Chapitre 7: une femme qui a le goût du danger.

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Rayan sortit des toilettes de son bureau en se frottant les mains. En jetant un œil à sa MasterGraff, il se rendit compte qu'il restait à peine cinq minutes avant le démarrage. Il pensa alors à appeler sa femme pour sentir sa voix lui caresser les tympans. Il avait conscience de son absence dernièrement. Et même si elle feignait de le supporter, c'était à peine le cas.

Rayan se saisit de son téléphone posé sur la table de verre. Mais avant qu'il n'ait le temps de composer le numéro de Raphaëlle, un appel entrant l'interrompit.

- Lucette? Bizarre ça, pourquoi elle m'appelle à cette heure?... Allô Lucette?

- Allô grand-frère.

- Oui dis-moi, tout va bien?... Luce, tu es là?

- Oui euh oui je... en fait c'est ta femme qui demande à ce que tu rentres immédiatement.

- Quoi? Pourquoi? Attends, elle est à côté de toi?

- Ou-oui elle est juste là.

- OK, passe-la moi, tu veux?

- Tiens belle-sœur, Rayan veut te parler.

- Allô? Ma puce? Écoute je sais que récemment je suis pas tellement à la maison mais j'ai une réunion importante dans trente minutes. Je rentre aussitôt après, promis. D'accord?... Ma puce? Raphaëlle, t'es là?

- Je sais... je sais que tu as énormément de boulot en ce moment mais... il faut que tu rentres chéri... j'ai besoin de toi... Tes enfants ont besoin de toi.

- C-comment ça? Qu'est-ce que tu veux dire?

- Est-ce qu'il faut que je te supplie pour que tu honores la promesse que tu m'as faite? Tu m'as juré que les enfants et moi, on passerait toujours en priorité.

- Oui bien sûr et je n'ai qu'une parole mais...

- Mais alors dépêche-toi de rentrer... je t'en supplie...

- Chérie est-ce que... est-ce que tu pleures?

- Reprends ton téléphone Lucette.

Puis plus rien. Raphaëlle avait raccroché. Perturbé, le chef d'entreprise jeta un œil à son assistante par le mur vitré qui les séparait. Elle était concentrée sur son bloc-note, réglant les derniers détails du rendez-vous imminent. Après quelques secondes d'hésitation, Rayan l'interpella. Sans se faire prier, elle s'extirpa de son fauteuil et se présenta.

- Donnez-moi encore deux minutes et je suis prête monsieur.

- Sèdami.

- Rayan?

- On a un problème.

L'assistante hocha lentement la tête et s'assit face à son boss. Ce dernier lui expliqua qu'il avait une urgence familiale et qu'il ne pourrait pas honorer le rendez-vous.

- Je vois.

- Écoutez Sèdami, je sais qu'on prépare ce rendez-vous important depuis un moment mais voilà. Appelez le client et annulez. Je suis sûr que vous saurez trouver les bons mots pour l'apaiser.

- Et si on n'annulait pas tout court?

- Comment ça? Je ne vous suis pas.

- Je pourrais m'y rendre en tant que représentante de...

- Non Sèdami, si vous faites ça, on sait très bien comment ça risque de finir.

- Et alors? Je suis bien payée pour ça, non?

- Seulement quand tout est planifié à l'avance. Là on n'a rien prévu de tel. Et vous avez vous-même effectué les recherches sur lui. Vous savez parfaitement qu'il a une biographie très peu flatteuse avec les femmes. Vous serez seule et il pourrait vous emmener n'importe où.

- Je suis une grande fille monsieur, vous savez.

- Et moi je suis votre patron. En plus, j'aurais bien pu vous mettre au monde alors...

- Monsieur...

- C'est non Sèdami, il est hors de question qu'on vous mette en danger pour un simple contrat.

- Simple contrat sur lequel on travaille depuis deux ans?

- Ce n'est rien à côté de votre intégrité.

L'acharnement de Rayan à vouloir la protéger arracha un sourire à Sèdami. Seulement, elle était tout aussi obstinée que lui.

- Le restaurant est équipé de caméras de surveillance à l'intérieur comme à l'extérieur. Il y a également des agents de sécurité aux alentours et c'est d'ailleurs pour le haut niveau de sécurité de ce restaurant que nous l'avons choisi. En plus, notre chauffeur est loin d'être un simple chauffeur. Et puis, une escorte de sécurité suivra notre voiture de service de près. Que vous soyez là ou non, je serai en sécurité.

- Le problème c'est que Mahatma aura l'impression qu'on se fout de lui. Et ça plus que n'importe quoi, l'insupporte. Se retrouver juste avec l'assistante alors qu'il devait rencontrer le boss, il vaut encore mieux tout annuler.

- Je suis ceinture noire de karaté.

- Quoi, mais...

- Ça fait trois ans qu'on se connaît monsieur Rayan. J'ai débuté en tant que stagiaire et j'ai ensuite été embauchée. Vous devriez déjà savoir que j'aime le danger.

- Dites-moi une chose mademoiselle Sèdami, vous tenez à ce rendez-vous parce que le client est important ou parce que vous aimez le danger?

- Hmmm... un tout petit peu des deux. Écoutez Rayan, je ne vous ai jamais déçu. Laissez-moi y aller et je reviendrai avec le double de ce qui est convenu.

- Attendez, quoi?

- Vous avez bien compris Rayan.

Comment résister à une telle offre? Après tout, Sèdami était là pour faire rentrer de l'argent. Et elle n'avait effectivement jamais failli à ses missions.

- Bien.

- Merci monsieur.

- Mais.

- Mais?

- Au moindre signe de danger, vous laissez tout tomber. Tout j'ai bien dit.

- Marché conclu.

- Enfin, si tant est que votre amour du danger ne prend pas le dessus.

Cette remarque fit de nouveau sourire la charmante assistante. Rayan souffla en la regardant regagner son bureau. Il jeta un œil à sa montre. Plus que deux minutes avant qu'elle ne prenne la route pour le lieu de rendez-vous. Il empocha son smartphone et sortit de la pièce.

Dans le couloir, en revoyant les banquettes, il se souvint du coup que lui avait fait Alma dans la matinée. En sortant de la salle de conférence, elle n'était plus là. Kéneth, la réceptionniste confirma avoir vu la mannequine s'en aller à peine trois minutes après le démarrage de la réunion. Mieux, cette dernière n'avait laissé aucun mot pour lui. Et à en croire Kéneth, elle n'avait l'air ni pressée ni affolée. Aurait-elle fait exprès d'attiser la curiosité de Rayan pour enfin le laisser sur sa soif?

La Malédiction Des Jumeaux : Un Nouveau Chapitre De Dr Djenguè Où les histoires vivent. Découvrez maintenant