Chapitre 5: une attirance beaucoup trop étrange.

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À peine avait-il posé ses baskets au sol que Rayan lança ses clés dans les airs. Mercantour, l'un des voituriers la rattrapa sans faute.

- Belle journée monsieur Ray!

- Belle journée Mercantour!

En petites foulées, le chef d'entreprise gagna ses locaux comme s'il était en retard. Grand, clair, beau et plein aux as, c'était le fantasme inavoué de bien des femmes qui croisaient son chemin. Mais c'était peine perdue, il n'avait d'yeux que pour sa Raphaëlle. Du moins, c'était ce qu'il pensait jusqu'à récemment. Et rien que de penser qu'il reverrait l'objet de ses troubles, il avait le cœur en vrille.

Tous les employés qu'il croisait le saluaient alors que ses pas fouettaient le sol. Mais cela n'empêchait qu'il leur réponde avec le même enthousiasme. Il avait su développer cette énergie positive qui maintenait la société dans une productivité croissante.

- Alors, comment va la plus belle réceptionniste de Cotonou?

Cette dernière rougit et lâcha un sourire enchanté.

- Bonjour monsieur Ray. Je vois que vous avez passé une belle soirée.

- Comment ne pas lorsque je suis marié à la plus belle femme du monde?

- Eh bien j'en suis ravie. D'ailleurs, comment va-t-elle? Et votre petit boutchou?

- À merveille tous les deux. Et vous avec votre cher et tendre? Depuis votre retour de la lune de miel, votre teint est devenu comment dirais-je... plus lumineux.

- Bah c'est forcément que ça se passe bien. Je lui transmettrai le message comme quoi vous trouvez qu'il s'occupe bien de moi.

- Bien, bien. Allez je vous laisse à votre noble travail. Sèdami passera vous communiquer les consignes d'aujourd'hui.

- Bien monsieur, passez une agréable journée!

- À vous de même Kéneth!

Sédami? Sèdami n'était autre que l'assistante personnelle de Rayan. Il l'avait expressément choisie pour son professionnalisme mais aussi pour sa bordellerie redoutable. Elle n'était pas seulement jeune et belle. Elle n'avait surtout aucun scrupule à se servir de ses charmes pour appâter les plus gros clients. Et même si le marketing et la vente n'étaient pas de son ressort, elle se plaisait à fréquenter des hommes riches et puissants, et pas que des hommes. Cela lui permettait d'élargir son carnet d'adresses et de grossir ses expériences sexuelles. Pour elle c'était comme découvrir la saveur de nouveaux plats. Sa fivrolité n'était un secret pour personne dans l'entreprise et en dehors. D'ailleurs, elle avait été claire lors de son entretien d'embauche: j'utiliserai mon corps autant que ma tête pour vous servir. En échange, je veux être payée à ma juste valeur. Rayan était surpris par autant de franchise et très vite, il se rendit compte qu'elle pesait bien ses mots. Les clients difficiles, elle n'en faisait qu'une pâtée. Du moins, la majorité d'entre eux. Et depuis, Rayan l'avait surnommée mon corps et ma tête. Tant que Raphaëlle n'en savait rien, il se sentait en sécurité.

Une fois dans son grand bureau, il s'installa dans son fauteuil et croisa les pieds sur la table de verre. En face de lui, Sèdami l'attendait avec trois piles de documents. Assise, les cuisses entrecroisées, elle arrangea une mèche récalcitrante de ses interminables extensions gris argenté.

- Alors mon corps et ma tête, qu'est-ce qu'on a aujourd'hui?

La jeune dame de 23 ans commença par un résumé de la veille puis se mit à lui faire une présentation claire et succincte de la nouvelle journée. Emploi du temps, rendez-vous, courriers, documents à signer, etc. Tout y était passé. Rien à redire. Il était heureux d'être tombé sur cette perle rare.

- Bien, tu peux disposer. On se retrouve en salle de réunion dans... cinq minutes.

- Bien Rayan.

Elle se percha sur ses escarpins de 15 cm et se dirigea vers la porte avec son bloc-note numérique.

- Au fait Sèdami!

- Oui Rayan?

- Très jolies chaussures.

Elle arbora un sourire satisfait et quitta la pièce.

Sur ce, Rayan récupéra sa tablette et se dirigea vers la salle de réunion. Mais au moment où il allait pénétrer cette dernière, une voix mûre traversa son échine. La détentrice de cette voix l'approcha et lui tendit la main, en signe de salutation. Rayan détailla longuement ces doigts fins avant de les saisir. Il pensait qu'une poignée de main vigoureuse suffirait à la calmer mais il avait tout faux.

- J'espère que vous commencez une bonne journée monsieur Ahounou.

- Euh oui... oui bien sûr et vous euh...

- Alma.

- Vous m'excuserez, je ne suis pas très doué avec les prénoms.

- Oh mais ne vous en faites pas. Je suis certaine que très bientôt, vous retiendrez le mien pour très longtemps.

Rayan sonda les yeux du mannequin, à la recherche d'un indice sur cette affirmation bien étrange. Mais avant qu'il n'ait pu détecter quoi que soit, elle se remit à parler.

- Je sais... que vous avez un emploi du temps très chargé mais... je souhaite avoir une discussion avec vous... en privé.

- Oh je vois. Eh bien... dans ce cas, prenez rendez-vous auprès de mon assistante. Elle doit être dans son bureau.

- Voyons monsieur le PDG, vous pourriez bien faire une exception pour... un top model qui est actuellement sous contrat avec votre entreprise?

- Eh bien même si je le voulais, je ne pourrais pas vous recevoir aujourd'hui. J'ai un agenda bien chargé et là je m'apprête d'ailleurs à commencer une réunion.

- Hm je vois. Dans ce cas je vais vous attendre euh... juste là, conclut-elle en indiquant des banquettes disposées dans le couloir.

- Euh vous...

Voyant que c'était peine perdue de tenter de la dissuader, Rayan se résigna et entra dans la salle de conférence. Elle avait l'air bien décidée à lui parler et lui était bien curieux de savoir ce qu'elle tenait tant à lui dire. Et puis, c'était l'occasion rêvée de l'avoir encore proche de lui. À cette pensée, il se mit une claque intérieure puis une deuxième. Comment cette femme avait-elle réussi à susciter en lui de tels désirs? Était-ce parce qu'elle était plus vieille que lui? Ou l'avait-elle tout simplement envoûté? En effet, depuis qu'il l'avait vue défiler lors du casting de la veille, il n'arrêtait pas d'avoir des flash d'elle. Et pourtant, de belles femmes, il en voyait à longueur de journée. Il n'y avait que ça dans son entreprise. Et sa femme, même enceinte, était toujours aussi magnifique. Qu'était-il donc en train de lui arriver?

La Malédiction Des Jumeaux : Un Nouveau Chapitre De Dr Djenguè Où les histoires vivent. Découvrez maintenant