son tour, Raphaëlle retira sa robe. Tout doucement, Lucette l'aida à glisser ses petits pieds dans la baignoire. L'eau était fraîche, exactement comme elle aimait depuis trois mois. Pour une raison qu'elle ignorait, ses jumeaux adoraient la fraîcheur. Et il en était de même pour les boissons, l'eau y compris. Dès que celles-ci étaient tièdes ou plates, elle vomissait aussitôt.

Lucette revint avec l'eau de Cologne et le gel douche de la doctoresse. Elle mélangea les deux dans sa fleur de bain et se mit à caresser la peau de Raphaëlle.

- Tu sais très bien que je suis capable de faire tout ça Lucette.

- Peut-être bien mais le médecin a été clair. Pas d'efforts et puis Rayan m'a lui même demandé de te donner ton bain tous les jours.

- Vous ne trouvez pas que vous en faites un peu trop? C'est pas passer une éponge sur mon corps qui va m'épuiser.

- Je n'entends pas ce que tu dis belle-sœur, je crois que je deviens sourde. Allez, soulève ton bras.

Raphaëlle s'exécuta sans discuter.

- Tu sais belle-sœur, je comprends que tu n'aimes pas le fait qu'on t'assiste pour tout mais... dis-toi que c'est pour un temps. Tu devrais accoucher dans quatre mois. Et après ça tu pourras retrouver ta liberté.

- Non, tu crois vraiment? Entre les soins post-partum et les jumeaux dont je vais devoir m'occuper, je suis presque sûre que je n'aurai même plus de temps pour dormir.

- Ha ha ha, tu abuses quand-même. Rayan et moi on est là. Et je suis sûre que ma mère se fera un plaisir de venir aider au besoin. D'ailleurs la mère biologique de Rayan aussi.

- Eh! On dirait que toi tu aimes palabres hein. Les deux là sous le même toit. Tu veux déclencher la troisième guerre mondiale ou quoi?

- Ha ha ha, c'est vrai que ma mère a encore du mal à l'accepter mais je suis sûre que pour leurs petits enfants et pour Rayan, elles trouveront un terrain d'entente.

Raphaëlle haussa les épaules.

- Hm, je veux bien être aussi optimiste que toi.

- Allez, redresse-toi un peu que je frotte ton dos.

La doctoresse parvint difficilement à exécuter ce geste.

- Et après tu vas dire que tu n'as pas besoin de mon aide. Regarde comment tu souffres juste pour te redresser.

- Bon sang, qu'est-ce qui m'a poussé à écarter les cuisses hein? J'aurais dû être dans mon bureau à la clinique à l'heure actuelle.

- Eh bien, riposta Lucette d'un ton rieur, tu ne diras pas que tu regrettes de porter ces deux boutchoux. Je me trompe?

- Non tu te trompes pas mais... tout ça c'est arrivé un peu tard et il fallait en plus que ce soit des jumeaux.

- C'est la volonté de Dieu ma chère, que veux-tu?

- Lui et sa volonté là... AÏE! OH BORDEL! BORDEL!

- Mon Dieu Raph, je t'ai fait mal? Qu'est-ce qui se passe?

Les geignements de Raphaëlle devenaient de plus en plus assourdissants. Recourbée sur son ventre, elle avait les mains solidement aggripées aux rebords de la baignoire. Ce n'était pas la première fois que Lucette voyait les empreintes des bébés renfler ce ventre. Mais cette fois-ci, elles avaient toutes les deux l'impression que les jumeaux allaient forcer le passage. Possédé par la douleur qui s'intensifiait, le corps de Raphaëlle bascula vers l'arrière. Elle faillit se cogner la tête mais Lucette la rattrapa. Alors que son ventre se dandinait comme un serpent, ses jambes se mirent à se débattre éclaboussant Lucette et le sol.

Romann déboula en trombe. Sans toquer, il entra dans la douche et tomba sur ce spectacle ahurissant: Raphaëlle se débattait dans la baignoire tandis que les jumeaux se débattaient dans son ventre. De toutes ses forces, Lucette essayait d'éviter qu'elle ne finisse par échouer dans l'eau.

- Qu'est-ce qui se passe? S'enquit-il.

- J'en sais rien Romann! J'en sais rien!

Il se rapprocha lentement, comme s'il craignait de faire un faux pas.

- Maman... Maman je suis là.

Au milieu de ses cris, Raphaëlle trouva la force d'adresser un regard à son fils. Elle était terrorisée. Soudainement, dans une brise, son corps se décontracta et s'abandonna aux bras frêles de sa belle-sœur. La doctoresse venait de perdre connaissance.

Alors que Lucette paniquait déjà, l'adolescent déboucha instinctivement la bonde et sa mère se retrouva nue dans la baignoire vide.

- Pousse-toi Lucette, pousse-toi!... Maman réveille-toi, c'est moi Romann. Maman... maman...

Il continua de l'appeler en lui tapotant la joue et en lui serrant la main. Mais rien n'y fit. En revanche, elle respirait toujours. Il reprit alors son souffle et passa ses bras derrière le corps pendant de sa mère. D'un mouvement vigoureux, il la souleva et la porta jusqu'à son lit. Il essayait alors de se rappeler les gestes de premier secours dont elle lui parlait plus jeune.

- Appelle les secours Lucette! Dépêche-toi!

Romann recouvra la nudité de sa mère et tenta de nouveau de la réveiller. Et alors que Lucette s'apprêtait à lancer le numéro des urgences, Raphaëlle revint à elle, le souffle court. Dans son regard agité, son fils la fixait les yeux larmoyant.

- Bon sang maman, c'était quoi ça?

Le cœur battant la chamade, le regard de Raphaëlle se perdit dans le vide. Son souffle était encore beaucoup trop rapide pour qu'elle puisse expliquer ce qu'elle venait de vivre. Néanmoins, elle trouva la force de glisser une main protectrice sur son ventre.

- Tu m'as fait peur... maman.

- Je dois toujours appeler les secours? Demanda Lucette.

- Oui!

- Non... Protesta Raphaëlle.

- Mais... maman on ne sait même pas ce qui vient de se passer. Il faut absolument qu'un médecin te voit.

- Ça ne servira à rien.

- Comment ça?

- Appelle Rayan Lucette, demande-lui de rentrer tout de suite.

- D'accord Raphaëlle. D'accord.

Lucette lança le numéro de son frère et attendit qu'il décroche.

- Qu'est-ce qui se passe maman? Qu'est-ce que tu me caches?

- Rien mon chéri, dit-elle en lui caressant la joue. Je t'expliquerai tout... un peu plus tard. Mais pour le moment... je dois discuter avec Rayan. S'il te plaît, hum?

- D'accord... d'accord.

- Sinon cette histoire avec Analyze, comment elle va?

- On s'est écrit ce matin, elle va plutôt bien. On a même prévu de se faire un ciné ce soir comme je te l'avais dit mais avec ton état je...

- Rien du tout mon chéri. Tu vas aller à ce rendez-vous.

- Mais...

- Ne discute pas petit chenapan. Hum? Ton amie a besoin de toi alors soutiens-la. Ne t'en fais pas pour moi. Lucette et Rayan seront là. Hum?

- Maman...

- S'il te plaît mon chéri, fais-le pour moi... et pour tata Auriane qui n'est plus là pour s'occuper de ses filles.