Chapitre 11: petits jeux coquins dangereux.

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- Où est Raphaëlle? Demanda Rayan en montant sur la terrasse. Non, laissez-moi deviner, elle dort.

Les bras croisés, Romann baissa la tête pour ne pas réagir.

- Écoute grand-frère, je sais que tout ça n'a aucun sens pour toi, et pour nous aussi d'ailleurs. Et apparemment tu as loupé un RDV important pour être ici, mais je suis certaine que Raphaëlle avait une bonne raison de te demander de rentrer en urgence.

- Non sans blague, me demander de rentrer en urgence pour ensuite s'endormir. Si ça se trouve, c'est juste un caprice de grossesse.

Fatigué d'écouter son beau-père se complaindre, Romann décroisa ses bras, prêt à riposter. Mais un cri venant de l'intérieur les alerta tous.

- C'était quoi ça? S'enquit Rayan en poussant la baie vitrée.

Il fut aussitôt suivi par Romann et Lucette qui craignaient que Raphaëlle ne soit en train de faire une autre crise.

En entrant dans leur chambre, Rayan tomba sur le visage humecté de sa femme. Elle avait les yeux rivés sur sa robe satinée imbibée de sang.

- Mes bébés, pourquoi ils veulent me prendre mes bébés?

- Bon sang, bon sang, bon sang. Je suis là chérie, je suis là, ça va aller, ça va aller.

Rayan souleva son épouse contre sa poitrine. Le froid glacial du sang le fit frissonner lorsque Raphaëlle enroba son cou de ses mains mouillées.

- Ne les laisse pas me prendre mes bébés Rayan, je t'en supplie, je t'en supplie.

- Ça va aller ma puce, je te le promets...

Dans ce charivari qui imbibait l'atmosphère d'inquiétude, Vahé se mit à pleurer. Lucette se précipita aussitôt dans sa chambre pour le rassurer.

Alors que Rayan descendait les marches, Lucette préparait le sac d'hôpital de Raphaëlle, le bébé sur le bras. Pendant ce temps, Romann était comme étranger à tout ce qui se passait. Le regard perdu, il observait Rayan se débrouiller pour porter sa mère jusqu'à la voiture.

- Romann... Romann, tu m'entends?... Romy!

- Oui! Oui, quoi?!

- Tiens ce sac et accompagne-les avec. Là dedans, il y a tout ce dont ils pourraient avoir besoin.

L'adolescent déglutit.

- Hey Romy, je sais que tu as peur mais il faut que tu te ressaisisses. Garde la foi, tout va bien se passer pour ta mère.

- Et si cette histoire d'occultisme était réellement à la source de tout ça? Qui peut bien en vouloir à ma mère? Elle n'a jamais rien fait à personne.

- Écoute petit prince, je n'ai aucun doute sur la belle âme de ta mère. J'ai moi-même vécu suffisamment longtemps avec elle pour voir à quel point elle est adorable. Mais pour l'heure, elle a besoin de soin. Et si tu veux qu'elle s'en remette, il faut que tu reprennes tes esprits et que tu sois là pour elle. Alors prends ce sac maintenant et vas les rejoindre dans la voiture. Ils auront besoin d'aide pour ouvrir le portail aussi. Allez oust!

Romann hocha la tête et souffla un bon coup pour se donner du courage. Il jeta un œil à travers la baie vitrée et s'empressa de rejoindre le couple. Lucette descendit les marches à son tour et les regarda quitter la maison. Elle se saisit du crucifix qui ornait son cou et le pressa dans son poing.

- Je t'en supplie Seigneur, protège Raphaëlle et ses jumeaux.

Pour conclure sa prière, elle baisa le bijou et le replongea dans la raie de ses seins. Le petit Vahé avait déjà cessé de pleurer et repartait au pays de Morphée. Lucette le berça encore quelques minutes tout en se dirigeant vers sa chambre. Elle le déposa doucement dans son berceau et chanta jusqu'à certitude qu'il était vraiment endormi.

Zzzzzzzzzzz zzzzzzzz zzzzzzzzz

Surprise par les vibrations contre sa cuisse, la jeune femme manqua de réveiller le bébé. Mais elle parvint à se contenir et quitta la pièce sur la pointe des pieds.

- Obaadé? Mais depuis quand il m'appelle à cette heure lui? Et en plus en appel audio.

Consciente de la tournure que pourraient prendre les choses, Lucette se dirigea vers sa chambre et referma derrière elle.

- Allô?

- Juste Allô? Comme si j'étais un vil inconnu?

- Qu'est-ce que tu veux Obaadé? On n'étaient pas censés se contacter avant mardi prochain.

- Eh bien, tu as une drôle de façon d'accueillir un bon ami, toi.

- Bon ami? MDR. Je te rappelle que toi et moi on n'est pas amis. Juste deux adultes qui partagent des désirs communs et qui se sont associés pour les assouvir.

- Alors c'est tout ce que je suis pour toi? Un objet sexuel?

- Tu sais quoi Obaadé? Bonne nuit.

- Non attends, ne raccroche pas.

- Quoi encore? Tu veux quoi en fait?

- Écoute Lucette, désolé si mes mots t'ont contrariée. Ce n'était pas mon intention.

- Et alors c'était quoi ton intention? On s'est entendus dès le départ. Pas d'appels en dehors des jours et des heures convenus. Et là toi tu te permets d'enfreindre la règle et en plus de te foutre de ma gueule.

- Ha ha ha, sacrée Lucette. Tu sais, c'est l'une des choses que j'adore chez toi. Ta rigueur. Mais bon, trêve de bavardage. Si je t'ai appelée c'est pour une raison bien précise. Je viens d'atterrir à Cotonou et je me suis dit qu'on pourrait enfin se rencontrer tous les deux. Je veux dire, en vrai.

- Pardon?! Écoute, il n'a jamais été question de se rencontrer. C'est censé être une relation à distance et uniquement à distance.

- Oui je sais mais...

- Il n'y a pas de mais Obaadé. Pffff, définitivement tu enfreins règle après règle. J'aurais bien dû me douter que ça allait mal finir. J'aurais dû m'en tenir à mes principes de départ et rester dans un total anonymat.

- Oui mais tu ne l'as pas fait. Ça veut dire qu'à un moment tu as décidé de me faire confiance.

- Oh et crois-moi, je le regrette déjà du plus profond de mes entrailles. Tu sais quoi? Aurevoir Obaadé, j'ai des choses à faire.

- Attends je...

Elle lui raccrocha au nez et plaqua l'iPhone contre son front. Toute une série d'angoisses la parcourait à 1000 pensées la minute. Lucette commençait à se rendre compte qu'elle s'était livrée sur un plateau d'or à un parfait inconnu. Et à présent, il était dans le même pays qu'elle. Il ne connaissait peut-être pas son adresse exacte ni son numéro de téléphone. Mais il avait son snap, son Instagram et son Facebook. Elle était loin d'être à l'abri. Et si c'était un psychopathe?

La Malédiction Des Jumeaux : Un Nouveau Chapitre De Dr Djenguè Où les histoires vivent. Découvrez maintenant