La Malédiction Des Jumeaux : Un Nouveau Chapitre De Dr Djenguè

Chapitre 12: la drogue et ses vices collatéraux.

Le casque sur la tête, Analyze rentrait de son entraînement de basket. Romann n'avait pas pu la déposer comme d'habitude alors elle s'était contentée d'un taxi moto. De toute façon, elle ne pouvait pas lui en vouloir. Sa mère était hospitalisée depuis trois jours et les médecins allaient enfin la relâcher ce soir. Le jeune homme tenait donc à être présent pour la ramener à la maison avec Rayan.

En posant ses baskets sur les carreaux du salon, des bruits sourds poussèrent l'adolescente à faire glisser le casque sur son cou. Les cris provenaient du bureau de son père. Tout de suite, Lyze conclut qu'il s'agissait d'une dispute entre lui et sa femme. Après tout, ce n'était pas la première fois qu'une discussion houleuse éclatait entre ces deux-là. Analyze continua donc sa route et se dirigea vers la chambre de sa sœur. Comme à son habitude, elle passait toujours prendre des nouvelles d'Anaëlle en rentrant à la maison. La pauvre avait développé une agoraphobie depuis le décès de leur mère. Ils avaient bien essayé de l'aider en la confiant à un psychiatre. Mais très vite, la jeune femme avait mis fin à sa thérapie sans jamais expliquer pourquoi. Analyze avait bien essayé de comprendre, et à défaut, de la mettre en contact avec un autre médecin. Mais Anaëlle ne voulait plus rien entendre.

- Toc toc toc? Coucou ma puce! Devine qui est rentrée plus tôt aujourd'hui!... Anaëlle, ça ne va pas?

Assise en tailleur dans son lit, Anaëlle se balançait d'avant en arrière, les yeux fermés et les paumes sur les oreilles.

- Hey ma puce, calme-toi, c'est rien. C'est juste papa et sa folle qui se disputent dans son bureau. Tu sais très bien que ces deux-là passent leur temps à ça, enfin les quelques rares fois où papa daigne être à la maison.

- Non. Non. Non.

- Ana, s'il te plaît, regarde-moi.

- Ce n'est pas... ce n'est pas papa et Jedida.

- Comment ça? Je ne comprends pas.

- C'est... c'est Belle. Elle... elle est entrée en criant dans la maison et depuis ils n'arrêtent pas de se disputer.

Analyze fronça les sourcils et se leva aussitôt. En sortant de la chambre d'Anaëlle, elle vit Anabelle sortir du bureau de leur père en furie.

- Belle! Belle, mais qu'est-ce qui se passe? Anabelle!

Sans lui répondre, la junkie se précipita dans sa propre chambre. Analyze entra derrière elle et la vit entrain de mettre le bazar dans ses affaires.

- Belle, mais qu'est-ce que tu fais?... Annabelle, bon sang! Quelqu'un peut m'expliquer ce qui se passe ici?

Anabelle s'arrêta un instant et posa des yeux vides cernés sur sa sœur.

- Eh bien tu n'as qu'à demander à ton père, petite fille gâtée pourrie.

Sous le regard ébahi de Lyze, Belle rassemblait tous les objets de valeur dans son sac. Elle décida donc de demander des explications à son père. Dans son bureau, ce dernier faisait dos à la porte, la tête baissée devant la bibliothèque.

- Papa.

- Quoi encore Anabelle? Je t'ai déjà dit que c'est non négociable. Je ne dégèlerai pas tes comptes tant que tu ne te seras pas décidée à faire une cure.

- Pardon?! Tu as gelé ses comptes?!

En se retournant, Isaac se rendit compte qu'il s'était trompé de fille. Avant que la drogue n'enroue légèrement la voix de Belle, celle-ci partageait le même timbre que Lyze, moins rauque que celui d'Anaëlle.

- Et tu penses franchement que c'est comme ça que tu vas l'obliger à arrêter de se droguer?

- Baisse d'un ton Analyze, je suis ton père.

- Ah bon? Et depuis quand, dis-moi? Depuis quand ton rôle de père te tient-il si soudainement à cœur?

- Je t'ai dit...

- Non tais-toi papa! Tais-toi! Non seulement tu as tué maman mais en plus tu ne te gênes pas pour insulter sa mémoire en nous abandonnant nous, ses filles. Nous, vos filles papa! Regarde-toi! Regarde-nous! Tu es vraiment fier de ce que tu as construit? Est-ce que tu arrives à te regarder dans la glace au moins? Tssss, je ne sais même pas pourquoi je perds mon temps à discuter avec toi. Il est évident que tu as perdu tout ce qu'il te reste de dignité.

En ressortant du bureau, Analyze atterit aussitôt dans la chambre de Belle. Cette dernière était en fouillis mais la jeune femme n'y était plus. Analyze devina qu'elle avait déjà pris la clé des champs. Elle alla récupérer une enveloppe dans son tiroir de chevet et accourut ensuite à l'extérieur.

- Belle! Belle, s' te plaît attends-moi! Attends-moi!

Voyant que sa sœur ne comptait pas s'arrêter, Lyze la rattrapa en courant.

- Laisse-moi passer Analyze.

- Écoute-moi au moins.

- Quoi, pour que tu me dises toi aussi à quel point je suis une grosse déception pour cette famille?

Lyze remua de la tête et passa prudemment sa main contre les locks byzantium de sa sœur. Elle les avait depuis ses huit ans. Ella avait très tôt trouvé son style vestimentaire. Et Auriane n'avait jamais rien fait pour la décourager. Au contraire, elle adorait voir sa fille dans son univers rock et gothique.

- Non Belle, tu n'es pas une déception. C'est juste...

- Que quoi? C'est juste que quoi Lyze? Que je suis la petite junkie qui a perdu sa voie et qui déshonore sa famille?

- Non Belle. C'est juste qu'on a toutes un mauvais père.

Analyze écrasa la petite larme qui avait réussi à lui échapper.

- Tiens Anabelle. Dans cette enveloppe, il y a 300k.

- P-pourquoi tu me donnes cet argent Lyze? Tu sais parfaitement que je vais m'en servir pour acheter de la drogue.

- Parce que contrairement à papa, je ne suis pas conne.

Cette remarque arracha un sourire à Belle.

- Je sais parfaitement comment marche cette histoire de dépendance. Et je sais que tu as envie d'en sortir toi aussi, mais ce n'est pas si facile, n'est-ce pas?... Je ne veux surtout pas que tu te retrouves à... à voler, à te... prostituer, à dormir dans la rue, ou pire... juste parce que tu n'as plus d'argent.

- Arrête de pleurer s' te plaît, tu vas me contaminer.

- Écoute Anabelle, fais ce que tu veux de cet argent. Mais je t'en supplie, je t'en supplie, si tu as besoin de sous, appelle-moi ou laisse-moi un message, mais s'il te plaît... ne te mets pas dans des situations louches, ça je ne le supporterai pas.

- Eh bien... je pense qu'il est un peu tard pour ça.

- Comment ça? Qu'est-ce que tu veux dire?

- Écoute Lyze, merci beaucoup pour ton aide. Mais pour le bien de tout le monde, il vaut mieux que je m'en aille... et que je ne revienne plus jamais.

- Non ne dis pas ça.

- Allez viens dans mes bras sœurette... Je t'aime fort, tu le sais ça?

- Moi aussi je t'aime Anabelle.

- Écoute, reprit-elle en se détachant de sa sœur. Quand tu seras rentrée, fais un câlin à Ana de ma part. Il se pourrait que je lui ai fait un peu peur avec mes cris.

- Un peu? Elle faisait quasiment une crise de panique quand je suis rentrée.

- Bon d'accord, je lui ai peut-être crié dessus juste parce qu'elle me regardait depuis le balcon... Bon, il faut que je file.

- Anabelle, attends. Mais où est-ce que tu vas?... Anabelle! S'il te plaît ne disparais pas encore une fois!

- Arrivederci petite fille pourrie gâtée!

Analyze laissa tomber ses bras. Il était désormais évident qu'Anabelle traînait déjà dans des affaires louches. Mais lesquelles? Était-ce toujours lié à la drogue ou avait-elle fini par glisser dans un vice collatéral?