Chapitre 4: et si j'avais pu la sauver?

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La voix qui ne cessait de répéter son prénom lui semblait lointaine jusqu'à ce que s'ouvrent ses paupières. Rayan grogna et jeta le coussin par terre, celui que sa femme lui avait balancé à la face la veille.

- Mauvaise nuit, à ce que je vois.

- Ça, tu peux le dire.

- J'espère que ce n'est pas à cause moi.

- Oh non, t'en fais pas. Juste une querelle de couple. J'ai préféré la laisser gagner pour ne pas qu'on se dispute. Tu sais... cette histoire de grossesse compliquée. Elle devient complètement lunatique à chaque grossesse, je ne m'y habitue toujours pas, c'est dingue.

- Ouais je vois. Je peux t'avouer quelque chose?

- Bien sûr mon pote, viens t'asseoir.

- J'ai un peu peur... de la manière dont les choses pourraient se passer. Je veux dire... j'ai lu sur les grossesses gémellaires et à son âge...

- Je te comprends Romy. Et pour tout te dire, moi aussi je suis inquiet. Mais il ne faut surtout pas qu'elle le sache. Sinon ça risque de la stresser encore plus.

- M'ouais, t'as tout à fait raison.

- Sinon, cette histoire avec Analyze, tu m'expliques?

- Lyze a toujours été quelqu'un de renfermé. Quand tata Auriane est morte, Anabelle a vrillé et Anaëlle a déprimé pendant des mois. Mais étrangement avec Analyze, rien du tout. J'aurais dû prévoir que c'était une bombe à retardement.

- Et si tu l'avais prévu, tu aurais fait quoi?

- J'en sais rien... au moins j'aurais été préparé pour hier. Et je ne l'aurais sûrement pas emmenée dans un lieu public... Quoi? Pourquoi tu me regardes comme ça?

- Tu lui as dit?

- Dit quoi?

- Je connais ce regard mon pote, tu devrais lui dire.

- Et risquer de gâcher cette belle relation qu'on a? Non merci.

- Mais qui te dit que c'est pas réciproque?

- En fait... c'est réciproque. Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir.

- Mais alors... pourquoi tu te retiens?

- Elle n'a pas la force d'aimer en ce moment.

- Comment ça? Ça veut dire quoi ne pas avoir la force d'aimer?

- Dans son état actuel c'est d'un ami qu'elle a besoin, pas d'un petit-ami.

- J'avoue que j'ai du mal à te suivre là.

- En gros si on se met en couple maintenant, on va se faire du mal. C'est pas encore le bon moment.

- Tu sais quoi? Laisse tomber. Ça doit être encore un de tes trucs de surdoués. Je vais voir ta mère en haut.

- Attends! Tu oublies ton coussin!

Rayan lui répondit par des doigts d'honneur et grimpa à l'étage. Par prudence, il toqua à la porte.

- Entrez!

Il se faufila à l'intérieur et retrouva Raphaëlle assise à même le sol.

- Heyy, qu'est-ce qui se passe ma puce? Pourquoi tu pleures?

- J'aurais dû m'en rendre compte, dit-elle en feuilletant un vieil album.

Ce dernier regorgeait de souvenirs d'elle et de son amie. Elles avaient commencé à remplir cet album photos peu après l'accident de bus de Romann. Auriane disait que c'était la meilleure façon d'immortaliser leurs plus beaux moments. Ceux-ci incluaient aussi des photos avec leurs enfants, leurs conjoints et leurs familles.

- Te rendre compte de quoi ma chérie?

- Qu'elle n'allait pas bien. Jaurais dû me douter que derrière ses airs de femme épanouie elle cachait beaucoup de combats.

- Mais tu n'es pas devineresse Raphaëlle. Tu n'avais aucun moyen de savoir.

- Mais j'ai vu des signes parfois et j'ai décidé de les ignorer. Tiens par exemple les marques sur son bras. J'aurais dû deviner qu'elle se droguait. Mais j'ai zappé.

- Oui parce qu'elle t'avait demandé de ne pas t'en soucier.

- Oui mais J'aurais dû, tu vois? J'aurais dû trouver un moyen de la sauver d'elle même. Même si je devais le faire contre son gré... Tu imagines? Son mari était un serial infidèle, elle vivait avec les blessures que ses parents toxiques lui ont laissé en héritage et son père ce porc qui... Elle tenait debout uniquement parce qu'elle se droguait. Et plus le temps passait, plus elle se tournait vers des drogues plus dures. Et il a fallu que son idiot de mari lui assène le coup final en enceintant cette... pimbêche. Pourquoi vous les hommes vous êtes mauvais comme ça même? Pourquoi?

- Je t'en supplie Raphaëlle, calme-toi. Tu sais très bien que le stress n'est pas bon pour toi et pour les bébés.

Pour accompagner ses paroles, Rayan ferma l'album et la serra contre lui. Il caressa longuement ses cheveux et finit par un baiser qu'elle lui rendit.

- Toi et tes tresses finies à moitié là.

Cette remarque arracha un rire à Raphaëlle.

- Regarde-moi Raphaëlle... Je t'aime, hum? Et tu peux toujours compter sur moi, quoi qu'il arrive.

Front contre front, la doctoresse renifla ses dernières larmes.

TOC TOC TOC!

- Entrez!

En les voyant assis à même le sol, Lucette se sentit de trop.

- Ow euh... je peux repasser plus tard si vous voulez.

- Oh non petite-sœur, t'en fais pas. Aide-la à prendre son bain, tu veux? Moi je vais me préparer pour le boulot.

- Boulot? Tu peux pas rester à la maison juste pour aujourd'hui? S'il te plaît bébé...

- J'aimerais bien mon cœur mais en ce moment c'est pas possible. Je veux avoir un œil sur tout ce qui se passe et tu le sais.

- Hmmmm, ronchonna-t-elle d'un air triste.

- Oh allez mon gros bébé, promis, je rentrerai aussi tôt que possible. Allez fais-moi un bisou.

- Je vous rappelle que je suis là! Intervint Lucette, gênée.

Les deux tourtereaux s'embrassèrent pour une dernière fois avant que Rayan ne quitte la pièce.

Lucette se mit à genoux près de sa belle-sœur.

- Tu veux... tu veux qu'on attende un peu avant que tu prennes ton bain?

- Oui Lucette, s'il te plaît.

- D'accord... je vais préparer le bain et tout le reste en attendant.

- Non... non s'il te plaît, me laisse pas seule.

Peinée de voir Raphaëlle dans cet état, Lucette trouva quand-même la force de ne pas se laisser aller. Elle se rapprocha et la prit dans ses bras. Elle espérait que ses larmes tarissent au plus vite. Au cas contraire, elle allait finir elle aussi par fondre en larmes.

La Malédiction Des Jumeaux : Un Nouveau Chapitre De Dr Djenguè Où les histoires vivent. Découvrez maintenant