Chapitre 19: le psychopathe que j'ai introduit dans ma vie.

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Raphaëlle et Rayan avaient embarqué depuis quinze minutes. Malgré tout ce mois où Romann avait travaillé à l'accepter, il n'arrivait toujours pas à digérer. D'ailleurs, il avait presque failli prendre un billet sur place pour les suivre. Mais Analyze avait su quoi dire pour le calmer. Raphaëlle avait d'ailleurs demandé à celle-ci de veiller sur lui durant leur absence. Elle savait à quel point ils étaient proches. Et même si Lucette était un ange, Romann ne l'écoutait pas autant que Lyze.

Assis à l'arrière du véhicule de Rayan, Romann et Analyze observaient chacun de son côté. L'adolescent essayait de noyer son inquiétude dans le ciel constellé autour de la pleine lune.

- Hey, tenta Lyze en posant une main sur l'épaule de Romann.

C'était le premier mot prononcé depuis que Lucette avait demarré le véhicule. Elle jeta alors un œil furtif dans le rétroviseur central.

- Hey, répondit Romann.

- Je suis là.

Le sourire affectueux d'Analyze caressa le visage du jeune homme. Elle avait les dents du bonheur, tout comme ses deux sœurs, et tout comme leur défunte mère d'ailleurs. En réalité, elles en étaient toutes le portrait craché. Peut-être était-ce pour cela que leur père avait du mal à leur faire face, tant elles lui rappelaient son épouse perdue.

À court de mot, Romann se contenta de répondre par un sourire timide à son amie. Alors qu'ils se fixaient intensément, Vahé lâcha un petit rire craquelé. Les deux adolescents le regardèrent aussitôt et se mirent à rigoler.

- Vous ne croiyiez quand-même pas que le petit resterait là à tenir la chandelle sans se manifester?

- La ferme Lucette, tu veux? Et puis d'abord, toi qui aimes tout le temps parler des affaires de cœur des autres, il est où ton prince charmant, hum?

- La ferme Romann, ça c'est pas tes oignons.

Les trois jeunes gens continuèrent de se taquiner jusqu'à ce qu'ils déposent Analyze. Vahé saisissait l'occasion de prononcer chaque mot qu'il arrivait à capter, quitte à le prononcer de travers. Raphaëlle avait peur qu'il ne supporte pas la distance. Mais elle ne voulait non plus l'emmener en Mozambique alors qu'elle ne savait même pas dans quoi elle s'aventurait. Lucette allait donc jouer les nounous jusqu'à leur retour. Enfin, si retour il y avait. Raphaëlle pensait que le bébé pleurerait au moment de la séparation mais contre toute attente, le petit se mit à lui faire aurevoir de la main en souriant. En fin de compte, elle se rendait à l'évidence que c'était peut-être elle qui ne supporterait pas la distance.

Il était deux heures et la circulation était plus fluide qu'en plein soleil. Au bout d'une demi-heure, Lucette gara la voiture de son frère sous le carport de leur maison. Romann descendit le premier, Vahé sur les bras.

- Toi aussi t'es inquiet mon p'tit pote? Demanda-t-il en s'adressant à son petit frère.

- Mantipote... mantipote...

Romann rigola et remua de la tête.

- Toi tu refais le dictionnaire tous les jours que Dieu fait quoi. Désoé et maintenant mantipote. Je pense qu'on va devoir te créer ton dico personnel.

Alors que Romann traversait le seuil du salon avec le bébé, Lucette s'arrêta en descendant du véhicule. Son téléphone sonnait.

- Non mais je rêve, il veut quoi encore celui-là?

Elle trépigna un instant pour réfléchir à l'attitude qu'elle devait adopter. Un moment, elle pensa à ne pas décrocher. Mais la curiosité finit par avoir raison d'elle.

- Allô?

- Luce, ma douce Luce.

- Qu'est-ce que tu veux encore Obaadé? Je pensais avoir été claire la dernière fois que tu m'as appelée. Je n'ai pas l'intention de te rencontrer en personne, que tu sois à Cotonou ou à Dubaï.

- Ne t'en fais pas, je n'appelle pas pour demander un rendez-vous. Enfin, pas pour le moment. Ça viendra plus tard. J'appelle juste pour te souhaiter la bienvenue.

- La bienvenue? Mais de quoi tu parles?

- Chez toi, tu viens de rentrer, non? Bonne arrivée.

Lucette sourcilla et se mit à jeter un œil frénétique autour d'elle.

- Détends-toi Lucette, je ne vais pas te hanter. Je tenais juste à t'accueillir comme il se doit. Après tout, tu es une reine. Et bientôt, tu seras la mienne.

Le souffle court et les yeux partout, la jeune femme raccrocha et manqua de laisser tomber son smartphone. Alors qu'elle essayait de reprendre ses esprits, l'iPhone se mit à sonner de nouveau, la faisant tressauter. Elle avait presque peur de vérifier qui l'appelait. Pour elle, cela ne pouvait être que le psychopathe qu'elle avait laissé entrer dans son existence. Elle retourna lentement le téléphone et le nom qui s'afficha l'étonna plus qu'il ne la soulagea.

- Romann?!

- Ouais je sais, c'est bizarre de t'appeler alors que t'es juste à côté mais Vahé a fait caca. Je veux lui changer sa couche mais je trouve pas les lingettes. Flemme de revenir dehors pour te demander. Alors elles sont où?... Luce, tu m'écoutes là?

- Euh oui oui... écoute, attends-moi je viens te montrer où elles sont.

- Ok cool.

Sans attendre qu'il raccroche, Lucette retira le téléphone de son oreille et continua d'inspecter la maison. Comment pouvait-il savoir qu'elle venait juste de rentrer?

- Ça ne peut pas être un hasard, se dit-elle. J'arrive pas à croire que ce malade m'espionne. Bon sang Lucette, dans quelle sale histoire tu t'es fourrée?

Alors que la jeune femme se perdait dans ses pensées, une brise glaciale lui traversa le dos. Puis soudainement, une main se posa sur son épaule et la fit sursauter. Elle hoqueta en se retournant brusquement!

- Hey calmos Lucette, c'est que moi. Ça doit faire cinq minutes que j'attends que tu viennes me montrer ces lingettes... Est-ce que tout va bien? Tu m'as l'air... troublée.

La jeune femme saisit son crucifix entre le pouce et l'index en examinant les alentours.

- Lucette?

- Oui oui, ça va, t'en fais pas.

- Bah ça en a pas l'air.

- Je t'ai dit que ça allait.

- Ok doucement, pas la peine de t'énerver.

- 'Suis pas énervée... Excuse-moi, ajouta-t-elle avant de le dépasser.

Romann demeura perplexe face au comportement étrange de sa belle-tante. Comme si elle lui avait transmis son inquiétude, il se mit à son tour à interroger les lieux du regard. La clôture bétonnée de la maison faisait huit mètres de haut. Et en plus, elle était entièrement surplombée de clous épineux anti-escalade chargés d'électricité. C'était la première fois qu'il voyait Lucette dans cet état alors forcément, il se posait des questions. Mais puisqu'il n'y avait point d'ombre à l'horizon, il haussa les épaules.

Romann ferma la portière que Lucette avait oubliée et verrouilla le véhicule. Il se dirigea ensuite vers l'intérieur en sifflotant. De toute façon, il savait qu'il ne parviendrait pas à dormir tant que sa mère n'aurait pas atterri. Pour lui comme pour Lucette, la nuit s'annonçait longue.

La Malédiction Des Jumeaux : Un Nouveau Chapitre De Dr Djenguè Où les histoires vivent. Découvrez maintenant