La Malédiction Des Jumeaux : Un Nouveau Chapitre De Dr Djenguè

Chapitre 24: la grand-tante.

Alors que Rayan sondait Fatima du regard, Raphaëlle poussa un petit cri.

- Qu'est-ce qui se passe?

Les mains accrochées à son ventre, elle n'eut pas le temps de répondre à son mari. Ce dernier la sauva d'une chute certaine alors que ses cris devenaient de plus en plus insoutenables. Rayan n'avait peut-être pas assisté à sa première transe, mais il devinait que c'en était une autre.

- Non non non non, pas encore, pas encore. Chérie je suis là, je suis là. Et vous, vous allez rester là à ne rien faire?! C'est votre fille ou pas?!

Fatima demeura immobile un instant. Puis elle se précipita près de sa fille. Elle glissa sa main sous la robe de Raphaëlle et la roula jusqu'au dessus de son ventre. Il était animé par de violents mouvements. Rayan comprenait désormais pourquoi sa femme pensait que les jumeaux s'étaient battus. Trop inquiet, il ne résista pas aux gestes de sa belle-mère cette fois. Fatima ferma les yeux et se mit à prononcer comme des incantations en caressant le ventre nu de sa fille. Très vite, Rayan se rendit compte qu'il s'agissait non pas d'incantations mais de la panégyrique clanique de sa femme.

Fatima répétait la séries de phrases en boucle, en caressant le ventre de sa fille. Plus elle allait, plus le ton montait et plus des grognements entrecoupaient ses mots. Mais pour le plus grand soulagement de Rayan, sa femme se détendait de plus en plus alors que les renflements de son ventre disparaissaient. Au bout d'un moment, le corps de Raphaëlle s'affala et celui de sa mère fut projeté. Fatima se releva, l'air épuisé et revint près d'eux.

- Qu'est-ce qui se passe? Pourquoi elle ne réagit plus?

- Elle s'est endormie Rayan.

- Encore... encore? Elle n'arrête pas de s'endormir comme ça depuis qu'on est ici.

- C'est normal. Elle porte deux enfants en son sein, elle n'est pas à sa place ici et elle est sous l'emprise de cette malédiction. Ça fait trop pour elle...

- D'accord, mais faites quelque chose au moins. Vous n'allez quand-même pas la laisser comme ça?

- Si au contraire, elle a besoin de repos.

- Quoi, mais?

Fatima posa une main rassurante sur celle de Rayan. Et pour la première fois depuis son arrivée ici, sa méfiance à l'endroit de la vieille femme disparut.

- Elle va bien jeune homme. En revanche, la malédiction est plus avancée que je le pensais.

- La malédiction est avancée?

- Oui, dès ce soir, on vous fera tout comprendre. En attendant, prends soin d'elle... J'ai quelqu'un à convaincre.

Sur ces mots, Fatima se releva et sortit de la case. Depuis son arrivée ici, c'était la première fois que la dame aux cheveux grisonnant lui semblait inquiète. Il reposa son regard tracassé sur Raphaëlle. Qu'est-ce qu'elle avait fait pour mériter autant de souffrances? Malédiction... mais quelle malédiction?

*

Agenouillée, les mains sur les cuisses et la tête baissée, Fatima se faisait réprimander par une petite fille. Pourtant, l'apparence de cette dernière n'avait pas plus de 10 ans.

- Je t'avais prévenue Fatima.

- Je sais mais...

- Mais rien, tu n'en fais qu'à ta tête et après tu veux que je nettoie derrière toi.

- Pardon grand-tante.

La petite fille souffla.

- Les chances de survie de Madalena sont quasiment nulles. Elle est loin d'être un esprit pur. Et seuls les esprits purs peuvent sortir indemnes d'un bain dans les eaux de pureté.